Ons Jabeur en 2021 : A jamais la première
Ons Jabeur a été précurseur toute l’année. En plus de remporter son premier titre sur le circuit WTA, la Tunisienne est devenue la première femme arabe à entrer dans le Top 10. Un succès qu’elle a construit ces deux dernières années.
L’année des premières. Ons Jabeur a écrit sa propre histoire en 2021, et celle de tout le circuit WTA. Premier sacre, première femme arabe, homme ou femme, à remporter en titre sur le circuit, première à entrer dans le Top 10. Une année historique. Fin 2019, Jabeur était classée au 77e rang mondial. Un titre et deux quarts de finale de Grand Chelem plus tard, elle a atteint la dixième place. Et à 27 ans, elle peut encore aller plus haut.
- Classement fin 2020 : 31
- Classement fin 2021 : 10
- Bilan de l’année : 48 victoires, 19 défaites
- Titres : 1
Meilleure performance : son titre à Birmingham
La troisième fut la bonne pour Ons Jabeur. Après après échoué deux fois en finale sur le circuit WTA (Moscou 2018, et en avril dernier à Charleston), la Tunisienne a remporté le premier titre de sa carrière à Birmingham, en juin. Après avoir battu Daria Kasatkina (7-5, 6-4), 35e mondiale, Jabeur est devenue la première femme du monde arabe à remporter un titre sur le circuit.
La Tunisienne a empoché la première manche en breakant trois fois. Plus relâchée ensuite, elle a glané les quatre premiers jeux du set suivant, et a géré son avantage jusqu’à la fin. Jabeur était alors 24e mondiale. Son meilleur classement. Mais sa saison n’était pas terminée.
Le meilleur résultat de Jabeur en Grand Chelem : un quart de finale à Wimbledon
Jabeur ne tutoie pas encore les sommets en Grand Chelem, mais elle a passé un cap depuis deux ans. Après avoir atteint son premier quart de finale à l’Open d’Australie, en 2020, elle a réitéré cette performance à Wimbledon, cette année. Elle est arrivée lancée, deux semaines après son premier titre à Birmingham. Jabeur a éliminé coup sur coup Venus Williams, Garbiñe Muguruza, et surtout Iga Swiatek, en huitièmes de finale. Et cela malgré un premier set perdu face à la Polonaise (5-7, 6-1, 6-1), 9e mondiale.
Jabeur a impressionné par son jeu, et son utilisation du slice et du revers, comme adore le faire Roger Federer. “Il m’a félicité par rapport aux progrès de mon jeu, a-t-elle lancé lors de la quinzaine à Wimbledon. Quand j’ai reçu son message sur mon téléphone, je me suis dis ”Ça y est, ma carrière est réussie !”.” Jabeur utilise aussi fréquemment les amorties. Sa précision s’est améliorée, sa gestuelle, plus relâchée, aussi.
En quart de finale, la Tunisienne n’a cependant pas résisté à la puissance d’Aryna Sabalenka (6-4, 6-3). En 1h14 de jeu, elle n’a jamais réussi à mettre son jeu en place. « Sabalenka a joué le match de sa vie, a-t-elle reconnu. Elle mérite sa victoire. Pour ma part, je suis très positive pour l’avenir. » Son avenir s’écrira quatre mois plus tard, à Indian Wells.
Le meilleur moment de la saison de Jabeur : première femme arabe en entrer dans le Top 10
Le sommet de son année. Et cela sans décrocher de titre, ni performer en Grand Chelem.
L’histoire s’est écrite au Masters 1000 d’Indian Wells, en octobre. En battant en quart de finale Anett Kontaveit (7-5, 6-3), Jabeur est devenue, à 27 ans, la première femme arabe à entrer dans le Top 10 mondial. Après sa défaite en demi-finale, contre Paula Badosa (6-3, 6-3), la Tunisienne est classée n°7.
« C’est un rêve qui devient réalité, ce n’est que le début »
Ons Jabeur
« C’est un rêve qui devient réalité, a-t-elle expliqué. Ce n’est que le début. Je mérite d’être à cette place. Mais je veux prouver que je mérite de faire partie du Top 10. Il y a encore beaucoup de choses que je dois améliorer. Je suis très heureuse. Il y a beaucoup d’émotion… »
Le « pire » moment de sa saison : elle manque de peu le Masters de fin d’année
Jabeur a manqué d’un rien le Masters de fin d’année. Après avoir été son bourreau en quart de finale d’Indian Wells, Jabeur s’est fait doubler en toute fin d’année par Kontaveit. L’Estonienne, sacrée deux fois en deux semaines au mois d’octobre (Moscou et Cluj), a dépassé au dernier moment la Tunisienne à la Race. Elle s’est octroyée la dernière place qualificative pour le Masters mexicain. « Je ne sais pas quoi dire, je pensais vraiment qu’Ons allait au Masters, a expliqué Kontaveit après sa qualification. J’aurais été très heureuse pour elle car méritait d’être qualifiée. C’est une fille merveilleuse. J’ai perdu plusieurs fois contre elle. » L’Estonienne a ensuite atteint la finale, perdue contre Muguruza.
D’abord remplaçante, Jabeur a ensuite déclaré forfait pour une blessure au coude. « J’ai besoin de davantage de temps pour me rétablir », a-t-elle souligné.
Hors-court : elle souhaite « donner l’exemple »
Après son premier titre à Birmingham, elle décrivait déjà vouloir « inspirer d’autres joueuses arabes et tunisiennes. » Elle a réussi. Jabeur restera comme la première femme d’origine maghrébine à avoir atteint le Top 10.
« J’avais besoin de gagner le respect des autres. C’était encore plus difficile pour moi »
Ons Jabeur
« C’est très important pour moi, a-t-elle expliqué, après sa qualification en quart de finale de Wimbledon. J’ai souvent vu ou lu des choses sur mon origine. J’avais besoin de gagner le respect des autres. C’était encore plus difficile pour moi que pour les autres. J’ai travaillé dur pour gagner ce respect. Je veux juste donner l’exemple à de nombreuses générations du Maghreb, de mon pays et d’Afrique, et montrer que ce n’est pas impossible, que nous pouvons le faire. J’essaie de porter ce message depuis très longtemps. Quand quelqu’un me dit que je l’inspire, ça me motive encore plus à m’entraîner, et à donner l’exemple. »
Jabeur par Jabeur : « Je suis très fière »
Après avoir déclaré forfait pour le Masters de fin d’année, Jabeur est revenue sur sa fin de saison sur les réseaux sociaux, en français :
« Je suis très fière. Très fière d’avoir atteint le meilleur classement de ma carrière, la septième place. Merci beaucoup à tous pour votre soutien ! »
Quelques semaines plus tôt, elle déclarait être « très fière de la personne » qu’elle est devenue. « Je ne dis pas que ma carrière est plus compliquée que les autres, mais j’ai dû réaliser mon rêve sans aucune aide extérieure, a-t-elle poursuivi. Cela m’a donné le courage de continuer et d’atteindre mes objectifs. Aujourd’hui, je fais partie des dix meilleures joueuses au monde. »
L’avis de Tennis Majors
Ons Jabeur mérite, au vu de son parcours depuis deux ans, d’atteindre le Top 10 mondial. Elle n’avait pourtant fait son entrée dans le top 100 qu’en 2017. Ce statut peut aussi devenir un poids. Car pour lui rendre justice, la Tunisienne doit désormais faire mieux en Grand Chelem. La n°10 mondiale n’a atteint « que » deux fois les quarts de finale d’un majeur. A 27 ans, elle peut encore briller en 2022.