Comment Alcaraz a résolu le casse-tête des matchs en cinq sets
Carlos Alcaraz est un habitué des victoires en cinq sets. Mais quel est la clef de son succès dans cette exercice ?
Sérieusement bousculé par Frances Tiafoe au troisième tour de Wimbledon, Carlos Alcaraz n’est pas tombé. Un succès 5-7, 6-2, 4-6, 7-6 [2], 6-2, son quatrième en autant de matchs disputés en cinq sets à Wimbledon, par lequel il a de nouveau démontré sa solidité lors des duels au long cours. Et sa capacité à jouer un tennis à couper le souffle dans les moments chauds pour laisser le doute manger la tête de son adversaire.
Désormais, l’Espagnol, qui affrontera Ugo Humbert ou Brandon Nakashima en huitième de finale, affiche un bilan de 12 victoires – dont deux en finale – pour une défaite lors des empoignades en cinq manches en Grand Chelem. De quoi avoir le plus haut pourcentage de l’histoire dans ce domaine, parmi les joueurs ayant disputé au moins 10 combats de cinq rounds en Majeur.
Meilleurs pourcentages de victoires en cinq sets en Grand Chelem (minimum 10 matchs joués, dans l’ère Open):
- Carlos Alcaraz : 92,3 % (12 victoires – 1 défaite)
- Björn Borg : 87 % (20 – 3)
- Johan Kriek : 86,7 % (12 – 2)
- Harold Solomon : 84,6 % (11 – 2)
Après son succès, Alcaraz a révélé qu’il était au courant de cette statistique, en expliquant qu’elle lui avait permis de croire encore plus en lui lors des pièces en cinq actes, sachant qu’il les gagnait quasiment toutes.
“Quand j’étais à 5-1, 6-1 (au bilan de ses matchs en cinq sets), j’ai commencé à me dire : ‘OK, en cinq sets, je vais être meilleur que mon adversaire'”, a-t-il répondu en conférence de presse vendredi.
Le physique, c’est la clef
Mais qu’est-ce qui rend Alcaraz si efficace sous la pression ? Lui qui a remporté la finale de Wimbledon l’an passé, alors qu’il était mené deux sets à un par le monument Novak Djokovic, septuple vainqueur du tournoi. Est-il simplement le modèle-type de la grâce qui se révèle lorsque la pression est à son paroxysme ? Ressent-il la nervosité, le stress ?
Pour lui, sa confiance dans ces situations vient de sa forme physique.
“Se sentir au top physiquement, ça aide beaucoup”, a-t-il déclaré. “Pour jouer en étant plus calme que l’adversaire, en se sentant mieux que lui physiquement, mentalement. Je sais que le gars va devoir jouer à un très haut niveau d’intensité pendant cinq sets s’il veut me battre. Ça m’aide beaucoup à gérer les situations difficiles en cinq sets.”
Une argumentation qui sonne bien. Mais tout ça ne peut se résumer qu’à une question de physique. lors des points cruciaux, l’Espagnol joue avec un relâchement épatant. Alors que son adversaire devient plus timoré, lui gagne en audace. Il joue libéré là où la plupart des autres se tendent.
Aucune cicactrice
L’absence de plusieurs défaites douloureuses en cinq manches, qui auraient laissé des cicatrices, est sans doute aussi une des raisons de sa réussite dans cet exercice. En gagnant 12 des ses 13 marathons – dont sept contre des membres du top 20 -, Alcaraz s’est créé un sentiment d’invincibilité dans son esprit. Ses victoires précédentes lui permettent de respirer, de prendre conscience qu’en jouant libéré tout va bien se passer pour lui.
“Dans ma tête, je me dis que je suis bon là-dedans (les matchs en cinq sets), et mes adversaires doivent croire que je vais gagner, que je vais jouer mon meilleur tennis. Dans chaque match que j’ai joué en cinq sets, j’ai évolué très proche de mon meilleur niveau. J’ai pris conscience que j’étais bon dans ces situations et que j’allais gagner. Je pense que c’est le point positif pour moi.”
Peut-être que ça ne durera pas éternellement, mais pour le moment, il est difficile de contester l’incroyable qualité d’Alcaraz lors des batailles en cinq manches. À 21 ans, il semble avoir déjà résolu l’un des casse-têtes du tennis : comment produire son meilleur tennis aux moments où ça compte le plus.