Patrick Mouratoglou, nouveau coach à plein temps de Simona Halep : “Coacher me manquait, et elle a faim de victoires”
Patrick Mouratoglou, entraîneur de Serena Williams depuis dix ans, a accepté la proposition de Simona Halep de devenir son coach à plein temps après avoir consulté la joueuse américaine. La Roumaine, 20e mondiale aujourd’hui, a commencé les séances à la Mouratoglou Academy cette semaine.
« Vous me connaissez comme le coach de Serena Williams. Aujourd’hui je commence un nouveau chapitre de ma carrière d’entraîneur : je suis le coach à plein temps de Simona Halep. » Patrick Mouratoglou a écrit ces mots dans une newsletter envoyée à ses abonnés, jeudi à la mi-journée, pour officialiser son retour sur le circuit WTA aux côtés d’une joueuse de premier plan.
Mentor de plusieurs joueuses et joueurs de niveau international comme Stefanos Tsitsipas ou Coco Gauff, qu’il supervise notamment pendant les tournois du Grand Chelem, Mouratoglou n’a plus exercé son métier de coach à plein temps depuis Wimbledon 2021, au cours duquel Serena Williams s’était blessée, au point de devoir renoncer à l’US Open.
Ces huit mois ont été longs pour Mouratoglou. L’entraineur français de 51 ans, « a réalisé que le coaching lui manquait, peut-être plus (qu’il) l’avait (lui)-même imaginé », a-t-il dit à Tennis Majors, dont il est un des co-fondateurs. Aussi a-t-il accepté la demande de suivi formulée par Simona Halep, 30 ans et désormais 20e mondiale. C’est son ancien entraîneur, Darren Cahill, qui a organisé la prise de contact.
Comment Mouratoglou a consulté Serena
La relation Mouratoglou – Halep s’est jouée en deux temps. L’ex-numéro un mondiale a d’abord découvert la Mouratoglou Academy, première académie d’Europe, située entre Nice et Cannes, avant de s’envoler pour Indian Wells. Sur les courts, le coach et la joueuse ont alors fait connaissance mais ont écarté l’idée d’une collaboration, malgré le « prêt » d’un sparring-partner, Arnaud Restifo, et d’un entraîneur de l’Academy, Morgan Bourbon, vu dans le passé aux côtés de Benoît Paire.
Pendant que Halep se hissait jusqu’en demi-finale, Mouratoglou s’envolait vers la maison de Serena Williams afin de sonder la joueuse américaine, aujourd’hui 246e à la WTA, et de lui exprimer son envie de redevenir entraîneur sur le Tour, si toutefois elle-même, désormais âgée de 40 ans, continuait de reporter son retour sur les terrains. « La porte s’est ouverte, au moins à court terme, pour entamer une autre collaboration », commente Mouratoglou, qui a aidé Serena à remporter dix de ses vingt-trois titres.
Après Miami, tournoi auquel Simona Halep n’a pas participé en raison de soucis physiques, la collaboration a pu commencer sur la terre battue de l’académie, avec Roland-Garros en ligne de mire.
Mouratoglou : “Je ne fixe aucune limite à l’ambition de Simona”
« L’idée est de faire tout ce qu’il est possible de faire pour qu’elle soit la meilleure possible et que, le jour où elle arrêtera sa carrière, elle puisse se dire ‘j’ai fait le maximum de ce que je pouvais’ », a indiqué Patrick Mouratoglou dans un entretien à Tennis Majors, qui sera diffusé sur notre site anglais en fin de journée.
« Elle a déjà accompli de grandes choses. Elle a gagné des tournois du Grand Chelem (Roland-Garros 2018 et Wimbledon 2019, ndlr). Elle a été numéro un mondiale (octobre 2017 pour la première fois, janvier 2019 pour la dernière). C’est une championne. Mais je pense aussi qu’il lui reste une grande marge de progression, dans de nombreux domaines, et surtout, je constate qu’elle a faim de victoires. La base de travail est fantastique pour l’amener à réaliser à nouveau au moins autant de grandes choses qu’auparavant. »
Elle possède cette rare qualité de tout donner de la première à la dernière balle à l’entraînement.
Patrick Mouratoglou sur Simona Halep
« Je ne fixe aucune limite à cette ambition, poursuit Mouratoglou. Parfois, on se fixe des objectifs et on réalise qu’on peut aller très au-delà. Quand je travaille avec une joueuse et un joueur, je m’attarde sur tous les détails, dont j’estime qu’ils peuvent être améliorés, qu’il s’agisse de technique, de physique, de nutrition… Je pense qu’elle peut s’améliorer partout et elle est aussi dans cet état d’esprit. Sa conscience professionnelle est incroyable. Elle possède cette rare qualité de tout donner de la première à la dernière balle à l’entraînement.»
Mouratoglou reconnait qu’il ne connaissait pas spécialement Simona Halep en dehors des douze face à face entre Serena Williams et la joueuse roumaine dans le passé. « Serena a gagné la plupart du temps (10-2, ndlr), mais on sait tous que Simona a gagné l’un des matches les plus importants en finale en Wimbledon 2019 en pratiquant un tennis incroyable, et je savais, à tous les matchs, que si Serena baissait son niveau de concentration, Simona lui passerait forcément au-dessus. »
Halep sort d’une saison 2021 difficile
Mais il raconte aussi que la glace a rapidement été brisée. « Ça n’a pas pris plus de deux heures, la durée de notre première discussion. Ça peut parfois être beaucoup plus long, mais dans notre cas, cela a été instantané. Elle est à la fois très intelligente et très sensible. Je pense qu’elle choisit réellement les gens auprès desquels elle s’ouvre. Elle a été très généreuse avec moi. Ce qui, en un sens, me facilite la tache. »
Simona Halep a connu une année 2021 difficile, avec notamment une déchirure au mollet gauche qui l’a tenue éloignée des courts pendant trois mois et l’a conduite à renoncer à Roland-Garros, à Wimbledon et aux Jeux Olympiques, elle qui est très populaire en Roumanie. Redescendue à la 27e place mondiale (il y a deux mois), elle a disputé 22 matches cette saison pour un trophée au Melbourne Summer Set 1, un quart de finale à l’Open d’Australie (défaite contre Alizé Cornet) et une demi-finale à Indian Wells (battue par Iga Swiatek), après avoir dominé Ons Jabeur, la seule autre Top 10 qu’elle a rencontrée.
« Je pense que c’est un début de saison très correct, commente Mouratoglou. A Doha (demi-finale contre Ostapenko, ndlr) et Dubai (premier tour contre Garcia, ndlr), elle n’a pas été très performante. A mon sens, c’est parce qu’elle se posait encore beaucoup de questions sur son avenir, ce qui a affecté son jeu. Je pense qu’elle a fait un remarquable effort à Indian Wells en atteignant les demi-finales tout en étant blessée. C’est très encourageant, mais elle peut faire beaucoup mieux. »
Mouratoglou et Halep voyageront pour la première fois ensemble pour le WTA 1000 de Madrid (28 avril – 7 mai) pour donner corps à leur ambition commune.