Garcia, entre confiance et fatigue : “Raducanu, ce sera un super match à jouer”
Caroline Garcia a serré les dents pour arracher sa victoire du premier tour lundi, et elle espère avoir suffisamment récupéré mercredi au moment de défier le phénomène Emma Raducanu.
La victoire, c’est bien, mais ça fatigue ! On verra mercredi, sur le Central ou le Court 1 de Wimbledon, si le trophée conquis à Bad Homburg continuera de porter ou finira par plomber Caroline Garcia. “Le titre apporte de la confiance, tu sais que certains points de ton jeu sont en place, même si ce lundi, je n’ai pas pu m’appuyer sur beaucoup d’entre eux et qu’il a fallu cravacher et batailler” nous a déclaré la Française après avoir écarté la wild-card britannique Yuriko Miyazaki (4-6, 6-1, 7-6).
“Là il va falloir ‘faire du jus’ pendant le jour de repos, mais aussi effectuer quelques réglages car la surface est différente ici. Quand tu as gagné un tournoi, tu es forcément passée par des moments compliqués, tu étais dans le stress, mais tu as réussi à bien gérer donc ça donne de la confiance aussi. Il y a un chemin clair et net. Tu sais commet tu as gagné et comment il faut continuer.”
Garcia : “L’enchaînement est quand même compliqué”
En voyant Garcia arriver sur le court 17 de Wimbledon pour son premier tour avec les deux cuisses cachés sous les bandages, on se doutait que ce match avait toutes les allures du piège et donc de la douche froide.
“Je suis arrivée tard d’Allemagne, et les conditions sont vraiment différentes. Physiquement, je ne savais pas trop comment j’allais me sentir donc je n’avais pas d’attentes particulières. L’enchaînement est quand même compliqué, donc forcément je ne m’attendais pas être hyper dynamique sur le court. Mais je suis contente de la façon dont j’ai réussi à gérer ce paramètre-là. Je ne pouvais pas trop m’appuyer sur mon physique mais j’ai réussi à passer tout juste pour bien m’adapter aux conditions et j’ai progressé au fil du match. C’est le plus important.”
A 4-5 15-30 dans le troisième set, après avoir perdu son break d’avance (3-1), la Française n’était pas loin de la rupture. Mais c’est là qu’on a vu qu’un cap avait été passé en Allemagne, le même qui devra lui servir face à Emma Raducanu, tête de série n°10, mercredi.
Une énorme gifle de coup droit décroisé et un ace dans les deux derniers points ont écarté Garcia du précipice, puis son mental a fait le reste jusqu’à la fin du match. Décidée à faire le jeu quoi qu’il arrive, Garcia s’en est sortie.
Maintenant, un beau défi l’attend. “C’est un super match à jouer face à Raducanu au prochain tour, elle sera évidemment la favorite du public mais j’ai hâte de jouer ce match.”
Il y a un an, un deuxième tour face à Emma Raducanu lui aurait valu une place sur un court annexe, n’importe où sur le circuit, et même à Wimbledon. Mais aujourd’hui, Raducanu est devenue du jour au lendemain une star internationale dont le visage s’affiche partout : magazines, campagnes d’affichage, avant-premières de films, Met gala, et on en passe.
Face à Coco Gauff qui répondait à Paris, avant sa finale, que gagner le titre ne changerait pas sa vie, on avait tous souri. Elle aussi : si, un titre du Grand Chelem, ça peut changer une vie. Celui du dernier US Open a renversé celle d’Emma Raducanu.
Garcia – Raducanu, le précédent à Indian Wells
Depuis ? Pas grand-chose à part beaucoup de signatures de contrats. Mais la joueuse de 19 ans, tête de série n°10 ici, a du jeu et, pour le moment, des nerfs aussi, car elle ne plie pas sous la pression délirante qui s’abat sur chacune de ses sorties depuis New York. A Wimbledon, elle revient sur les terres de ses premiers exploits puisqu’elle avait atteint les huitièmes de finale ici l’an passé, déjà à la surprise générale, avant d’abandonner suite à une crise de panique.
Voilà la “Emma-Mania” que va découvrir Caroline Garcia mercredi. Elle avait affronté Raducanu cette année à Indian Wells et perdu en trois sets (6-1, 3-6, 6-1) mais ce prochain affrontement ne devrait pas se jouer dans la même ambiance. A Wimbledon, la Grande-Bretagne rêve de voir Raducanu aller au bout. Cela ferait aussi peu de sens que son triomphe à New York mais si elle l’a fait une fois, pourquoi pas deux ? Les proportions prises hors des courts par l’ascension de Raducanu défient toute logique.
“Si sa personnalité et son jeu parlent à beaucoup de monde, tant mieux pour elle, mais j’ai envie de me concentrer sur le tennis”
Caroline Garcia sur Emma Raducanu
Alors on a demandé à Garcia quel regard elle portait sur cette nouvelle venue à la trajectoire décidément peu commune. Elle a souri. “C’est vrai qu’elle est passée en douze mois d’une joueuse qui était 350 à un phénomène mondial dans tous les domaines, et auprès de tous les sponsors qui existent. Tant mieux pour elle ! Si sa personnalité et son jeu parlent à beaucoup de monde, tant mieux pour elle. Après, j’ai juste envie de me concentrer sur le tennis, de voir ce qu’elle fait sur le court et trouver comment je peux trouver une solution.”
Raducanu a fait plutôt bonne impression face à Alison Van Uytvanck lundi, dans le jeu comme dans l’attitude (6-4, 6-4). Déterminée sans être tendue, la nouvelle star a assumé un statut fou qu’elle réussit pour l’instant à accepter sans perdre la tête. “Je n’ai pas pu jouer depuis deux semaines et cette semaine je n’ai pas pu m’entraîner plus d’une heure par jour donc ma préparation n’a pas été idéale, mais je sais que quand vient le match, j’ai du répondant, c’est comme ça. C’était extraordinaire de jouer sur le central aujourd’hui.”
“Je vais surtout devoir être agressive” (Garcia)
Il serait vraiment dommage pour Garcia que ses jambes la lâchent au cours de ce match, car elle possède sur le papier de quoi transformer ce deuxième tour en un sacré mano a mano valant son pesant de popcorn.
“Caroline sera une adversaire dangereuse, a déjà prévenu la Britannique. Elle joue très vite mais je serai prête pour ça”. On ne peut pas croire que les expérimentées du circuit, dont la Française fait partie, à 28 ans, n’ont pas l’orgueil qui parlent un peu plus fort que d’habitude au moment d’affronter Raducanu. Pas la personne, mais le phénomène. Peut-être le petit supplément d’âme que Garcia devra convoquer pour convaincre ses jambes de faire le job.
A ce moment de sa carrière, la Française a besoin de retrouver ces grandes ambiances dans les grands tournois. Et sans doute encore plus d’aller y conquérir quelques victoires d’importance.