Jabeur, avant sa deuxième finale de Wimbledon consécutive : “Je suis une joueuse différente par rapport à l’année dernière”
Avant sa troisième finale de Grand Chelem, la deuxième consécutive à Wimbledon, Ons Jabeur a expliqué en quoi elle a évolué depuis l’an passé.
Elle est de retour et, elle l’affirme, elle a changé. Non, bien que surnommée “la ministre du bonheur” en Tunisie, Ons Jabeur ne fait pas de politique. Elle se contente de jouer au tennis. Brillamment. Comme l’an passé, la voilà en finale de Wimbledon. En se sentant différente, plus forte en comparaison de ce qu’elle était douze mois en arrière.
“L’ancienne Ons Jabeur aurait probablement perdu ce match”, a-t-elle lancé lors de l’interview sur le court après sa victoire 6-7⁵, 6-4, 6-3 alors qu’elle était menée 7-5⁵, 4-2 par Aryna Sabalenka en demi-finale. Un constat davantage développé un peu plus tard, en conférence de presse.
“Oui, je suis une joueuse différente par rapport à un an en arrière”, a-t-elle répondu devant les journalistes. “Je travaille sur moi-même comme une acharnée. Vous ne pouvez pas imaginer tout ce que je fais. Il y a toujours quelque chose (à améliorer), je suis très dure avec moi-même.”
“J’ai toujours cru au mental, au fait de le travailler”, a-t-elle ajouté. “Je le bosse depuis mes 10 ans, quelque chose comme ça. Parce que je sais que même en n’étant pas totalement prête physiquement, il est toujours possible de gagner au mental. C’est probablement ce qu’il s’est passé lors des deux derniers matchs.”
J’ai toujours cru au mental, au fait de le travail. Je le bosse depuis mes 10 ans.
Ons Jabeur
En quart de finale puis en demi-finale, face à des machines à aces et services gagnants comme Elena Rybakina et Aryna Sabalenka, la Tunisienne a dû s’accrocher pour s’en sortir à chaque fois en trois sets. Et, si sa déclaration n’a pas laissé transpirer une confiance totale en son physique, c’est sans doute à cause des blessures connues cette saison.
Après son élimination au deuxième tour de l’Open d’Australie – contre Markéta Vondroušová, son adversaire en finale à Londres samedi – la joueuse de 28 ans a été opérée du genou. Après une défaite lors son deuxième match à Indian Wells pour son tournoi de reprise, de nouveau contre Vondroušová, elle s’est inclinée dès son entrée en lice à Miami.
Retrouvant la forme avec un titre sur la terre battue de Charleston, elle a ensuite été stoppée dans son élan sur celle de Stuttgart où, lors de sa demi-finale, en pleurs, elle a dû jeter l’éponge contre Iga Swiatek en raison d’une déchirure au mollet. Des coups durs, qui ont impacté sa “santé mentale”, dont elle a su tirer du positif.
“Les blessures m’ont peut-être ralentie, mais ça m’a aussi appris à être plus patiente, à accepter ce qu’il se passe”, a-t-elle confié. “Or, parfois, je suis un peu trop impatiente, notamment quand je travaille sur un point à améliorer. Ce qui n’est pas bon.” Une patience nouvelle qui lui a aussi été plus qu’utile afin de retourner la situation contre Sabalenka.
Oui, mon tableau était plus compliqué cette année, mais ça me donne plus de confiance.
Ons Jabeur
Pour devenir différente, progresser, la native de Ksar Hellal s’est aussi appuyée sur son expérience. Celle des deux finales de Grand Chelem perdues en 2022, contre Rybakina sur le gazon du All England Club, face à Swiatek lors de l’US Open.
“L’an passé (à Wimbledon), c’était ma première finale de Grand Chelem”, a-t-elle rappelé. “Gagner un titre en Majeur, c’est ce que j’ai toujours voulu. Mais, parfois, on doute, on se demande si on va y arriver un jour. Être en demi-finale, en finale, ça aide à y croire davantage. J’ai beaucoup appris des mes finales à Wimbledon et l’US Open. Peut-être que l’an passé était fait pour essayer deux fois, afin d’y arriver la troisième fois (sourire).”
Et, pour s’offrir cette troisième chance, Ons la philosophe a réussi un parcours de reine. En éliminant consécutivement, à partir du troisième tour, quatre joueuses titrées en Grand Chelem. En plus de Sabalenka (Open d’Australie 2023) et Rybakina (Wimbledon 2022), elle a vaincu Kvitová (Wimbledon 2011 et 2014) en huitième de finale et Andreescu (US Open 2019) au troisième tour.
De quoi y laisser des plumes ; trois victoires en trois manches. Mais, travaillant avec sa coach mental “pour transformer le négatif en positif”, elle a su voir le bon côté de ce parcours difficile.
Je vais y aller pour prendre ma revanche.
Ons Jabeur, avant d’affronter Marketa Vondroušová en finale de Wimbledon
“Oui, mon tableau était plus compliqué cette année (l’an passé, elle n’avait affronté qu’une tête de série, la 24e, Elise Mertens, avant la finale)”, a-t-elle analysé. “Mais peut-être que c’est une bonne chose, ça me donne plus de confiance et me met dans le rythme afin d’être prête pour la finale.”
En vue de celle-ci, elle est restée dans le positivisme. Après avoir vaincu Rybakina et Sabalenka, rivales qui l’avaient stoppée lors des deux éditions précédentes, elle a pris son futur duel contre une Vondroušová face à laquelle elle a perdu ses deux derniers matchs comme une opportunité de riposte.
“Je vais y aller pour prendre ma revanche”, a-t-elle déclaré. “Je ne sais pas comment elle va aborder sa deuxième finale de Grand-Chelem (après celle perdue contre Ashleigh Barty à Roland-Garros en 2019), mais nous avons toutes les deux faim. Ça va être très difficile. Celle qui gèrera le mieux ses émotions et qui sera le mieux préparée gagnera.”
Et peu importe l’issue du match, la gagnante en sortira différente. Sur le papier, du moins, en entrant dans l’histoire du tennis comme une championne titrée en Grand Chelem.