4 juillet 1938 : Le jour où Suzanne Lenglen, première superstar du tennis féminin, s’est éteinte
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 4 juillet 1939, le tennis perdait sa première superstar féminine après la mort de “La Divine” Suzanne Lenglen.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Ce jour-là, le 4 juillet 1938, la première superstar du tennis féminin, Suzanne Lenglen, meurt d’une leucémie à l’âge de 39 ans. Presque imbattable tout au long des années 1920, ne subissant qu’une seule défaite dans toute l’après-guerre, “La Divine” a suscité un enthousiasme sans précédent grâce à son style de jeu novateur et à son charisme incontestable.
L’histoire : Suzanne Lenglen, “La Divine” presque invincible
Née en 1899, Suzanne Lenglen se montre douée dans différents sports dès son plus jeune âge, mais lorsqu’elle commence à jouer au tennis, son père sent qu’elle peut devenir une joueuse exceptionnelle. Il lui fait travailler pendant des heures la précision de ses coups mais aussi, ce qui est très rare à l’époque, sa condition physique. Sa méthode est faite d’exigence et de critiques sévères, comme il l’admet lui-même : “Bien que mes conseils aient toujours été bien intentionnés, mes critiques étaient parfois sévères, et occasionnellement intempestives”.
Elle remporte ses premiers tournois dès 1912, et ses capacités ne passent pas inaperçues : en janvier 1914, elle est choisie pour faire équipe en double mixte avec la légende du tennis Anthony Wilding dans une série de tournois sur la Côte d’Azur. Quelques semaines plus tard, elle franchit une nouvelle étape en triomphant aux championnats du monde sur terre battue, qui se déroulent au Stade français, à Paris. Son père refuse de l’inscrire aux Championnats du monde de Wimbledon, car elle n’a encore jamais joué sur gazon, et la Première Guerre mondiale interrompt alors sa carrière.
Aucun tournoi n’a lieu pendant la guerre, mais la famille Lenglen s’installe à Nice, et là, Suzanne continue à peaufiner son jeu. Elle s’entraîne souvent avec des hommes, ce qui rend son jeu plus dur et plus agressif. Après la guerre, elle remporte son premier titre majeur à Wimbledon (le concept de “Grand Chelem” n’existe pas encore à l’époque), étant la première femme non britannique à soulever le trophée, et c’est ainsi que débute une domination incontestée sur le tennis féminin. Dans les années qui suivent, Lenglen accumule six titres consécutifs à Wimbledon (1919-1925), mais aussi quatre trophées aux Championnats de France sur terre battue (qui deviendront plus tard Roland-Garros, 1920-1923), et trois titres supplémentaires aux Hard Court Championships (1921-1923). Sa célébrité attire tellement de monde à Wimbledon que beaucoup considèrent que c’est l’une des raisons du déménagement du tournoi, en 1922.
Sa seule défaite survient lors de l’US National Championships de 1921, lorsqu’elle abandonne contre Molla Mallory après avoir perdu le premier set (6-2). Cette défaite met fin à une série de 108 victoires et sera suivie d’une autre série de 179 victoires. En France, un pays profondément blessé par la Première Guerre mondiale, sa popularité grandit bien au-delà des courts de tennis et elle devient une véritable icône, au point qu’on la surnomme “La Divine”. A son superbe tennis s’ajoute un charisme indéniable. Ses vêtements, dessinés par Jean Patou, redéfinissent la façon dont les femmes s’habillent sur les courts de tennis, et son fameux bandeau est connu sous le nom de “bandeau Lenglen”. Elle est connue pour boire une gorgée de cognac pour se donner du courage dans les situations difficiles, et elle est aussi l’une des premières femmes à tenir tête aux arbitres et à contester les décisions des juges de ligne.
Pendant des années, aucun joueur ne semble être en mesure de battre la grande Suzanne Lenglen. En 1925, elle remporte Wimbledon en ne perdant que cinq jeux tout au long du tournoi, mais en 1926, une joueuse américaine en pleine ascension vient en France pour la première fois : Helen Wills, triple vainqueur des US Nationals. Lenglen et Wills ne s’affrontent qu’une seule fois, à Cannes, lors d’un événement appelé “le match du siècle”. Les billets se vendent comme des petits pains, bien qu’ils soient six fois plus chers que les billets pour la finale du Championnat national américain masculin. Un grand duc de Russie, le roi de Suède et un rajah indien font partie des 6 000 spectateurs qui assistent à l’événement. Lenglen s’impose, 8-6, 6-2.
Quelques mois plus tard, après qu’un incident à Wimbledon la pousse à quitter le tournoi en cours de route, Lenglen signe un contrat pour devenir professionnelle. Elle est fortement critiquée pour cette décision, qu’elle justifie ainsi : “Pendant les douze années où j’ai été championne, j’ai littéralement fait gagner des millions de francs au tennis et j’ai payé des milliers de francs de droits d’entrée pour être autorisée à jouer”, déclare Lenglen, selon The International Tennis Hall of Fame. “J’ai vingt-sept ans et je ne suis pas riche – dois-je me lancer dans une autre carrière et abandonner celle pour laquelle j’ai ce que les gens appellent du génie ? Ou dois-je sourire à la perspective de rester pauvre et continuer à faire gagner des fortunes à d’autres ?”
Les tournées professionnelles de Lenglen en 1926 et 1927 aux États-Unis et au Royaume-Uni sont un succès. Cependant, “La Divine” n’apparaît plus dans aucun événement professionnel par la suite, et elle annonce sa retraite en septembre 1928.
Au début des années 30, Lenglen collabore avec des créateurs de mode et fait plusieurs apparitions en tant qu’actrice, mais elle revient ensuite à sa première passion, fondant une école de tennis à Paris en 1936. En 1938, on annonce qu’elle est atteinte d’une leucémie. Elle perd son combat contre cette maladie en seulement trois semaines, et le 4 juillet 1938, Suzanne Lenglen s’éteint. Une foule immense assiste à ses funérailles, dont le Premier ministre français, Edouard Daladier, et le roi de Suède.
La postérité du moment : Suzanne Lenglen deviendra une légende de l’histoire du tennis
Suzanne Lenglen restera dans l’histoire du tennis français comme une véritable légende, représentative d’un âge d’or, au même titre que les Mousquetaires. À Roland-Garros, le trophée de l’épreuve féminine porte son nom, ainsi que le deuxième plus grand court, d’abord nommé « Court A » à son inauguration, en 1994, avant d’être renommé en 1997.