C’est officiel : Swiatek sera n°1, et c’est mérité !
Après la retraite soudaine d’Ashleigh Barty, Iga Swiatek n’avait besoin que d’une victoire à Miami pour lui succéder à la place de n°1 mondiale. Elle l’a décrochée brillamment face à Viktorija Golubic (6-2, 6-0).
On a guetté le moment où elle allait cogiter au moins un peu, car tout de même, ce n’est pas tous les jours qu’on joue un match pour devenir n°1 mondiale. Mais ce moment n’est jamais venu. Complètement “focus” sur sa mission et toujours lancée sur son rail de victoires, Iga Swiatek a déroulé une prestation quasiment parfaite pour battre la Suissesse Viktorija Golubi (6-2, 6-0), dans la nuit de vendredi à samedi, lors de son entrée en lice au Masters 1 000 de Miami.
C’est la 167eme victoire sur le circuit principal remportée ici par Iga Swiatek, et à défaut d’être l’une des plus belles, cela restera l’une des plus mémorables : elle permettra à la Polonaise, quoi qu’il lui arrive désormais dans le tournoi, de devenir, le 4 avril prochain, la 28e joueuse à occuper la place de n°1 mondiale au classement WTA.
Swiatek prendra donc la succession d’Ashleigh Barty, qui occupait ce trône depuis deux ans et demi (le 9 septembre 2019 pour être précis), avec une avance assez abyssale sur ses rivales mais qui a pris le monde du tennis à contre-pied en annonçant sa retraite subite, la semaine dernière. L’Australienne, sur ses acquis, aurait pu rester au sommet sans jouer quelques semaines de plus, mais elle a fait la demande d’être retirée du classement dès la prochaine publication, c’est-à-dire après le tournoi de Miami.
Pour Iga Swiatek, c’est une situation particulière et pour ainsi dire pas (si) facile à gérer. Après son succès à Indian Wells la semaine dernière, elle avait fait de cette place de n°1 l’un de ses objectifs majeurs de la saison. Elle ne s’attendait pas, et pour cause, à ce qu’elle lui tende aussi rapidement les bras.
“Quand Ash a annoncé sa retraite, j’étais au lit, ici à Miami, racontait-elle mercredi dernier lors du Media Day. Un membre de mon équipe est venu frapper à ma porte et m’a dit : “hey, éteins ton ordinateur.” Il m’a fait peur ! Et c’est là qu’il m’a annoncé que je pouvais devenir n°1. Je ne m’y attendais pas du tout ! Après, on s’est dit que ça ne servait à rien de ressasser tout ça et qu’il fallait rester concentré sur le tournoi.”
Plus facile à dire qu’à faire, évidemment, pour celle qui concède malgré tout y avoir pensé toute la nuit. Et pour ne rien rajouter, Paula Badosa, la seule joueuse qui pouvait mathématiquement l’empêcher de décrocher le Graal (à condition de remporter le tournoi), lui avait mis un petit coup de pression en s’imposant juste avant elle face à la Tchèque Bouzkova.
Mais Swiatek a parfaitement géré l’événement et c’est là qu’on voit qu’elle était prête, sportivement et psychologiquement, à devenir la nouvelle patronne du tennis féminin. Un accessit fêté sobrement sur le court par la réception d’un bouquet de fleurs apporté en mains propres par James Blake, le directeur du tournoi, et Lindsay Davenport, une autre ancienne n°1 mondiale. On aurait aimé entendre à chaud la réaction de la Polonaise, mais l’intervieweur de terrain a trouvé le moyen de préférer l’interroger sur son match plutôt que sur le reste.
Ce n’est que partie remise, car Iga Swiatek n’a probablement pas fini d’en parler durant ces prochains jours et mêmes ces prochaines semaines. Pour raconter son bonheur mais peut-être, aussi, devoir se justifier. Et faire taire les voix perfides qui ne manqueront sans doute pas de venir lui faire remarquer qu’elle est devenue n°1 par défaut.
Ce serait un procès injuste pour celle dont il y a tout lieu de penser qu’elle serait un jour ou l’autre parvenue au sommet, avec ou sans Barty. Sans avoir la maestria technique de l’Australienne, qui restait l’incontestable patronne du tennis féminin, elle avait pour elle, depuis quelques mois, une montée en puissance laissant à penser que son heure allait arriver.
Il y avait une part de tristesse car Barty a toujours été une référence pour moi
Iga Swiatek
Swiatek a d’ailleurs raconté qu’elle était la première malheureuse de voir sa rivale quitter la scène, au-delà évidemment des conséquences positives que son départ allait pourtant avoir sur sa propre carrière.
“Vous me connaissez, je pleure facilement donc là encore, j’ai pleuré, a-t-elle ainsi confessé. C’était confus dans mon esprit. Il y avait une part de tristesse car Barty a toujours été une référence pour moi en termes de physique, de mentalité, d’intelligence tennistique. Ça aurait été vraiment sympa d’être sa rivale ces prochaines années. D’ailleurs, durant la pré-saison, j’ai passé deux semaines à m’entraîner au slice et à renvoyer des slices. Je ne dirais pas que c’était une perte de temps, mais…”
Mais c’est ainsi. En lui laissant la place vacante, Ash Barty lui a certes donné un petit coup de pouce, mais ne lui a pas fait vraiment fait un cadeau. Swiatek va maintenant devoir faire sa place et c’est exactement ce qu’elle est en train de faire depuis un mois, elle qui reste, rappelons-le, sur 11 succès consécutifs et deux titres coups sur coup en WTA 100 (Doha et Indian Wells).
Un palier supplémentaire pour celle qui s’était révélée en triomphant à Roland-Garros en 2020, à l’âge de 19 ans. Si elle parfois eu quelques difficultés par la suite, prise à défaut de son émotivité à fleur de peau, Iga Swiatek a néanmoins largement confirmé : la preuve, depuis son sacre parisien, elle n’a pas manqué une seule fois la deuxième semaine en Grand Chelem, atteignant le dernier carré à l’Open d’Australie en début de saison. Pas une autre joueuse ne peut se prévaloir d’une telle constance.
En route pour un rare Sunshine doublé ?
Et puisque l’on parle de performance rare, Iga Swiatek, qui affrontera Madison Brengle, va maintenant s’affronter à un autre exploit pas banal : devenir la quatrième joueuse à réussir le “Sunshine doublé” (remporter Indian Wells et Miami coup sur coup), après Steffi Graf qui l’a fait deux fois (1994-96), Kim Clijsters (2005) et Victoria Azarenka (2012).
Ce serait, assurément, la plus belle manière d’être adoubée définitivement à la place de n°1, place qu’elle est par ailleurs la première Polonaise à occuper et la plus jeune joueuse (20 ans et 9 mois) depuis Caroline Wozniacki en 2010. La Danoise qui, pour l’anecdote, avait elle aussi des racines polonaises. Ce serait aussi une manière de s’installer sans doute durablement sur le trône. Le règne d’Iga Swiatek ne fait peut-être que commencer…