Medvedev s’offre une première demi-finale à Wimbledon après un combat acharné contre la surprise Eubanks
Mené deux sets à un par l’épatant Christopher Eubanks, Daniil Medvedev a fait preuve de beaucoup de patience pour s’en sortir (6-4, 1-6, 4-6, 7-6, 6-2) et se qualifier pour les demi-finales de Wimbledon, une première pour lui. Il sera opposé à Carlos Alcaraz pour une place en finale.
Daniil Medvedev a horreur des serveurs-volleyeurs. Certes des vrais, il en reste peu, mais les meilleurs qui se sont aventurés dans cette entreprise ont réussi. On pense notamment à Novak Djokovic en finale du Rolex Paris Masters en 2021 ou à Nick Kyrgios au Masters 1000 de Montréal et à l’US Open, l’an dernier. Christopher Eubanks, alors 119e mondial, l’avait aussi enquiquiné en quart de finale du Masters 1000 de Miami, sans parvenir à lui chiper une manche (6-3, 7-5), en mars.
Chahuté mercredi en quart de finale de Wimbledon par l’épatant Américain (74 coups gagnants), le numéro 3 mondial a puisé pour trouver la clé (6-4, 1-6, 4-6, 7-6, 6-1) notamment grâce à son service (28 aces) et mettre fin au parcours d’Eubanks, qui sera aux portes du top 30 lundi prochain. C’est la sixième demi-finale en Grand Chelem du Russe, la première sur le gazon londonien. Il sera opposé à Carlos Alcaraz vendredi pour une place en finale.
Breaking new ground at SW19 @DaniilMedwed wins a thrilling five-set contest against Christopher Eubanks to move into his first #Wimbledon semi-final, 6-4, 1-6, 4-6, 7-6(4), 6-1 pic.twitter.com/bOt3EmPSLW
— Wimbledon (@Wimbledon) July 12, 2023
Dans ce quart entre deux grands maigrichons dégingandés de 27 ans, Medvedev était parfaitement parti. Deux fautes de coup droit et deux doubles fautes et Eubanks lui a offert sa mise en jeu. Derrière au score, l’Américain de 27 ans a tenu grâce à son service mais problème pour lui, Medvedev est également un excellent serveur, auteur de 17 points sur 20 remportés après sa première balle. Il a conclu le set d’un ace, son sixième de la partie. 16 coups gagnants, 1 seule faute directe (contre 11 pour Eubanks, transpercé au filet) : le protégé de Gilles Cervara semblait lancé.
Retours supersoniques, services et coups droits de folie : Eubanks a fait le show
Sauf qu’Eubanks ne s’est pas démobilisé et a rapidement fait le break, pour le plus grand plaisir du court n°1. Chaque attaque ou presque en coup droit, agrémentée d’une montée au filet, mettait à mal Medvedev, toujours campé loin de sa ligne de fond. Le bras du 43e mondial commençait à se relâcher et il enchaînait plusieurs retours d’exception sur des premières balles à quelque 200 km/h pour se détacher et revenir à hauteur de Medvedev. Ce dernier a eu beau envoyer 89 % de premières balles, il n’a remporté que la moitié des points derrière. La faute à un Eubanks sur un nuage : 17 coups gagnants pour 7 fautes directes.
Et l’Américain ne s’est pas gêné pour poursuivre avec audace et succès sa stratégie d’agression permanente, alors que Medvedev était en train de s’auto-détruire. Le lauréat de l’US Open 2021 lâchait d’entrée de troisième sa mise en jeu. Le doute a commencé à s’installer chez lui (il a pris un avertissement pour jet de balle) et dans son box, notamment chez son épouse, assise à côté de son entraîneur Gilles Cervara. Le Russe ne jouait pas mal, mais son adversaire était habité, soutenu par Coco Gauff et le public londonien, qui raffole des inconnus. Et dans le jeu, il faisait preuve à la fois de lucidité et d’un grain de folie pour envoyer des parpaings ici et là.
Son enchaînement service – coup droit a fait des ravages et lui a permis d’empocher le troisième set. Et de prendre les devants, logiquement : 14 coups gagnants et 6 fautes, une efficacité maximale sur balle de break (1/1) et un service ahurissant (80% de premières balles, 16 points sur 20 remportés derrière et un point perdu après sa deuxième).
Medvedev impressionnant de patience et de maîtrise
Medvedev assommé ? C’est mal le connaître. On n’est jamais vainqueur de Grand Chelem et numéro 1 mondial par hasard. Déjà dans la manche précédente, il avait commencé à se rapprocher de sa ligne de fond pour relancer le service adverse, ce qui lui avait permis de glaner des points. Dès le début du quatrième acte, il a haussé considérablement son niveau de jeu (10 aces, 2 points perdus derrière sa mise en jeu, 15 coups gagnants pour 1 faute directe) et a fait preuve d’une concentration extrême, en tentant dès qu’il en avait l’opportunité de toucher le revers à une main plus instable d’Eubanks. Mais l’Américain a repoussé les assauts russes avec brio, souvent grâce à sa première balle.
Le jeu décisif a souri au mieux classé, qui a profité de deux grosses fautes de revers de son adversaire pour égaliser à deux manches partout sur un service-volée caviardé par Eubanks. Ca valait bien un petit coup de poing chaleureux de Gilles Cervara dans le bas du ventre d’Eric Hernandez, le préparateur physique du Russe.
Eubanks s’était montré déjà moins saignant dans le set précédent avec 16 fautes directes. Cela s’est confirmé en début de cinquième. Trois fautes pour entamer le set, une double faute qui offre le break blanc à Medvedev. C’est simple, les cinq premiers points remportés dans ce set par Medvedev ont été des fautes directes de l’Américain, en grande difficulté physiquement.
De nouvelles erreurs permettaient à Medvedev de faire le double break et de s’envoler définitivement vers la victoire. Les fulgurances d’Eubanks s’étaient réduites comme peau de chagrin, Medvedev pouvait plier l’affaire et se projeter sur le choc qui l’attend vendredi : le numéro 1 mondial, Carlos Alcaraz, tombeur d’Holger Rune en trois manches.