Swiatek prive Sabalenka d’un triplé à Madrid après une finale exceptionnelle par son niveau et son indécision
Iga Swiatek a eu besoin de 3h11 pour dominer Aryna Sabakenka en finale du WTA 1000 de Madrid (7-5, 4-6, 7-6[7]) qu’elle remporte pour la première fois.
Les scènes qui ont marqué la victoire d’Iga Swiatek au moment de sa victoire au tournoi de Madrid étaient dignes, samedi, d’une finale de Grand chelem. Swiatek s’est effondrée de tout son long comme pour plonger dans la terre de longues secondes. Elle a serré la main d’Aryna Sabalenka sans s’apesantir puis couru dans son box pour faire le plein d’émotions pour la vie.
Pendant ce temps la Caja Magica savait depuis longtemps qu’elle accompagnerait tout ceci d’une standing ovation. Si la numéro un mondiale remporte son quatrième Roland-Garros en juin, on ne voit pas comment elle pourrait ressentir des vibrations très différentes. Car la finale du WTA 1000 de Madrid sera probablement le match de l’année dans le tennis féminin. “C’est la plus folle que j’ai jouée de ma carrière”, a reconnu la Polonaise.
Swiatek a privé Sabalenka d’un triplé dans la capitale espagnole au bout d’un combat de 3h11 et en sauvant trois balles de match (7-5, 4-6, 7-6[7]). La sentence, après plus de 200 points classables, pour la plupart, dans la catégorie de la grande baston, a rendu Sabalenka furieuse au point de fracasser sa raquette avant la poignée de main. Ce fut une course incessante au K.-O. Quand l’une des deux joueuses ne mettait pas l’autre à trois mètre de la balle, c’est que celle-ci était faute par excès d’audace.
Ce match, dans tout autre sport, aurait été un match nul. A deux reprises, au bout de plus de trois heures de jeu, les deux championnes étaient simultanément à deux points de la victoire, à 5-5 puis 6-6 dans le jeu décisif. C’est un revers plein d’engagement de Sabalenka out de peut-être 5 centimètres qui fait basculer le sort de la rencontre, sur la deuxième balle de match de Swiatek.
Swiatek redevient la patronne
La magie et la cruauté du tennis se sont manifestés dans leur pleine expression dans cette finale commencée en plein jour et achevée au cœur de la nuit. Elle n’a eu qu’un seul défaut : s’être jouée devant des tribunes seulement remplies à 70%, ce qui doit constituer un signal d’alarme pour la WTA quand elle présente les deux meilleures joueuses du monde dans cet écrin.
Avec cette première victoire à Madrid Swiatek conforte sa position de patronne du WTA Tour, même si elle n’a pas remporté la première levée du Grand Chelem en Australie. Elle a raflé trois des cinq WTA 1000 disputés pour l’instant cette saison (Doha, Indian Wells, Madrid) et annule les légers doutes qu’avaient pu susciter ses défaites à Miami contre Aleksandrova et à Stuttgart contre Rybakina.
Elle bonifie son palmarès (“sa fiche Wikipédia”, a-t-elle souri en conférence de presse), avec le dernier grand titre sur terre qui lui manquait après Roland-Garros, Rome et Stuttgart. Elle confirme son exceptionnel sens des grands rendez-vous. Avec 7 finales consécutives gagnées sur le Tour, Swiatek égale… son propre record, avant et après la finale de 2023, au même tournoi de Madrid, contre la même Sabalenka.
La métaphore du bras de fer reste la plus adaptée pour décrire le court de la finale de samedi. Un bras de fer d’autant plus intense et difficile à lire que les joueuses se sont procurées 25 balles de break cumulées dont dix converties, soit cinq chacune. Aucune des deux joueuses n’a eu plus de deux jeux d’avance dans chacun des sets, dont l’issue fut incertaine jusqu’au bout.
Un scénariste taquin n’aurait probablement pas proposé mieux que ce déroulé. A la fin de chaque set, Swiatek s’est retrouvée menée 5-4, service à suivre pour rester dans la course. Au premier, elle a conservé son engagement avec tellement d’autorité qu’elle a enchaîné trois jeux pour remporter la manche (7-5). Au second, Sabalenka lui a sauté au cou pour breaker et égaliser à une manche partout (4-6).
Sabalenka sans regret
Au troisième, elle a conservé son engagement facilement mais elle a surtout tremblé au suivant, à 6-5 Sabalenka, qui s’est procurée alors deux de ses trois balles de match. La première gâchée d’un coup droit dehors au deuxième coup. La deuxième sauvée par un service coup droit gagnant parfait de Swiatek.
Le vrai tournant du match est probablement intervenu à 3-1 Sabalenka au troisième, quand la Biélorusse n’a pas su tenir son break d’avance tandis que Swiatek réussissait un de ses meilleurs jeux de retour du match.
Sabalenka n’a pas exprimé de vrai regret après la rencontre, savourant plutôt sa capacité à jouer à ce niveau sur terre battue et à rivaliser avec la double tenante du titre à Paris sur son terrain de jeu favori. Même si elle avait alors plutôt la tête à son 26e anniversaire (dimanche), puis les pâtes et les pizza qu’elle va s’autoriser à Rome, c’est le moment de se rappeler que nous étions passés à un point d’une finale de Roland-Garros Sabalenka – Swiatek en 2023. L’état de grâce de Karolina Muchova en avait décidé autrement. Pour 2024, après un spectacle pareil, c’est quasiment un souhait.