Il y a 50 ans, l’US Open adoptait la parité des gains
Sous l’impulsion de Billie Jean King, l’US Open a été de très loin le premier Grand Chelem à adopter la parité des gains : c’était il y a 50 ans, déjà…
Pour l’US Open, cette édition 2023 s’annonce riche en anniversaires. L’un est un peu “triste”, disons plutôt inquiétant, puisque l’on fête les 20 ans du titre d’Andy Roddick, qui reste le dernier en Grand Chelem pour un joueur américain (masculin). L’autre est plus heureux : l’on célèbre aussi la parité du prize money, adopté dès 1973 par le tournoi new yorkais, disputé à l’époque à Forest Hills.
Les choses ont changé sous l’impulsion de l’emblématique Billie Jean King, victorieuse un an plus tôt en 1972 (elle a remporté le tournoi à quatre reprises en tout) et outrée d’avoir alors touchée seulement 10 000 $, contre 25 000 à son homologue masculin, Ilie Nastase, vainqueur de son côté de son premier Grand Chelem.
Très engagée dans le développement du tennis professionnel féminin – elle avait été à la tête, trois en plus tôt, d’un groupe de neuf joueuses baptisées les “Original Nine” qui avaient créé le premier circuit féminin devenu ensuite la WTA –, l’Américaine avait alors menacé les organisateurs d’un boycott général des joueuses si leur prize money n’étaient pas significativement revu à la hause.
C’était un risque, assurément. “Au fond de moi, avant de leur parler, je n’étais pas très sûre de ce que je faisais, a raconté la reine King au site officiel de l’US Open. Je me disais : “et s’ils n’acceptent pas, on fait quoi ?” Et puis, j’ai fini par me dire : ‘Au diable…’ Billie y est allée. Et son risque a payé.
Trois décennies avant les autres Grands Chelems…
Elle a ensuite travaillé de concert avec le tournoi pour faire en sorte que, un an plus tard, la gagnante de l’édition 1973, Margaret Court, touche les mêmes 25 000 $ que le vainqueur masculin, John Newcombe. Le pari était gagnant : l’US Open venait de devenir le premier événement féminin non seulement tennistique, mais plus globalement sportif, à adopter la parité.
Dès lors, le changement de mentalité était en marche, même s’il a fallu un gros temps d’inertie pour cela. L’Open d’Australie, deuxième Grand Chelem à adopter l’égalité salariale, n’a embrayé qu’en 2001, tandis que Roland-Garros et Wimbledon ont suivi en 2007.
Aujourd’hui, la parité des gains n’est pas encore totale, mais elle s’est très largement développée pour faire du tennis le sport professionnel féminin le plus lucratif. En 2023, le champion et la championne toucheront chacun 3 millions de dollars, une somme record. Et Billie Jean King, forcément, a un regard plein d’émotion quand elle regarde le chemin parcouru.
“Il y a 50 ans, les gens se disaient : ‘Hein ? Quoi ? Les femmes vont gagner autant que les hommes ?’ Aujourd’hui, il y a de l’argent dans le sport féminin et celui-ci représente un bon investissement (…). Mais nous allons continuer à pousser pour l’égalité parce que nous la voulons partout. Le sport est un microcosme de la société. C’est un formidable levier pour changer les choses et faire réfléchir les gens. Et puis, il a permis de donner aux femmes un moyen de s’affirmer et de s’accomplir. Avec le sport comme étendard, nous pouvons contribuer à rentre le monde meilleur.”
Pour honorer comme il se doit l’anniversaire de ce tournant historique pour la promotion du sport féminin, Billie Jean King sera célébrée pendant le tournoi. Dans un stade qui, rappelons-le, porte son nom.