“Je ne voulais rien faire, juste rester dans ma chambre” – Svitolina, très impactée par les bombardements en Ukraine
Alors qu’un missile russe a détruit un hôpital pour enfants en Ukraine, Elina Svitolina dû trouver la force d’aller sur le court lundi.
S’il elle s’est imposée 6-2, 6-1 contre Wang Winyu et a atteint les quarts de de finale de Wimbledon pour la deuxième année de suite, Elina Svitolina est loin d’avoir passée une journée joyeuse lundi.
En Ukraine, sa patrie, des missiles russes ont tué 36 personnes. Dont de nombreux très jeunes, l’une des cibles ayant été le plus grand hôpital pour enfants du pays.
“C’était extrêmement difficile. Depuis ce matin, je me sens dans le brouillard avec mes pensées, mes sentiments profonds”, a-t-elle déclaré lors de l’interview sur le court, en larmes, après avoir joué avec un ruban noir attaché à son t-shirt.
“C’est un jour incroyablement triste pour tous les Ukrainiens. C’était vraiment difficile pour moi d’être là. Je voulais juste rester dans ma chambre, avec mes émotions.”
“Vous savez, ce genre de jour triste où vous n’avez envie de rien faire. C’est difficile à expliquer. Pour nous, les Ukrainiens, c’est quelque chose qui nous touche au plus profond de nos cœurs, c’est un sujet très sensible, nous ressentons des émotions fortes tous les jours. Aujourd’hui, c’est un jour extrêmement difficile, à cause du missile qui a détruit l’hôpital pour enfants. Vous avez tout de suite les images en têtes. Tellement d’enfants ont perdu la vie.”
Préparation différente pour Svitolina
“Normalement, toute la journée vous pensez au match qui vient, votre adversaire, comment jouer”, a-t-elle ajouté.
“Aujourd’hui, c’était très silencieux avec mon équipe, parce que tout le monde autour de moi est au courant de ce qu’il se passe.”
Impressionnante sur le terrain, Svitolina a expliqué que les circonstances horribles ont peut-être contribué à la détacher de l’enjeu du match.
“Peut-être que c’est aussi pour ça que j’ai joué très, très relâchée, en restant concentrée sur ce que j’avais à faire. J’ai beaucoup pensé à ce qui se passe, j’avais toutes ces images horribles des enfants dans ma tête.”
“On se sent coupable quant on est heureux” – Elina Svitolina
Svitolina a aussi souligné la dualité interne opposant les évènements tragique et le fait de ressentir de la joie, causant une culpabilité complexe.
“On se sent coupable quand on est heureux”, a-t-elle confié. “Je pense que beaucoup d’Ukrainiens partagent se sentiment.”
“Pas seulement parce que je suis en quarts de finale de Wimbledon, mais en général.”
“Par exemple, quand vous êtes en vacances, vous vous sentez coupable parce que vous n’êtes pas en Ukraine. Beaucoup de gens ne peuvent pas quitter le pays. Beaucoup sont en train de faire la guerre, sur le champ de bataille.”
“On vit avec ce sentiment depuis deux ans. Ce n’est pas nouveau, mais, évidemment, ce n’est pas un sentiment agréable à ressentir.”
“On parle beaucoup moins de la guerre en Ukraine dans les médias désormais” – Elina Svitolina
La native d’Odessa a expliqué combien la guerre restait présente dans son esprit, bien que la couverture médiatique a diminué ces derniers mois.
“J’ai l’impression qu’on parle beaucoup moins de la guerre en Ukraine dans les médias désormais. Nous, les Ukrainiens, avons nos groupes Telegram, avec nos familles qui nous disent ce qui se passe.”
“Pour le reste du monde, les nouvelles sont moins régulières dans la presse. Ce n’est pas quelque chose qui vous touche autant quand vous n’êtes Ukrainien. Vous allez moins dans les détails, et c’est totalement humain de ne pas vouloir voir toutes les choses horribles qui se passent dans le monde.”
“Je pense que le reste du monde n’en sait pas tellement sur ce qui se passe vraiment (en Ukraine).”
Si Elina Svitolina continue à jouer, c’est aussi parce qu’elle voit le tennis comme un porte-voix pour sensibiliser la planète. Et se qualifiant à nouveau pour les quarts de finale de Wimbledon, la tête de série numéro 21 va pouvoir continuer, avec brio, sa mission.