21 juin 1969 : Le jour où Maureen Connolly, prodige du jeu, est décédée
Maureen Connolly, première femme à réaliser le Grand Chelem, à seulement 18 ans, est décédée le 21 juin 1969 des suites d’un cancer. Elle avait déjà dû mettre un terme à sa carrière prématurément en raison d’un accident de cheval.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Le 21 juin 1969, Maureen Connolly, première joueuse de l’histoire à avoir réalisé le Grand Chelem, décède des suites d’un cancer des ovaires, à l’âge de 34 ans. “Little Mo” avait remporté les quatre tournois majeurs en 1953, à l’âge de 18 ans, et lorsque sa carrière fut brusquement stoppée après un accident de cheval alors qu’elle n’avait que 19 ans, elle détenait déjà neuf titres du Grand Chelem.
L’histoire : Une domination sans partage avant d’être frappée par la malchance
Maureen Connolly est née en 1934 à San Diego, en Californie. Sa première passion est l’équitation, mais comme sa famille ne peut pas lui payer les leçons, elle se met au tennis. Alors qu’elle commence à jouer de la main gauche, son coach lui impose de jouer comme une droitière. Ce changement ne l’empêche pas de devenir une excellente joueuse.
Connolly frappe très fort du fond de court, avec beaucoup de précision, particulièrement côté revers. A l’âge de 11 ans, elle se voit surnommer « Little Mo » par un journaliste de San Diego, en référence à la puissance de feu d’un navire de l’US Navy, l’USS Missouri, fréquemment appelé « Big Mo ». Elle participe aux US Championships, qui deviendront plus tard l’US Open, pour la première fois en 1949, à l’âge de 14 ans. Elle est éliminée au deuxième tour. En 1950, elle perd au même stade du tournoi : cela restera la dernière défaite de sa carrière dans un tournoi du Grand Chelem.
A partir de 1951, Little Mo domine le tennis. Elle remporte les neuf tournois du Grand Chelem auxquels elle participe : les US Championships (1951, 1952, 1953), l’Open d’Australie (1953), Roland-Garros (1953, 1954) et Wimbledon (1952, 1953, 1954). En 1953, elle devient la première joueuse à accomplir le Grand Chelem calendaire, en ne perdant qu’un seul set au cours des quatre tournois.
En juillet 1954, Connolly vient juste de défendre son titre au All England Club, et il semble que personne ne soit en mesure de l’empêcher de continuer à étoffer son palmarès, elle qui n’a encore que 19 ans. Elle n’a plus perdu en Grand Chelem depuis 1950, elle a gagné 50 matches d’affilée et son attitude féroce est à la hauteur de ses ambitions.
Mais sa brillante carrière est brutalement interrompue le 20 juillet 1954, lorsqu’elle est renversée par un camion, alors qu’elle se promenait à cheval. Sa jambe est cassée et, malgré ses efforts – elle suit même des cours de ballet pour retrouver sa force – « Little Mo » ne retrouvera jamais ses pleines capacités. En janvier 1955, lors d’un match d’exhibition, elle ressent une douleur aigüe à la jambe en courant après une amortie. La mort dans l’âme, Connolly annonce la fin de sa carrière, à seulement 20 ans
Je croyais que je ne pouvais pas gagner sans ressentir de haine
Maureen Connolly
La même année, en juin, elle épouse Norman Brinker, membre de l’équipe équestre des Jeux Olympiques américains de 1952, avec qui elle aura deux enfants. En 1957, Connolly écrit son autobiographie, Forehand Drive, dans laquelle elle explique sa férocité alors inhabituelle sur le court : “Je détestais mes adversaires. Ce n’était pas une aversion passagère, mais une haine puissante et dévorante. Je croyais que je ne pouvais pas gagner sans ressentir de haine.”
Après sa carrière, Maureen Connolly, bien qu’elle ne puisse plus jouer en compétition, est toujours capable de jouer des exhibitions en un set, et elle devient également commentatrice à la radio et à la télévision. En 1966, on lui diagnostique un cancer de l’ovaire, qu’elle affronte avec le même esprit compétitif qu’elle avait montré sur le court. En 1968, malgré sa maladie, elle fonde la Maureen Connolly Brinker Foundation, pour aider les joueurs qui n’ont pas les moyens de participer à des compétitions nationales, une organisation qui existe encore aujourd’hui. Elle perd sa lutte contre le cancer et meurt le 21 juin 1969, à seulement 34 ans.
Selon The Sportsman, lors de ses funérailles, le révérend Robert N. Watkin, Jr. déclare : “Il faut du courage pour remonter alors que l’on est mené 5-0 au tennis. Il faut du courage pour revenir d’un terrible accident d’équitation et mener une vie bien remplie. Et il faut du courage pour affronter une mort presque certaine en gardant la tête haute. Elle a eu ce courage”.
Sur sa pierre tombale, on peut lire l’épitaphe suivant : “Épouse, mère, championne”.
La postérité du moment
Les exploits et la personnalité de Maureen Connolly seront une source d’inspiration pour plusieurs futures championnes comme Billie Jean King ou Martina Navratilova.
“J’avais quinze ans lorsque j’ai eu le plaisir de rencontrer Maureen pour la première fois, raconte ainsi Billie Jean King, citée dans le livre de la fille de Connolly, Little Mo’s Legacy. Au fil des ans, nos chemins se sont croisés à de nombreuses reprises. Elle a été pour moi une source d’inspiration totale et un modèle à suivre.”
Chaque année, des centaines de jeunes joueurs de tennis participent à divers tournois « Little Mo » organisés dans tout le pays, avec comme point culminant les Little Mo Nationals, remportés notamment en 1992 par un futur vainqueur de l’US Open, Andy Roddick.