Marian Vajda : “C’est étrange d’être à Wimbledon, mais pas avec Novak Djokovic”
Dans une entretien exclusif pour Tennis Majors, Marian Vajda révèle les détails de ses échanges avec Novak Djokovic à Roland-Garros, parle du match contre Rafael Nadal, et du nouveau joueur qu’il entraîne, Alex Molcan.
Cette année, l’un des entraîneurs les plus titrés de l’histoire du tennis se balade dans les travées de Wimbledon, comme à son habitude. Ou presque. En apparence, rien n’a changé. Pourtant, sa mission n’est plus du tout la même. Après 15 ans de collaboration avec Novak Djokovic, Marian Vajda est devenu l’entraîneur d’un joueur de 24 ans, moins connu, son compatriote slovaque Alex Molcan.
Vajda est très optimiste sur le futur de Molcan, 51e mondial. Dans un entretien exclusif pour Tennis Majors, Marian Vajda s’exprime sur ses objectifs, et sur sa relation avec Djokovic. Impossible aussi de ne pas parler de la défaite du Serbe, en quarts de finale de Roland-Garros, contre Rafael Nadal, en mai dernier. Et, bien sûr, des chances de Djokovic à Wimbledon, le joueur avec qui il a remporté 20 titres du Grand Chelem.
A Paris, Alex Molcan nous a expliqué que vous utilisez votre expérience avec Novak Djokovic pour expliquer certaines choses. Qu'est-ce que cela veut dire ?
J’ai mes méthodes. J’essaye de mettre en place avec Alex certaines choses que j’ai faites avec Novak. Bien sûr, ce n’est pas pareil. Chaque joueur est différent. Alex est gaucher. Je dois le gérer de manière différente. Je dois encore comprendre certaines choses chez lui, mais tout se passe très bien jusqu’ici. Nous avons connu trois bonnes semaines de préparation sur gazon. Il a faim d’apprendre. Je crois que ses progrès sont déjà visibles.
Alex est un bon joueur sur terre battue. Mais jouer sur gazon est très différent. Nous étudions donc les déplacements, la possibilité de monter plus au filet, la façon de gérer les balles basses, de changer le tempo, etc. J’essaye aussi de faire évoluer son service. Pas de manière technique. Plutôt stratégiquement. Ce qui me rend très heureux, c’est qu’il absorbe tout.
Avez-vous un objectif en termes de classement ? Le Top 20 ?
Pas vraiment. Sans doute qu’Alex aimerait terminer la saison dans le Top 30. Mais nous prenons étape par étape. Il sera 44e mondial après Wimbledon. Il jouera aussi probablement un Masters 1000 cet été. Ce sera une très bonne expérience pour lui.
Je ne dois pas trop l’embêter avec les objectifs. Peut-être aurons-nous des buts plus précis la saison prochaine. Pour le moment, nous nous occupons (avec Karol Beck, co-entraîneur), de développer son jeu.
A Paris, c’était vraiment très étrange d’être dans le camp opposé. C’était un sentiment épouvantable. Je dois être honnête. Je me suis senti vraiment mal, et Novak aussi.
Marian Vajda
Qu'est-ce que ça fait d'être à Wimbledon, mais de ne pas être l'entraîneur de Novak Djokovic ?
C’est étrange, forcément. C’était déjà très étrange à Paris d’être dans le camp opposé (Molcan a affronté Djokovic au deuxième tour de Roland-Garros, et a été battu en trois sets). C’était un sentiment épouvantable. Je dois être honnête. Je me suis senti vraiment mal, et Novak aussi. On reste en contact, bien sûr. On s’envoie des messages. Notre relation est toujours excellente.
Vous avez échangé après la rencontre ?
Je lui ai envoyé un message en lui disant “Félicitations !!”. Il a vraiment bien joué. Je lui ai dit qu’Alex faisait des progrès. Il était d’accord. Novak m’a dit : “Il aurait pu m’attaquer davantage sur mon second service.” Je me suis dis : “Mon dieu, il est fou, il est incroyable !” Il me donne des tactiques contre lui-même ! Je le soutiens toujours. J’espère qu’il gagnera Wimbledon.
Est-il le favori à Wimbledon cette année ?
Je n’ai vu qu’une petite partie de son premier tour. Alex et moi avions un entraînement en même temps. Globalement, Novak est très bien. La gazon est la meilleure surface pour lui. Il a aussi un bon tableau.
Son niveau de jeu au premier tour n’était peut-être pas parfait (Djokovic a lâché un set contre Kwon), mais son niveau augmentera au fur et à mesure des matches.
Parlons de Nadal. Comment analysez vous son niveau de jeu ?
Le match de Novak contre Rafa à Roland-Garros était très compliqué. Rafa a vraiment joué son meilleur tennis. Novak n’a pas trouvé de réponse. Peut-être qu’il a un peu été surpris au début, lorsqu’il a perdu de longs échanges importants. Rafa a pris des risques. Il a beaucoup touché les lignes avec son coup droit, et cela a payé. A chaque fois, c’était à la limite… Les balles auraient pu être dehors de la même façon.