Record de précocité en WTA 1000 et entrée dans le top 10 : Andreeva, 17 ans, fait d’une pierre deux coups en triomphant à Dubaï
La jeune Russe s’est imposée 7-6¹, 6-1 contre Clara Tauson, samedi, sur le dur extérieur émirati.
17 ans et 299 jours. En soulevant le trophée à Dubaï samedi, la Russe Mirra Andreeva est devenue la plus jeune joueuse sacrée en WTA 1000 – catégorie ayant eu d’autres appellations avant 2021 – depuis sa compatriote Maria Sharapova à Tokyo en 2005.
Gagnante 7-6¹, 6-1 face à Clara Tauson, 22 printemps, la benjamine des frangines Andreeva, qui a battu Iga Świątek, Elena Rybakina ou encore Markéta Vondroušová aux Émirats Arabes Unis, s’est aussi assurée une entrée parmi la caste des dix meilleures du monde dès lundi, en passant du 14e rang au 9e. « Je m’étais fixé comme but d’être top 10 d’ici la fin, nous ne sommes qu’en février et j’ai déjà atteint cet objectif », a-t-elle déclaré lors de l’interview précédant la cérémonie de remises des prix.
Je m’étais fixé comme but d’être top 10 d’ici la fin, nous ne somme qu’en février et j’ai déjà atteint cet objectif
« C’est incroyable », a ajouté celle qui a remporté son deuxième titre sur le circuit principal après le WTA 250 de Iași, sur terre battue, l’an passé. « Je suis tellement contente de la façon dont j’ai joué aujourd’hui (samedi). J’étais extrêmement nerveuse, je pense qu’on a pu le voir avec les doubles fautes et certaines erreurs. Je suis vraiment heureuse d’avoir réussi à gérer la pression. Maintenant, je ressens des émotions extraordinaires. »
Breakée d’entrée de match, menée 2-0, la native de Moscou a tout de suite réussi à retourner la situation pour prendre l’avantage, 5-4 service à suivre. Là, à 15-30, elle a offert deux balles de débreak à son adversaire en commettant la troisième de ses cinq doubles fautes du match. Si elle a mis la gomme pour effacer la première d’un ace, elle a cédé sur la deuxième. Mais pas de quoi la déboussoler pour autant.
Andreeva a imposé son jeu plus complet…
Parfois à fleur de peau sur le court en laissant la nervosité s’emparer d’elle jusqu’à en faire sortir des larmes, Andreeva a su maîtriser ses émotions. Moins puissante que Tauson mais elle aussi capable de faire parler la poudre en coup droit comme en revers, la protégée de Conchita Martínez ne s’est pas contentée d’allumer des mèches pour dynamiter son opposante. Elle a aussi fait des étincelles avec sa couverture de terrain, sa qualité de contre, et sa science tactique pour construire les points en variant rythmes, hauteurs et effets.
Impériale dans le jeu décisif – son sixième remporté de suite, le 14e en 18 disputés sur le circuit principal – tout en profitant des erreurs de la Danoise, la native de Krasnoïarsk s’est ensuite envolée dans la deuxième manche. Après avoir creusé l’écart – 3-1 – elle a écarté trois balles de débreak pour enterrer encore un peu plus les espoirs d’une rivale du jour laissant de plus en plus transpirer, par son langage corporelle et sa volonté de raccourcir les échanges, la fatigue accumulée au cours de la semaine.
…contre une Tauson fatiguée par sa semaine
« Félicitation à Mirra et son équipe, elle a joué de façon incroyable », a déclaré, lors de son discours, la 38e de la hiérarchie planétaire. « J’aurais pu mieux jouer, mais j’ai mis tout ce qui me restait sur le court. » En demi-finale, la future 23e mondiale – meilleur classement amélioré de dix places – avait ferraillé pendant 2h52 pour venir à bout de Karolína Muchová, et elle avait eu besoin de 2h41 pour éliminer Elina Svitolina au deuxième tour. Un duel, terminé bien après minuit, après lequel elle n’avait pu retrouver son lit qu’à 3h du matin pour dormir 5h avant de s’offrir la numéro 1, Aryna Sabalenka.
« Félicitations à toi et ton équipe », lui a répondu Andreeva. « Tu as battu de grandes joueuses cette semaine. Et merci à mon équipe, parce que je ne suis pas facile. Parfois, je suis ronchonne, et cinq minutes après je suis joyeuse. Merci Conchita (Martínez, ancienne numéro 2 mondiale, gagnante de Wimbledon 1994), je sais que je peux être une emmerdeuse (a pain in the ass). »
Dernier point, et pas des moindres, j’aimerais me remercier
Pour conclure, l’adolescente a tenu à dédier quelques mots à une autre personne très importante dans ses succès : elle-même. « Dernier point, et pas des moindres, j’aimerais me remercier », s’est-elle exprimée. « Je sais ce que j’ai dû gérer, et je veux me remercier pour avoir toujours cru en moi-même. Je veux me remercier de n’avoir jamais abandonné et d’avoir su surmonter la pression. Aujourd’hui (samedi), ça n’a pas été facile mais j’ai su rester à100 % dans mon match, donc merci à moi-même pour ça. »
De quoi mériter un césar du discours le plus original qui aurait sans doute plus à un illustre Oscar, Wilde, ayant un jour déclaré : « s’aimer soi-même est le début d’une histoire d’amour qui durera toute une vie. »