Medvedev retrouve la clef pour battre Sinner et revient en demi-finale de Wimbledon
Daniil Medvedev a été plus fort que le numéro un mondial Jannik Sinner mardi à Wimbledon 6-7(7) 6-4 7-6(4) 2-6 6-3. Il est en demi-finale pour la deuxième année consécutive.
Daniil Medvedev a élancé sa silhouette longiligne, balancé un parpaing croisé au service, puis un revers long de ligne dans la lucarne opposée, relâché comme à la fin d’un entraînement tranquille. Il n’a rien montré de son émotion, comme il l’aime le faire quand il signe de grandes victoires.
Pourtant c’en était une belle et marquante, au bout de quatre heures de jeu, mardi en quart de finale de Wimbledon, où le Russe a dominé le numéro 1 mondial Jannik Sinner pour rejoindre le dernier carré pour la deuxième année consécutive, avec un jeu blanc expéditif en guide de signature (6-7(7) 6-4 7-6(4) 2-6 6-3).
A l’issue d’un match de très haut niveau, le joueur russe, tête de série n°5, a retrouvé une façon de battre Sinner, qu’il domine dans leur face à face (7-5) après avoir perdu cinq rencontres consécutives, dont deux cette saison. Deux douleurs magistrales chacune à leur façon : une finale de Grand Chelem à l’Open d’Australie après avoir mené deux sets à zéro et une raclée pure et parfaite reçue en demie à Miami, là même où il l’avait battu pour la dernière fois au printemps de 2023.
Mais Medvedev, un peu à l’image de sa victoire en demi-finale de l’US Open entre Carlos Alacarz l’an passé, deux mois après avoir été démantelé en demie de Wimbledon, a peu de rivaux quand il s’agit de trouver de nouvelles ressources pour régler les nouveaux problèmes qui se dressent face à sa placide ambition.
Medvedev au top et sur un fil à la fois
Medvedev aura à peu près tout essayé au cours de ces douze mois de contestation, pour percer le « coffre-fort » Sinner, comme son coach Gilles Cervara l’avait baptisé après le demi-finales du Masters de Turin. Il avait même joué contre-nature en l’agressant pour monter au filet en finale à Melbourne, mais cela n’a fonctionné “que” deux sets. A Miami, en revenant à ses fondamentaux, c’est-à-dire en cherchant à résister et à user, Medvedev avait été écrabouillé par la puissance et la précision clinique de Sinner.
Sur le Center court de Wimbledon, il a fallu à Medvedev à la fois évoluer à son meilleur niveau à tous les moments-clefs du match, notamment au deuxième et troisième set, et évoluer sur un fil pour faire craquer l’Italien dans des échanges de surface rapide. Le Russe – à la hauteur au service et au retour deux conditions sur gazon et cotre un tel joueur – a accepté la castagne avec Sinner.
Il l’a beaucoup provoqué dans la diagonale coup droit, pour obliger son adversaire à le provoquer sur son revers, son coup fort où Medvedev a fini par trouver l’ouverture soit en précipitant la faute de Sinner au pic d’intensité de la baston, soit en prenant l’avantage dans l’échange sur son revers, quitte à monter au filet – 30 fois, quand même au cours de ce quart de finale.
« C’est toujours tentant de vouloir l’user au peu plus en faisant durer les échanges », a indiqué Medvedev dans l’interview d’après-match, précipitant les rires du public. « Mais on s’expose au moment où il va finir par se dire : ‘non je ne peux pas subir l’échange, je vais tenter le coup gagnant’. Au final, ça m’a réussi, donc je suis content. »
Et si les stats exceptionnelles de Carlos Alcaraz sur la durée des cinq sets a beaucoup fait parler à Londres cette semaine, celles de Medvedev se posent là avant les demi-finales : le Russe a désormais remporté cinq de ses six derniers matches sur la distance, le seul qui lui a échappé, en finale de l’Open d’Australie, ayant la conséquence du temps passé sur le court aux tours précédents.
Medvedev – Alcaraz en demie ?
Medvedev a bien mentionné le fait que Sinner « ne sentait peut-être pas au maximum » à un moment du match, notamment suite à un long medical time-out au début du troisième. Le niveau de jeu moyen de l’Italien a été très au-dessus de celui pratiqué par lui depuis le début du tournoi et rien de visible n’indique qu’il ait été diminué, contrairement par exemple à sa demi-finale de Roland-Garros perdue contre Carlos Alcaraz, où il a payé son manque de préparation consécutive à une blessure à la hanche.
Daniil Medvedev, qui aura atteint le dernier carré de quatre des cinq derniers tournois du Grand Chelem, attend désormais Carlos Alcaraz ou Tommy Paul sur sa route. Et on a senti que le Russe y était déjà, dès ses premiers mots à l’attention du public. D’habitude si volubile, il s’est contenté d’un simple : « Je suis content de la victoire et de mon jeu. Et j’attends la suite. »
Battre Sinner, qui n’avait pas perdu sur gazon cette année, et ne pas pousser le plaisir jusqu’à dimanche, cela aurait peu de sens pour le champion qui se dresse depuis cinq entre Djokovic et Nadal d’un côté, et les jeunes qui montent de l’autre. A force, ça ne devrait plus surprendre personne.