“On est en train de condamner une innocente” – le professeur Alvarez, qui a analysé les cheveux de Simona Halep
Interrogé par L’Équipe, l’expert qui a analysé un échantillon de cheveux de Simona Halep a clamé l’innocence de cette dernière, suspendue pour infractions au règlement anti-dopage.
« Mon combat continue. » Par ces mots, Simon Halep, condamnée ce mardi à quatre ans de suspension pour test positif au roxadustat et irrégularités dans son passeport biologique, a annoncé sa détermination à prouver son innocence. En faisant notamment appel de la décision devant le Tribunal arbitral du sport.
Lancée, depuis sa suspension provisoire en octobre 2022, dans une lutte pour laver son honneur, l’ancienne numéro mondiale a pu compter sur un allié de poids. Dans les colonnes de L’Équipe, le professeur Jean-Claude Alvarez – directeur du laboratoire de toxicologie du CHU de Garches et expert judiciaire à la cour de cassation –, contacté par la Roumaine pour analysé ses cheveux, a clamé l’innocence de cette dernière.
On croît rêver. On fait une erreur.
Jean-Claude Alavrez
“On croit rêver”, a-t-il déclaré au quotidien sportif. “Là, on est en train de condamner une innocente. On fait erreur. Vu la concentration qu’elle a dans les cheveux, ce n’est pas possible qu’elle prenne du roxadustat de manière efficace.”
“Elle (Simona Halep) est venue au laboratoire, je lui ai fait un prélèvement de cheveux”, a-t-il expliqué. “Elle avait un taux très bas, moins de 0,5 picogramme par milligramme dans ses cheveux. Je suis donc allé prélever la seule patiente qui a un traitement (roxadustat, trois fois par semaine pour de l’insuffisance rénale) avec cette molécule en France et j’ai testé l’un de ses cheveux : elle a des concentrations de 50 picogrammes par milligramme.”
Du collagène (en poudre, pour soigner des douleurs) comme source du roxadustat d’après Jean-Claude Alavrez
“Le taux de roxadustat est à 0,2 nanogramme par millilitre (dans les urines) pour Simona Halep”, a-t-il ajouté “Ça ne veut plus rien dire. Vous les avez peut-être si vous prenez des compléments alimentaires. C’est du grand n’importe quoi.”
Au cours de l’entretien, Jean-Claude Alvarez a affirmé que la source du roxadustat trouvé dans les analyses de Simona Halep était son collagène – “fabriqué en Chine où le roxadustat est hyper courant” – pris en poudre mélangée à de l’eau. Un traitement permettant notamment de soigner les douleurs tendineuses, ligamentaires, articulaires.
C’est en sachant qu’elle avait pris du roxadustat dans ses analyses que les experts ont changé leur interprétation (du passeport biologique).
Jean-Claude Alvarez
S’il a réfuté le dopage au roxadustat, le professeur Alavarez a également balayé les accusations pour irrégularités dans le passeport biologique de la joueuses. “Six mois après, ils disent que son échantillon du mois de septembre est ‘lighlty doping’ (légèrement positif), alors que ce n’était pas le cas six mois avant. C’est en sachant qu’elle avait pris du roxadustat dans ses analyses que les experts ont changé leur interprétation. Je n’arrive pas à comprendre.”
Quelle que soit l’issue de la procédure et de l’appel devant le TAS, l’affaire devrait durer encore plusieurs mois. Et, à 32 ans dans deux semaines, alors que les aiguilles de l’horloge commencent à tricoter le linceul de sa carrière, Simona Halep n’a plus vraiment le temps pour un combat en 12 rounds.