Clijsters se voit un peu dans le retour de Wozniacki : “C’est une championne. Elle ne revient pas juste pour jouer”
Comme la Belge en 2009, Caroline Wozniacki fera son retour sur le circuit au Canada et à Cincinnati avant de tenter sa chance à l’US Open.
Quand Caroline Wozniacki annonça son retour sur le circuit professionnel après trois d’absence et la naissance de deux enfants, une joueuse en particulier a ressenti quelques frissons.
Pour Kim Clijsters, ex n°1 mondiale qui avait réalisé un retour triomphal après la naissance de son premier enfant, cela avait logiquement des airs de déjà-vu. Alors les souvenirs de cette victoire à l’US Open 2009 et des trois titres du Grand Chelem qui ont suivi sont rapidement remontés à la surface.
En juin dernier, Clijsters avait eu l’occasion de partager le court de Wozniacki lors du tournoi des Légendes de Roland-Garros, et même si elle avait eu l’impression qu’un retour de la Danoise était dans l’air, elle n’en a eu la confirmation qu’en même temps que le reste de la planète tennis.
“J’ai entendu qu’elle allait revenir à Montréal et Cincinnati, et je me suis dit ‘mais non !’ Cela a tout de suite ramené tous mes souvenirs, en un instant. Je suis impatiente de la voir de retour. En jouant avec elle à Roland-Garros pour les légendes, c’était assez évident qu’elle évoluait à un niveau bien différent du reste. C’est une super histoire à suivre et j’ai hâte de la voir jouer et de l’encourager.”
Clijsters avait battu Wozniacki en finale de l’US Open 2009
Clijsters avait toujours prévu de prendre sa retraite tôt et elle avait tenu parole en décidant en 2007 de ranger ses raquettes, à l’âge de seulement 23 ans.
Mais deux ans plus tard, elle avait fait son retour sur le circuit à Cincinnati et battu la 13e joueuse mondiale Marion Bartoli avant de s’incliner face à la n°1 mondiale Dinara Safina en quarts de finale. Après avoir aussi joué au Canada – ces deux tournois étaient dans l’ordre inverse à l’époque – elle avait épaté tout le monde en allant décrocher le titre à l’US Open.
Clin d’oeil du destin, la joueuse battue lors de cette finale 2009 était Caroline Wozniacki qui disputait là sa première finale de Grand Chelem. Alors que Kim Clijsters allait enchaîner avec deux autres victoires à l’US Open et un titre à l’Open d’Australie, Wozniacki allait devoir patienter jusqu’à Melbourne 2018 avant de soulever son premier trophée en Grand Chelem.
“Elle est en grande forme et a toujours son style de contreuse “, Clijsters
Pour la majeure partie de sa carrière, Wozniacki joua sous une énorme pression de la part des médias danois qui s’attendaient à ce qu’elle gagne beaucoup plus et beaucoup plus tôt une fois devenue n°1 mondiale, et aussi de la sienne.
Cette fois, c’est au tour de Wozniacki de revenir le coeur léger. D’autant plus que la maladie qui avait participé à la fin de sa carrière, la polyarthrite rhumatoïde, est entrée en rémission lors de son absence du circuit. Elle dit par conséquent qu’elle revient juste parce qu’elle a envie de jouer et de tester de nouveau ses limites.
“C’est une championne et elle veut gagner”, estime Clijsters. “Quand elle va se retrouver de nouveau sur le court, elle ne sera pas là juste parce qu’elle avait envie de retrouver le circuit car sinon elle aurait pu juste continuer à jouer les Légendes. Elle revient pour gagner, aucun doute là-dessus. Elle est en grande forme et a toujours son style de jeu de contreuse avec une énorme qualité de jeu de jambes et de défense qui rend la vie difficile aux joueuses puissantes mais moins solides. Elle devrait pouvoir donner du fil à retordre à pas mal de joueuses. Cela va vraiment être très intéressant de voir comment les joueuses les plus puissantes vont faire face à elle, qui a une telle régularité et peut ramener tellement de balles.”
“On réalise qu’il y a d’autres personnes qui savent aussi très bien s’occuper de vos enfants”, Clijsters
Pour Kim Clijsters, l’équilibre entre sa vie de famille et sa carrière a été dur à trouver au début, même si ses résultats sur le court ont été immédiats.
“Cela dépend vraiment de la personne”, a-t-elle expliqué. “Je connais bien Caroline mais pas non plus si bien que ça. Je suis certaine qu’elle a pensé à tout. Elle a beaucoup de soutien de la plart de son mari et de sa famille. Quand vous êtes mère mais que vous devenez de nouveau athlète professionnelle, vous avez des attentes particulières sur la façon dont vous faisiez les choses avant et sur combien de temps cela prenait. Et c’est ce qui a été un peu difficile à gérer pour moi au début. Vais-je de nouveau investir six ou sept heures par jour sur moi ?”
“Et ensuite, comment j’assume ce que je ressens en laissant ma fille ou mes enfants ? J’ai eu du mal avec ça au début. Mais après on réalise qu’il y a d’autres personnes qui savent aussi très bien s’occuper de vos enfants. Mentalement, le défi était là : se forcer à mettre son instinct maternel de côté. Il faut trouver un équilibre pour qu’il n’y ait pas de manque donc je pense que ce sera probablement aussi son plus grand défi au début.”
“Vous comprenez que perdre un match de tennis n’est pas la pire chose du monde”, Sania Mirza
Sania Mirza, ancienne n°1 mondiale en double, se sert de sa propre expérience de jeune maman pour estimer que Wozniacki pourrait être beaucoup plus décontractée qu’avant.
“Vos priorités changent. Vous comprenez que perdre un match de tennis n’est pas la pire chose du monde et ça vous aide car ça remet tout en perspective. C’est comme ça que cela s’est passé pour moi : ma réaction face à une défaite n’était plus la même donc je pense vraiment que ça peut être le côté positif.”
Wozniacki a un long chemin à parcourir si elle veut imiter la performance de Clijsters, mais elle a travaillé très dur et semble très motivé.
“Je n’ai pas décidé combien de temps j’allais de nouveau jouer. Je veux juste voir comment mon corps va réagir, comment je me sens et comment cela va se passer avec les enfants et la famille”, a-t-elle expliqué. “Je suis ravie d’être de retour, impatiente de jouer et espérons que j’atteigne mon meilleur niveau à partir de maintenant.”