11 février 1994 : Le jour où Navratilova, frustrée par une défaite, a zappé une cérémonie en organisée en son honneur
Le 11 février 1994, Martina Navratilova, déçue par sa défaite et son niveau de jeu en quarts de finale à Chicago contre Magdalena Maleeva, n’a pas assisté à la cérémonie organisée en son honneur, pour sa dernière participation à ce tournoi, qu’elle avait remportée à 12 reprises.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis
Le 11 février 1994, pour sa dernière apparition au tournoi de Chicago, qu’elle avait remportée à douze reprises, Martina Navratilova est éliminée en quarts de finale par Magdalena Maleeva (6-4, 6-3). L’ancienne N.1 mondiale est tellement déçue de son match qu’elle quitte les lieux sans assister à la cérémonie d’adieu organisée en son honneur.
Les personnages : Martina Navratilova et Magdalena Maleeva
- Martina Navratilova, candidate au titre de GOAT
Martina Navratilova, née en 1956 en Tchécoslovaquie, est selon Billie Jean King « la plus grande joueuse de simple, de double et de double mixte ayant jamais vécu ». Depuis le début de l’ère Open en 1968, aucun joueur, hommes et femmes confondus, n’a gagné plus de tournois que Navratilova en simple (167) ni en doubles (177), et personne n’a gagné plus de matches qu’elle (2189). Gauchère, elle pratique le service-volée mieux que quiconque auparavant. D’après sa rivale Chris Evert, elle a révolutionné la condition physique dans le tennis féminin, apportant notamment l’idée de pratiquer d’autres sports, tel le basket, pour s’entraîner physiquement. Navratilova a gagné un total de 18 tournois du Grand Chelem en simple, avec un record de 9 titres à Wimbledon dont 6 gagnés consécutivement entre 1982 et 1987.
En 1994, elle a déjà accumulé 31 titres majeurs en double et 7 en double mixte. Il ne lui manque alors que la couronne du double mixte à l’Open d’Australie pour boucler le « Grand Chelem total », qui consiste à remporter les quatre tournois du Grand Chelem à la fois en simple, en double et en double mixte. Elle détient également un record de six tournois du Grand Chelem gagnés à la suite, entre Wimbledon 1983 et l’US Open 1984 (l’Open d’Australie se jouait alors en décembre), et a occupé la première place mondiale pendant 322 semaines, ce qui, en 1994, est encore un record. En février 1994, elle est 3e mondiale.
- Magdalena Maleeva, Top 15
Magdalena Maleeva, née en 1975, est la cadette d’une incroyable famille de tennis, puisque ses deux sœurs aînées sont aussi joueuses professionnelles : Manuela a atteint la 3e place mondiale à son meilleur, en 1985, et Katerina la 6e place en 1990. Elle se révèle en 1992, remportant son premier titre à Saint-Marin (aux dépens de Federica Bonsignori, 7-6, 6-4), avant d’atteindre les quarts de finale à l’US Open (battue par sa sœur Manuela, 6-2, 5-3, ab.). En 1993, elle parvient en huitièmes de finale de tous les Grands Chelems à l’exception de Wimbledon et elle est 13e mondiale en février 1994.
Le lieu : Navratilova comme chez elle à Chicago
Le tournoi de Chicago a été créé en 1971. En 1988, il se joue sur moquette intérieure à l’UIC Pavilion, une salle multisports inaugurée en 1982. Martina Navratilova y détient le record du nombre de titres (12).
L’histoire : Navratilova trop déçue d’elle-même pour assister à l’hommage en son honneur
L’apparition de Martina Navratilova au Chicago Virginia Slims de 1994 est particulière, l’Américaine ayant déjà annoncé que 1994 serait sa dernière année sur le circuit. L’Open de Chicago est l’un de ses tournois préférés, qu’elle a remporté à douze reprises, plus que tout autre joueuse. Elle est peut-être proche de la retraite, mais à 37 ans, Navratilova est toujours N.3 mondiale et elle veut faire ses adieux avec brio. Elle a fait l’impasse sur l’Open d’Australie, mais lors de son premier tournoi, à Tokyo, elle s’est hissée en finale, où elle n’est battue que par la N.1 mondiale, Steffi Graf (6-2, 6-4).
“Je dois dire que cette année sera un véritable plaisir. C’est mon objectif principal, m’amuser beaucoup, faire un peu le spectacle”, a-t-elle déclaré, selon le Chicago Tribune, mais au fond d’elle-même, elle a encore de grandes ambitions. “La meilleure façon de partir serait de gagner tous les tournois auxquels je participe, mais je suppose que déjà, gagner quelques tournois, ou un Grand Chelem…”
À Chicago, en quarts de finale, elle affronte la petite dernière de la famille Maleeva, Magdalena, 18 ans. La Bulgare avait battu l’ancienne numéro 1 mondiale à l’US Open 1992 (6-4, 0-6, 6-3). Mais depuis lors, Navratilova a remporté leurs deux autres rencontres. Cette fois, Maleeva livre une solide prestation, alors que la nonuple championne de Wimbledon évolue loin de ses standards habituels. La Bulgare s’impose facilement, 6-4, 6-3.
Navratilova, bouleversée par cette défaite inattendue dans un tournoi si cher à son cœur, n’est pas en état d’assister à la cérémonie organisée en son honneur.
“Quand j’ai perdu le match, ça allait, mais quand je sortais du court, un type m’a dit : ‘Merci Martina’, et j’ai juste…. Je n’ai pas vraiment pris le match au sérieux dès le début, et au deuxième set, j’étais tout le temps sur les talons. Si la suite de la saison ressemble à ce tournoi, je vais pleurer après chaque match que je joue.”
La postérité du moment : Les records de longévité de Navratilova
Le sommet de la saison d’adieux de Navratilova sera Wimbledon, où elle atteindra la finale, battue par Conchita Martinez en trois sets (6-4, 4-6, 6-3). Cette fois, elle partagera bien plus avec le public et recevra l’ovation méritée, après neuf titres remportés au All England Club.
En 2000, Navratilova reviendra sur le circuit, principalement en double. A l’Open d’Australie 2003, en s’imposant en double mixte, associée à Leander Paes, elle complètera à 46 ans son « Grand Chelem total ». Personne, hommes et femmes confondus, n’avait encore triomphé en Grand Chelem à un âge aussi avancé.
En 2004, elle recevra une invitation controversée dans le tableau de simple à Wimbledon. Agée de 47 ans, elle passera néanmoins le premier tour, écartant la 102e mondiale Catalina Castano (6-0, 6-2), avant de perdre contre Gisela Dulko, 59e mondiale (3-6, 6-3, 6-3). En 2006, à quelques semaines de son 50e anniversaire, elle gagnera le double mixte à l’US Open, associée à Bob Bryan, et sur cette dernière victoire, mettra un terme définitif à sa carrière.
Magdalena Maleeva montera jusqu’à la 4e place mondiale, en janvier 1996, après avoir remporté trois tournois en 1995, sa meilleure saison sur le circuit.