“Je suis épuisée par l’anxiété, les crises de panique, les larmes avant les matchs” – Caroline Garcia met un terme à sa saison
Dans un long message publié via X, Caroline Garcia a déballé, à cœur ouvert, toute la souffrance dont le tennis a été source pour elle ces derniers mois.
Caroline Garcia, Roland-Garros 2023 (Chryslène Caillaud / Panoramic)
Elle a décidé de s’arrêter. Caroline Garcia n’arrivait plus à avancer. Parce qu’elle était sur les rotules, comme elle l’a expliqué ce vendredi via son compte X. Alors qu’elle semblait quelque peu au bout du rouleau sur le court ces derniers mois, elle a confirmé que ce n’était pas seulement une impression, en choisissant de mettre un terme à son année tennistique. Pour son bien.
“Guadalajara a marqué la fin de ma saison 2024”, a écrit dans un long message explicatif celle qui a joué son dernier au Mexique le 15 septembre. “Ce n’était pas une décision facile, car dans le tennis, chaque semaine de repos donne l’impression que tu prends du retard — tu perds des points au classement et tu ‘manques’ des opportunités. Mais je sais que c’est la bonne décision pour revenir plus forte en 2025 et me battre à nouveau pour des grands moments.”
“Physiquement, j’ai poussé mon épaule à sa limite, essayant de récupérer tout en continuant à jouer, et ça ne fonctionne tout simplement pas”, a-t-elle ajouté. “J’ai besoin de plus de temps pour guérir. Mentalement, j’ai besoin de faire une pause. J’ai besoin de m’éloigner de la routine constante du tennis, de prendre de vraies vacances, de me reconnecter avec ma famille et mes proches, et de me permettre de respirer sans la pression de la performance.”
Cette année, mon état d’esprit était toxique.
Caroline Garcia
En 2024, la Tricolore de 30 ans a affiché un bilan de 17 victoires pour 17 défaites en simple sur le circuit principal. Actuellement 38e mondiale, elle n’a plus gagné deux matchs dans un même tournoi depuis le WTA 250 de Rouen, en avril, où elle avait disputé les demi-finales.
“Cette année, mon état d’esprit était toxique”, a-t-elle confié. “J’ai perdu le plaisir d’être une joueuse de tennis et je suis devenue obstinée par le classement et les victoires. Mes résultats n’ont pas été à la hauteur des objectifs que je m’étais fixés ou des attentes que j’avais. Le travail, les sacrifices, la douleur — tout semblait identique à avant, mais les résultats n’étaient pas là, et je n’ai pas pu jouer au niveau dont je sais être capable.”
Un constat, dur à encaisser, deux ans après avoir remporté le Masters, soit le titre le plus important de sa carrière et avoir disputé sa première demi-finale en Grand Chelem, à l’US Open contre Ons Jabeur, pour retrouver une 4e place mondiale – son apogée – déjà atteinte en septembre 2018.
Garcia, davantage bloquée par ses échecs que boostée par ses réussites
“J’ai eu une carrière incroyable — gagner des WTA 1000, les WTA Finals, des titres du Grand Chelem en double, atteindre la 4ème place mondiale”, a-t-elle rappelé. “Mais dans mon esprit, je reste bloquée sur ce que je n’ai pas accompli. Je n’ai jamais atteint la place de numéro 1, jamais gagné un Grand Chelem (en simple), jamais atteint un podium olympique. J’ai été irrégulière, incapable de rester dans le top 10 pendant une année complète.”
“Est-ce que je crois encore pouvoir réaliser ces choses ? Certains jours, oui. D’autres jours, je n’en suis pas si sûre”, a-t-elle continué. Au point de ne plus pouvoir gérer ses émotions. Et pas seulement pendant les rencontres.
“Je suis épuisée par l’anxiété, les crises de panique, les larmes avant les matchs”, a-t-elle révélé. Fatiguée de manquer des moments en famille et de ne jamais avoir un endroit que je peux vraiment appeler chez moi. Je suis fatiguée de vivre dans un monde où ma valeur est mesurée par les résultats de la semaine dernière, mon classement, ou mes fautes directes. Trop longtemps, j’ai laissé le tennis me consumer, subissant les hauts et les bas émotionnels de chaque résultat. (…) Gagner ne procure plus de satisfaction ; cela apporte juste le soulagement que c’est fini.”
Malgré tout cela, j’aime le tennis.
Caroline Garcia
Des mots qui rimeraient presque avec des adieux au tennis professionnel. Mais non. La surnommée “Caro”, qui s’est séparée de Bertrand Perret, son coach, en septembre après l’avoir réengagé en avril 2023, n’a prononcé qu’un au revoir. La volonté de continuer à travailler pour se donner les moyens de vivre de nouveaux moments mémorables sur le court n’a pas coulé avec ses pleurs.
“Pourtant, malgré tout cela, j’aime le tennis”, a-t-elle rassuré. “Il m’a tant apporté — des leçons, des expériences, des personnes incroyables (comme mon fiancé), et des émotions inoubliables. Le tennis a fait de moi qui je suis. Alors, je choisis de m’éloigner pour le moment. Je prends quelques semaines de repos pour recharger les batteries, puis je commencerai à me préparer pour 2025 — me préparant physiquement, mentalement et tactiquement. (…) Merci à tous pour votre soutien. On se voit en Australie.”
Certes, Caroline Garcia a mis un genou à terre. Mais à une époque où les carrières s’étendent régulièrement jusqu’à 35 ans et au-delà, elle a encore le temps de s’appuyer dessus pour se donner un nouvel élan. En lui souhaitant de trouver les ressources pour se propulser au point de s’envoler à nouveau et remplumer le #FlyWithCaro.
