Rêve, deuil, souffrance : un samedi plein de larmes à Wimbledon
Longue de près de cinq heures à elles deux, les demi-finales dames de Wimbledon auront offert leur lot de spectacle, de suspense et d’émotions, ce samedi.
Tout a commencé en plein match, en plein jeu même. A 5-5 au troisième set de sa demi-finale contre Jasmine Paolini, devenue la plus longue jamais jouée à Wimbledon chez les dames (2h51), Donna Vekic a commencé à sangloter, en plein cœur de la bagarre et d’un moment peut-être clé quant à l’issue finale.
Au troisième set, j’avais l’impression de mourir
Donna Vekic
La Croate, franchement en larmes au changement de côté qui a suivi, sentait peut-être que le match était en train de lui échapper, mais surtout que ses forces étaient en train de l’abandonner. “Au troisième set, j’avais mal partout, au bras, à la jambe, j’avais l’impression de mourir”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse où elle ne pouvait cesser de sangloter, au point que celle-ci a dû être écourtée. “Si j’ai pleuré en plein match, c’est parce que parfois, cela peut aider à évacuer et à se remettre dedans. Mais c’était surtout des larmes de douleur. Je ne savais même pas comment je pouvais continuer à jouer.”
Des larmes qui ont contrasté avec le sourire quasi permanent de sa gagnante, Jasmine Paolini, mais il ne faut pas s’y tromper : l’Italienne était, elle aussi, chavirée par l’émotion au moment d’aligner une deuxième finale consécutive en Grand Chelem totalement inespérée, un mois après la première à Paris qui l’était déjà tout autant.
“Si vous m’aviez dit ça il y a deux mois, je vous aurait traité de fou
Jasmine Paolini
“Si vous m’aviez dit ça il y a ne serait-ce que deux mois, je vous aurait traité de fou, s’amusait l’Italienne devant les journalistes. “Franchement, je n’ai pas de mot. Deux finales en Grand Chelem à la suite, c’est complètement dingue. Je suis un peu surprise, finalement, de la manière dont je le gère, je reste assez relax. Mais je ne veux pas parler trop vite car si ça se trouve, samedi, je vais trembler…”
Il ne le faudra pas face à une joueuse que l’on n’attendait pas non plus en finale de Wimbledon, mais qui a en revanche l’expérience d’un titre majeur : sacrée à Roland-Garros en 2021, Barbora Krejcikova a de nouveau créé la sensation en venant à bout d’Elena Rybakina, ce samedi dans une demi-finale qui, sans atteindre la même intensité que la précédente, s’est également jouée en trois sets et 2h07.
quand je rentre sur le court ici, je me bat sur chaque balle parce que c’est ce qu’elle aurait voulu que je fasse
Barbora Krejcikova
Krejcikova est la digne héritière d’un tennis féminin tchèque décidément dorée – la sixième à atteindre la finale de Wimbledon en comptant Martina Navratilova, qui a été naturalisée américaine depuis -, tant par le talent que par le caractère, flegmatique et pudique. Mais là, elle a totalement craqué au souvenir de sa compatriote et ancienne coach Jana Novotna, titrée à Wimbledon en 1998 et décédée en 2017, à 49 ans, des suites d’un cancer.
“Je pense souvent à elle, j’ai tellement de beaux souvenirs avec elle et quand je rentre sur le court ici, je me bat sur chaque balle parce que c’est ce qu’elle aurait voulu que je fasse”, a-t-elle déclaré lors de son interview sur le court, en se pinçant les lèvres avant de fondre en larmes à son tour, dans ce qui restera comme l’un des moments forts de ce Wimbledon 2024.
La seule, finalement, à être restée parfaitement stoïque est celle qui a pourtant perdu le plus gros au cours de ce samedi au long cours. Dans un tableau féminin marquée par un jeu de massacre chez les principales têtes d’affiche, Elena Rybakina, gagnante de l’édition 2022, était la dernière encore en lice, et faisait office de grande favorite au titre. Au lieu de quoi, elle continuera de courir après une finale de Grand Chelem qui la fuit depuis l’Open d’Australie 2023, et voit sa place dans le Big Four féminin désormais sérieusement menacée par Jasmine Paolini. Cela aurait bien valu quelques larmes, qui ont peut-être coulé dans les vestiaires…