Moya : “Rafa avait atteint un niveau d’usure mentale il y a deux ans dont il était à nouveau proche”
Carlos Moya a détaillé les raisons du forfait de Rafael Nadal, usé physiquement et mentalement, pour Wimbledon et les Jeux Olympiques.
Vidé, tout simplement. Tel était l’état dans lequel s’est retrouvé Rafael Nadal au sortir de la saison européenne sur terre battue, conclue par une défaite en demi-finale de Roland-Garros contre Novak Djokovic (3-6, 6-3, 7-6, 6-2). D’où la décision de l’Espagnol de ne pas s’aligner à Wimbledon, le troisième Grand Chelem de la saison qui débutera lundi prochain, et sur le tournoi olympique à Tokyo fin juillet.
Interrogé par la RTVE ce lundi, Carlos Moya s’est exprimé plus en longueur sur la décision de son joueur de couper avec la compétition. L’entraîneur de Nadal estime ainsi que cette pause était indispensable pour pouvoir mieux repartir.
“La tournée sur terre battue était très dure, avec beaucoup de pression physique et mentale”, estime Moya. “Rafa a terminé épuisé. Il va prendre une pause bien méritée. C’est un marathon, une course de fond, dans laquelle des décisions difficiles doivent être prises et il a considéré que le mieux est de s’arrêter pour pouvoir revenir en pleine forme. Rafa avait atteint un niveau d’usure mentale il y a deux ans dont il avait été très difficile de se sortir, et il en était de nouveau proche. Il ne peut pas se permettre de jouer un Grand Chelem s’il n’est pas à 100%.”
La préparation raccourcie pour Wimbledon a joué un rôle dans la décision de Nadal
Habituellement dominateur sur terre battue, Nadal a bataillé plus que de coutume sur sa surface de prédilection. Il a certes remporté les tournois de Barcelone et de Rome, mais y a sauvé des balles de match à chaque fois (au cours d’une finale de plus de 3h30 contre Stefanos Tsitsipas en Catalogne et au troisième tour contre Denis Shapovalov en Italie). Il a aussi dû s’incliner dès les quarts de finale à Monte-Carlo (élimination par Andrey Rublev) et à Madrid (défaite contre Alexander Zverev).
Après une telle campagne sur terre battue, trois semaines entre Roland-Garros et Wimbledon auraient été utiles. C’était ainsi que le calendrier 2021 était construit, mais cela a évolué quand Roland-Garros a été reporté d’une semaine en raison de la pandémie de coronavirus.
Comme Nadal quand il a annoncé son forfait pour Wimbledon et Tokyo 2020, Moya a confirmé que cette préparation raccourcie avait joué un rôle dans la décision de Nadal de se retirer. “Plus que la défaite contre Djokovic”, a même précisé l’ancien vainqueur de Roland-Garros, en 1998.
La défaite de Nadal contre le numéro 1 mondial n’était que sa troisième en carrière à Roland-Garros. Il en est désormais à 105 victoires pour 3 défaites dans le Grand Chelem parisien, ayant perdu précédemment contre Robin Söderling en huitième de finale en 2009 et contre Novak Djokovic en quart de finale en 2015. A ce rythme, Nadal ne devrait plus perdre à Roland-Garros d’ici… 2027.
Nous allons beaucoup apprendre de ce match
Carlos Moya
“Tout était très équilibré, a analysé Moya pour la RTVE au sujet de la demi-finale de 2021. Une série de points peut bouleverser la dynamique. Novak était meilleur dans ces situations, comme à 5-6 dans le troisième set. Mais il était aussi primordial que Rafa l’ait laissé entrer dans le match quand il menait 5-0 dans le premier set. Même s’il a fini par gagner ce set, ç’a éveillé des doutes de voir comment Djokovic élevait son niveau.”
“On parle régulièrement de tactique, mais pour gagner ces matchs, vous devez être en réussite sur tous vos coups. Rafa a commis trop de fautes directes et il n’était pas à son niveau au service ou avec le revers. Novak a été meilleur, il l’a très bien enfermé du côté revers et Rafa ne pouvait pas s’en échapper. Nous allons beaucoup apprendre de ce match.”
Rafa ne montrera pas ce qu’il a appris de ce match à Wimbledon ou aux Jeux Olympiques. Sa prochaine apparition sur le court, ce pourrait être à Toronto, à Cincinnati ou à l’US Open, qu’il a gagné quatre fois (2010, 2013, 2017, 2019). Peut-être sa meilleure opportunité dans l’année, après Roland-Garros, d’ajouter un 21e titre du Grand Chelem à son palmarès.