Alcaraz : “Comme le Big 3, je veux trouver des solutions dans les mauvais jours”
Après sa qualification pour les demi-finales de Wimbledon, Carlos Alcaraz a souligné la capacité qu’avait le Big 3 à gagner même dans les jours sans.
Il fut un temps, désormais révolu, ou une hydre à trois têtes bouffait tout sur son passage, en ne laissant que des miettes aux autres dents longues du circuit ATP. Un monstre tricéphale – le FeDalOvic, 66 titres du Grand Chelem -, auquel s’est en plus greffé une quatrième entité, le Murray : avec 20 demi-finales atteintes, au minimum, sur 36 Majeurs joués entre l’US Open 2008 et Roland-Garros 2017 – pour huit finales et trois titres.
Pendant près de deux décennies, ce Big 3 plus un a dévoré la concurrence. Pourtant, aussi fort soit-il, aucun joueur ne peut traverser tant d’années sans connaître des mauvais jours. Leur force était aussi de ne pas tomber dans la frustration excessive lorsqu’ils peinaient à produire leurs meilleurs tennis, et à être suffisamment humble pour accepter de devoir se battre comme des acharnés face à des adversaire a priori nettement inférieurs.
Dans Ce sport qui rend fou, Gilles Simon, en s’appuyant sur Rafael Nadal, a décrit cela à merveille. L’exemple choisi : le huitième de finale d’Indian Wells 2016 remporté 5-7, 6-0, 7-5 par le gaucher des Baléares face à un Alexander Zverev de 18 ans. “Zverev rate une volée facile sur balle de match en sa faveur », a remémoré “Gillou”. “Normalement c’était fini. Mais il la met dans le filet.“
Tout le monde n’en est pas capable.
Gilles Simon
“Nadal se fait accrocher comme pas possible par un joueur qui a onze ans de moins que lui, et une fois le match remporté il saute partout comme s’il n’avait jamais été aussi heureux de gagner, il est comme un gosse. À aucun moment il ne s’est dit que c’était normal de battre ce petit jeune, malgré tous les trophées exposés dans son musée à Majorque.”
“À la fin, Rafa donne l’impression qu’il a fait une prestation hors du commun, ça c’est une vraie preuve d’humilité quand tu as un palmarès comme le sien. Croyez-moi, ils sont rares les joueurs du circuit qui ont cette réaction-là quand ils se font accrocher par un joueur supposément moins fort qu’eux. Tout le monde n’en est pas capable.”
Cette faculté à finir vainqueur de rencontres au cours desquels la fluidité et le meilleur tennis ont restés à la maison est devenu l’un des axes de progressions ciblés par Carlos Alcaraz au cours des dernières saisons. Au cours de son parcours victorieux à Roland-Garros et depuis le début de Wimbledon, l’Espagnol a connus des hauts et des bas. Mais, à chaque fois, il est parvenu à s’en sortir, en se montrant maître des moments importants.
ça va être difficile de jouer mon meilleur tennis à chaque match, Mais je dois quand même essayer de gagner.
Carlos Alcaraz
“J’essaie juste de trouver des solutions”, a-t-il expliqué en conférence de presse après son succès contre Tommy Paul en quart de finale sur le gazon londonien, 5-7, 6-4, 6-2, 6-2 alors qu’il était mené 7-5, 2-0. “Évidemment, ça va être difficile de jouer mon meilleur tennis à chaque match. Mais je dois quand même essayer gagner sans être à mon top. C’est ce que le Big 3 (Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic) a fait. Tout au long de leurs carrières, ils ont réussi à gagner lorsqu’ils n’étaient pas dans de bons jours.”
“C’est ce que je veux faire”, a continué le protégé de Juan Carlos Ferrero. “Quand je ne suis pas à mon meilleur niveau, je veux trouver des solutions pour être un peu au-dessus de l’adversaire. C’est difficile à faire, mais parfois j’aime ce genre de match. Quand je ne suis pas brillant, mais d’un niveau suffisant pour gagner.” Appliquer, en somme, ce qu’avait enseigné Brad Gilbert à Andre Agassi, comme l’a raconté ce dernier dans son autobiographie, Open : “Tu n’as pas besoin d’être le meilleur du monde à chaque match, tu as seulement besoin d’être meilleur que ton adversaire du jour.”
Plus jeune numéro 1 mondial de l’histoire du tennis, déjà vainqueur de trois titres du Grand Chelem – US Open 2022, Wimbledon 2023 -, Carlos Alcaraz s’est imposé comme un potentiel nouveau monstre tennistique gargantuesque pour le futur. Auquel Jannik Sinner a répondu en franchissant un palier pour remporter l’Open d’Australie 2024, et nous permettre de croire en la naissance d’une nouvelle hydre, en espérant même que d’autres têtes encore puissent pousser.