Le coup de massue : Alcaraz assomme Djokovic et conserve son titre à Wimbledon
Il n’y a pas eu de revanche, ni vraiment de choc annoncé. Carlos Alcaraz a conservé son titre à Wimbledon en battant comme l’an dernier Novak Djokovic, pas au mieux et cette fois assommé 6-2, 6-2, 7-6(4) en 2h27, ce dimanche. L’Espagnol décroche son 4ème titre majeur, à seulement 21 ans.
C’était la même affiche que l’an dernier, pour le même résultat. Mais pas le même contexte, ni le même scénario. Comme en 2023 mais beaucoup plus facilement, donc, Carlos Alcaraz a dominé Novak Djokovic, 6-2, 6-2, 7-6(4) en 2h27, pour conserver son titre à Wimbledon et décrocher son quatrième titre du Grand Chelem, ce dimanche.
Astounding Alcaraz 🤩
— Wimbledon (@Wimbledon) July 14, 2024
The Spaniard defends his #Wimbledon title with a stunning straight sets victory over Novak Djokovic, 6-2, 6-2, 7-6(4) 🇪🇸 pic.twitter.com/bEbT9HwMZh
L’Espagnol égale d’ailleurs le record ère Open du nombre de titres majeurs remportés par un jeune joueur de 21 ans ou moins, rejoignant Björn Borg, Mats Wilander et Boris Becker. Avec ce quatrième Majeur, il est aussi, dans la légende, d’ores et déjà l’égal d’un Guillermo Vilas, d’un Jim Courier ou de son compatriote Manuel Santana, qui était jusqu’à présent le deuxième joueur espagnol le plus titré de l’histoire en Grand Chelem, derrière évidemment Rafael Nadal (22). Et puis, vainqueur à Roland-Garros il y a un mois, il est aussi le sixième joueur à réussir le doublé Paris-Londres dans l’ère Open, après Rod Laver, Björn Borg et le Big Three. Le tout, répétons-le encore, à 21 ans…
Bien sûr, il peut y avoir un peu de déception, côté public, de ne pas avoir assisté au choc titanesque de l’an dernier entre les mêmes protagonistes, d’autant que cela faisait six ans qu’on n’avait plus vu une finale de Wimbledon expédiée en trois sets. Mais on l’a dit : ça n’était pas le même contexte qu’en 2023.
Djokovic, le match “post-operatoire” de trop
Opéré d’une lésion méniscale le 5 juin dernier au lendemain de son forfait en quart de finale à Roland-Garros, Novak Djokovic, à la base, n’envisageait même pas d’être là. Sa présence en finale, dans ces conditions, relève d’un exploit hors normes qu’il faut savoir réaliser à sa juste valeur. Il la doit à ses capacités de régénération hors normes, un peu de réussite aussi avec le forfait d’Alex de Minaur en quarts de finale, et son aura extraordinaire qui lui permet de battre dès le vestiaires bon nombre d’adversaires. Mais là, pour lui, c’était peut-être le match “post-opératoire” de trop.
Surtout qu’il n’a clairement pas la même emprise face à Alcaraz que face au gros du peloton du tennis mondial. Ni sur un plan technique, ni sur un plan psychologique. Dès le début du match, marqué par un break d’entrée après un jeu long de 14 minutes, on sentit que le Serbe n’était pas au mieux, tandis que l’Espagnol, lui, dégageait une sérénité impressionnante. Le maître des lieux était peut-être en face, mais le tenant du titre, c’était lui. Et le patron aussi.
On jettera un voile pudique sur le scénario des trois-quarts du match tant, sincèrement, il ne s’est rien passé. Copieusement dominé dans tous les secteurs du jeu, Djokovic était tellement privé de solution qu’il courait à sa perte en se précipitant dans un plan de jeu kamikaze, écourtant les échanges (il est monté 49 fois au filet et s’est fait “trouer” 51% du temps !), ou commettant deux grosses doubles fautes sur deux balles de break, à 3-1 dans le premier set (balle de double break, même) et 1-1 dans le deuxième.
En outre, il n’avait pas du tout son efficacité habituelle en retour. Peut-être aussi parce qu’Alcaraz, lui, se montrait intraitable au service, écartant les deux premières opportunités de break contre lui (une à la fin du premier set, une au début du troisième, c’était maigre) grâce à deux grosses premières. Et même si Novak semblait un peu mieux dans ce troisième set, quand “Carlitos” breaka à 4-4 sur un jeu exceptionnel marqué notamment par un coup droit gagnant à 170 km/h, on crut bien que c’était plié.
La petite enflammade d’Alcaraz
A vrai dire, ça aurait dû l’être. A 5-4, 40-0, soit trois balles de match sur son service, l’Espagnol devait conclure mais il commit à ce moment-là un péché de gourmandise en effectuant notamment une double faute et en tentant une volée de coup droit liftée qui s’égara dans le couloir. En langage amateur, on appelle ça une petite enflammade.
“Même avec ces trois balles de match, je me voyais encore loin de la victoire car je sais à quel point Djokovic est un incroyable guerrier”, s’en défendit-t-il par la suite. “J’ai essayé de rester calme, et de tenir mon service pour aller jusqu’au tie break. Là, j’ai retrouvé mon meilleur tennis et finalement, j’ai trouvé la solution.”
Le clin d’œil de ce match est qu’il la trouva exactement comme l’an dernier, avec une géniale amortie de coup droit qui lui permit de se procurer une balle de match, sur laquelle cette fois il ne trembla pas. A vrai dire, Djokovic n’avait fait que reculer l’échéance. Mais le vent de l’histoire soufflait clairement dans le sens de Carlos Alcaraz, ce dimanche.
Solide sans être jamais vraiment impérial tout au long de la quinzaine, il a donc sorti ses habits de lumière pour le dernier dimanche, et il est une autre statistique qui en dit long sur son sens des grands évènements : il est le deuxième joueur de l’ère Open seulement à remporter ses quatre premières finales du Grand Chelem après Roger Federer, qui a poussé jusqu’à sept. Le voilà définitivement dans la caste des plus grands, même s’il restera numéro 3 mondial et même s’il a encore l’humilité de dire, et on le croit sincère, qu’il ne se sent “pas encore au niveau des immenses champions” qui ont réalisé le doublé Roland-Garros/Wimbledon avant lui. Peut-être pas encore au niveau palmarès, mais il faut le dire encore une fois : il n’a que 21 ans…
Pour Djokovic, dont l’extraordinaire come-back aurait mérité une meilleure note finale, l’addition est lourde : le Serbe concède sa cinquième défaite en trois sets en finale de Grand Chelem, après l’US Open 2007 (contre Federer), Wimbledon 2013 (Murray), Roland-Garros 2020 (Nadal) et l’US Open 2021 (Medvedev). Ces trois dernières, dans un contexte à chaque fois un peu particulier, même si Novak ne cherchait aucune excuse : “Carlos a joué un tennis incroyable, il a largement mérité sa victoire.”
Novak n’avait en revanche jamais perdu deux finales du Grand Chelem d’affilée face au même joueur, et s’il semble encore prématuré de parler de passation de pouvoir, plus encore de l’enterrer, il faut quand même se poser la question : le temps passe, même pour lui, et à 37 ans, sera-t-il capable de gagner un jour ce huitième Wimbledon qui lui permettrait d’égaler le record de Roger Federer ? Sera-t-il capable encore de battre dans les plus grands événements les deux meilleurs joueurs de cette saison 2024, à savoir Jannik Sinner et Carlos Alcaraz ?
Wimbledon est à peine fini qu’on a hâte, déjà, de passer à la suite pour avoir des éléments de réponse. Et le menu estival, avec en ligne de mire les Jeux Olympiques de Paris, s’annonce particulièrement copieux.