Interview exclusive – Kontaveit et son choix d’arrêter : “Je suis surprise de voir à quel point cela a été difficile”
Dans une interview exclusive à Wimbledon, l’Estonienne explique comment elle a accepté de prendre sa retraite, se dit fière de sa carrière et évoque ses projets pour l’avenir.
Pour la plupart des joueurs et joueuses, lorsque Wimbledon se termine, une autre opportunité se présente, un autre tournoi dans une autre ville, une chance de gagner des points au classement et de l’argent. Pour Anett Kontaveit, c’est la fin.
À l’âge de 27 ans, l’Estonienne tire sa révérence au tennis professionnel. Non pas parce qu’elle le souhaite, mais parce qu’elle y est obligée. Une dégénérescence discale lombaire lui cause des douleurs au dos chaque fois qu’elle joue et, tout simplement, elle est incapable de s’entraîner à un niveau qui lui permettrait de continuer à jouer professionnellement.
Look at the love for Anett Kontaveit.
— The Tennis Letter (@TheTennisLetter) July 5, 2023
People showed up with ‘We 💙 Anett’ shirts.
She played to a packed crowd on Court 6.
Stefanini gave her some nice words at the net.
She looks so happy.
Enjoying every moment she has left, & so are we. 🥹
pic.twitter.com/l0u1g4gIBE
Mercredi, à Wimbledon, elle a prolongé sa carrière d’au moins un jour supplémentaire en battant Lucrezia Stefanini au premier tour. Jeudi, elle affrontera Marie Bouzkova au deuxième tour, espérant ainsi repousser sa retraite d’un jour ou deux.
“Cela a été les montagnes russes”
Deux ans après avoir terminé l’année à la deuxième place mondiale, Kontaveit a eu du mal à accepter sa décision. Sa conférence de presse était pleine à craquer et elle a été suivie par les caméras de Netflix pour ses derniers jours sur le circuit. En tant qu’une des joueuses les plus populaires sur le circuit, l’attention est bien méritée, mais comme elle l’a expliqué lors d’une interview dans l’une des petites salles d’interview ici à Wimbledon, cela a été loin d’être facile.
“J’ai toujours pensé que le jour venu, tout irait bien. Mais en fait, cela a été plutôt difficile. Je suis surprise de voir à quel point cela a été difficile. L’annonce de la retraite et tout le reste étaient très stressants et je devenais très négative. Cela a été difficile. C’est un peu comme des montagnes russes, je pense”.
D’une certaine manière, prendre sa retraite à cause d’une blessure peut sembler plus facile que d’arrêter pour n’importe quelle autre raison. Roger Federer a notamment évoqué le fait qu’il acceptait de ne pas rejouer parce que son genou n’était pas en état de lui permettre de le faire. Kontaveit a pris des analgésiques avant son match du premier tour, mais comme le savent tous ceux qui ont joué dans la douleur, c’est misérable.
“Je pense que mettre fin à ma carrière serait de toute façon difficile, parce que c’est ce que j’ai fait toute ma vie et que c’est quelque chose qui me tient tellement à cœur et auquel j’ai consacré toute mon attention. Je veux dire que cela arrive plus tôt que je ne le pensais. C’est une décision difficile à prendre, mais c’est celle que je devais prendre. Je pense qu’une fois que j’ai décidé quelque chose, je suis assez ferme. Et il y a aussi la vie après le tennis, bien sûr. J’essaie donc de ne pas m’attarder sur les aspects tristes et négatifs de la situation” a expliqué la principale intéressée.
Fière de sa régularité, qui a atteint son pic en 2021
Kontaveit n’a atteint qu’un seul quart de finale en Grand Chelem, à l’Open d’Australie en 2020, mais a atteint deux fois les huitièmes de finale à l’US Open. Sur le circuit WTA, en revanche, elle a connu beaucoup plus de succès. Elle a remporté six titres au total, dont le premier à ‘s-Hertogensbosch en 2017, et a été classée dans le top 30 de 2018 à début 2023.
Ses meilleurs moments sont survenus en 2021, lorsqu’elle a remporté quatre tournois, atteint le deuxième rang mondial, s’est qualifiée pour les WTA Finals où elle a atteint la finale. Elle a ajouté un sixième titre à son palmarès à Saint-Pétersbourg l’année suivante et a terminé l’année 2022 toujours dans le top 20.
“Je pense que je suis très fière d’être restée régulièrement dans le top 20, 30 et bien sûr d’avoir eu cette année énorme où j’ai atteint beaucoup des objectifs que j’avais pour ma carrière. Je pense qu’il s’agit simplement de produire un niveau constant de bon tennis” s’est félicitée l’Estonienne.
Quelle est la prochaine étape ? Retourner au tennis en tant que psychologue ?
La transition vers la vie après le sport n’est pas facile. De nombreux sportifs ont eu du mal à s’adapter. Ses amis du circuit, dont Ons Jabeur et Daria Kasatkina, pensent qu’elle s’en sortira et Kontaveit a déjà l’intention de poursuivre ses études de psychologie.
“C’est quelque chose que j’aborderai un peu plus tard. C’est un peu le plan pour l’instant. Mais nous verrons ce qui se passera parce qu’il me faudra beaucoup d’années pour terminer mes études”.
Une transition vers le tennis ? “Je pense qu’il serait bon de profiter du fait que j’ai beaucoup d’expérience dans le sport et que la psychologie est quelque chose de fascinant pour moi. J’ai travaillé avec différents psychologues sportifs à la maison et je pense que cette expérience est un grand avantage” a t-elle déclaré.
Pas de come-back de prévu
En reposant son corps, Kontaveit ressentira moins de douleur, voire plus du tout, et il se peut qu’un jour elle se sente à nouveau capable de jouer. Pourrait-elle envisager un retour ?
“C’est quelque chose qui ne va pas guérir. Je ne pense donc pas que cela puisse s’améliorer. Mais c’est sûr que si je ne mets pas trop de pression en courant, en jouant et en bougeant autant, je me sentirai probablement un peu mieux. Mais je pense qu’une fois que je commence à faire ça, ça empire. Je ne vois donc pas comment je pourrais jouer au tennis professionnel sans ressentir la moindre douleur” a expliqué celle qui semble catégorique sur l’idée d’un retour.