Krejcikova fait craquer Paolini et remporte son 2ème Grand Chelem à Wimbledon
Trois ans après le premier à Roland-Garros en 2021, Barbora Krejcikova a décroché son deuxième titre du Grand Chelem à Wimbledon où elle a fait craquer ce samedi Jasmine Paolini, finaliste malheureuse comme à Paris (6-2, 2-6, 6-4). La Tchèque succède à sa compatriote Marketa Vondrousova.
On n’était pas loin de basculer dans le psychodrame, vu la manière dont elle tremblait comme une feuille morte au moment de servir pour le match, ratant ses deux premières opportunités de conclure par deux revers complètement dévissés. Mais Barbora Krejcikova, après avoir effacé – cette fois très joliment – deux balles de débreak, a fini par s’en sortir face à une Jasmine Paolini qui n’avait pas le tensiomètre beaucoup plus fringant dans ce dernier jeu. Un service gagnant extérieur l’a finalement envoyée au paradis, scellant un succès (6-2, 2-6, 6-4 en 1h56) qui lui permet de remporter, ce samedi à Wimbledon, son deuxième titre du Grand Chelem, trois ans après le premier à Roland-Garros en 2021.
La Tchèque, que l’on n’attendait vraiment plus à pareille fête, elle qui avait remporté seulement deux matches sur ses six derniers tournois avant Wimbledon, succède à sa compatriote Marketa Vondrousova, qui avait causé une sensation tout aussi grande l’an dernier en s’imposant aux dépens d’Ons Jabeur. Elle est aussi la joueuse la plus mal classée (32e) à triompher au All England Club après… Marketa Vondrousova (42e) l’an dernier.
“Je n’ai pas de mot, c’est juste incroyable, définitivement le plus beau jour de ma carrière !”, a-t-elle déclaré lors de la cérémonie de remise des prix. “Je crois que personne ne doit croire en ma victoire et je dois dire que même moi, j’ai du mal à y croire !”
Fatale double faute dans le money time
Un sacre qui s’est dessiné vraiment dans les ultimes moments, après deux premiers sets équitablement répartis : le premier pour Krejcikova face à une Paolini rentrée trop tardivement dans sa finale, le deuxième pour l’Italienne face à une Tchèque soudainement devenue plus imprécise. Le mana a mano s’est alors enfin installé puis a perduré jusqu’à 3-3 dans le troisième set, moment (mal) “choisi” par Paolini pour commettre sa première double faute, synonyme de break. Fatal.
Cruel pour Jasmine Paolini, qui devient la sixième joueuse à perdre coup sur coup, dans l’ère Open, les finales de Roland-Garros et de Wimbledon après Evonne Goolagong (1972), Chris Evert (1973, 1984), Olga Morozova (1974), Arantxa Sanchez Vicario (1995, 1996) et Venus Williams (2002). Une stat’ “négative” qui ne doit surtout pas occulter le positif de l’affaire, et la formidable éclosion d’une joueuse qui, rendons-nous compte, sera top 5 lundi alors qu’elle n’avait jamais dépassé le troisième tour d’un Grand Chelem avant 2024, ni gagné le moindre match sur gazon !
Grandeur et beauté du tennis tchèque
Oui, Paolini et son sourire permanent, ce sens du jeu aiguisé, ces bâtons de dynamite qui lui servent de gambettes méritent tous les superlatifs. Mais les honneurs, ce samedi, sont pour Barbora Krejcikova, et elle le vaut bien aussi, pour son tennis chatoyant, d’une pureté cristalline absolument divine mais qu’on avait pourtant fini par oublier, tant elle a traversé de galères physiques depuis son premier sacre majeur il y a trois ans, à Roland-Garros.
Arrivée à Londres en panne totale de confiance, au bord de l’élimination au premier tour face à Veronika Kudermetova – elle s’en est sortie 7-5 au troisième en plus de 3h15 -, l’ancienne numéro 2 mondiale, qui fera son retour dans le top 10 lundi, a retrouvé peu à peu ses sensations pour se sortir d’un tableau pas facile, bien que dégagée de la numéro 1 mondiale Iga Swiatek. L’enchaînement Collins-Ostapenko-Rybakina, avant la finale, était truffé de mines et il faut savoir un peu manier la balle pour se sortir sans dommage d’un tel bourbier.
Avec tout ça, Krejcikova devient la sixième joueuse à décrocher son premier Wimbledon à 28 ans ou plus, après Ann Jones (1969), Virginia Wade (1977), Jana Novotna (1998), Marion Bartoli (2013) et Angelique Kerber (2018). Elle devient aussi la cinquième joueuse tchèque à triompher dans le Temple après Martina Navratilova, Jana Novotna, Petra Kvitova, et donc Marketa Vondrousova. Même s’il y a “débat” autour de la première nommée, la plus grande de toutes, qui avait demandé l’asile aux Etats-Unis lors de ses deux premiers sacres en 1978 et 1979, et qui était donc considérée comme apatride.
Avant que Jana (novotna) ne s’en aille, elle m’avait demandé de gagner un Grand Chelem pour elle.
Barbora Krejcikova
Peu importe : tout cela n’enlève rien à la grandeur (ni à la beauté) de cet heureux tennis tchèque, et si Navratilova était d’ailleurs là pour assister au sacre de celle qui demeure l’une de ses ouailles, Krejcikova, voulait surtout rendre hommage à la regrettée Jana Novotna, victorieuse ici en 1998 et avec qui elle était très proche jusqu’à son décès, en 2017, à 49 ans.
“Avant que Jana ne s’en aille, elle m’avait demandé de gagner un Grand Chelem pour elle. Je l’ai fait à Roland-Garros en 2021, mais jamais je n’aurais pensé gagner le même trophée qu’elle ici, un jour.” C’est pourtant fait et superbement fait, même si l’attente a été longue : Krejcikova a disputé 13 Grands Chelems entre-temps, soit la plus longue attente entre deux titres majeurs après Mary Pierce (20), Arantxa Sanchez Vicario (19) et Svetlana Kuznetsova (18). Comme on dit, cela valait le coup d’attendre.