Federer quitte Wimbledon sur une bulle et une leçon donnée par Hurkacz
Roger Federer (N°6) est tombé sur bien plus fort que lui mercredi en quart de finale de Wimbledon, contre Hubert Hurkacz (6-3, 7-6, 6-0). Une vraie claque pour le Suisse.
Wimbledon (H) – Quart de finale
Hurkacz (N°14) bat Federer (N°6) : 6-3, 7-6, 6-0
- L’information principale : Roger Federer a quitté son 22e Wimbledon au stade des quarts de finale après sa défaite sèche contre Hubert Hurkacz.
- Vous apprendrez aussi : C’est la première fois que Federer encaisse un 6-0 à Londres.
- Pourquoi il faut lire cet article : Parce qu’il y avait un air d’adieu pour le Suisse sur le Centre Court.
En 119 matchs étalés sur 22 participations, ça n’était jamais arrivé à Roger Federer d’encaisser un 6-0 à Wimbledon. Et pourtant, c’est sur cette humiliation qu’il a quitté cette édition 2021 mercredi. Balayé en quart de finale du tournoi londonien par un grand Hubert Hurkacz, tête de série numéro 14 (6-3, 7-6, 6-0), le Suisse a quitté la tête basse son dernier Grand Chelem avant de basculer dans la quarantaine. Sans que quiconque ne sache, peut-être pas même le principal concerné, si ce sera la dernière image de l’octuple vainqueur de Wimbledon sur ce Centre Court où il a tout connu.
Rarement Federer aura semblé aussi perdu dans ce lieu dont il connait le moindre recoin. Rarement il y sera apparu aussi dépassé par les événements et dominé par son adversaire. Et pourtant, ce n’était “que” Hurkacz, 18e joueur mondial néophyte en quart de finale de Grand Chelem, en face de lui. Mais le Polonais est resté sur la lancée de sa fin de match brillante contre Daniil Medvedev, qui menait deux sets à un quand le match avait été stoppé par la pluie lundi avant de se faire expédier à la reprise du jeu mardi.
Hurkacz n’a jamais plié sous le poids du décorum, pour sa première sur le Centre Court, face au maître des lieux. La qualité de son premier set l’a bien démontré. Un seul point perdu derrière sa première balle, aucune balle de break concédée, dix coups gagnants pour quatre fautes directes : le vainqueur du Masters 1000 de Miami déployait son plan de jeu sans y penser à deux fois. Et pendant ce temps-là, Federer lui donnait trop de points gratuits (10 erreurs non provoquées) et souffrait trop derrière sa deuxième balle pour s’en sortir.
Federer a laissé passer sa chance dans le tie-break du deuxième set
Le visage fermé, comme tout son clan, Ivan Ljubicic en tête, l’ancien numéro 1 mondial s’est accroché, poussé qu’il était par le public londonien, acquis à sa cause. Federer s’est appliqué à passer davantage de première balle (de 57% dans le premier set à 78% dans le deuxième), s’est présenté davantage au filet (23 montées à 70% de réussite) et ses prises de risques ont payé (19 coups gagnants). Mais il s’est heurté à un mur, encore une fois, après avoir pourtant breaké d’entrée et mené 3-0, en ayant sauvé trois balles de débreak.
Hurkacz est resté fidèle à sa ligne de conduite, pilonnant du fond de court pour trouver la brèche et attaquant avec justesse aux moments opportuns. Le Polonais a ainsi fini par revenir à hauteur, comme si c’était inéluctable, et a remporté un tie-break à côté duquel Federer est passé, alors que c’était le moment idéal pour inverser la dynamique de cette rencontre. Le Suisse a notamment raté une volée liftée de coup droit et a glissé au moment de conclure un point tout fait, qui lui aurait permis de rester à hauteur de son adversaire. Trop d’erreurs grossières pour embêter un joueur dans la zone, deuxième Polonais à se hisser en demi-finale d’un tournoi du Grand Chelem.
36 coups gagnants pour seulement 12 fautes directes, 79% de points gagnés derrière sa première balle, 15 balles de break obtenues : Hurkacz, qui affrontera vendredi Matteo Berrettini ou Felix Auger-Aliassime pour une place en finale, a réalisé le match qu’il fallait pour vaincre ce Federer, qui avait pourtant diffusé le sentiment d’une montée en puissance au fil des tours depuis son entrée en lice poussive dans le tournoi contre Adrian Mannarino. Mais ce n’était peut-être qu’un leurre. Le 21e titre du Grand Chelem attendra encore. Si tant est qu’il arrive un jour. Le doute était déjà permis, il s’est désormais transformé en une sensation. Comme si cette sortie brutale de Federer était la fin d’une illusion.