28 juin 2012 : Le jour où la série noire de Nadal à Wimbledon a débuté par une défaite contre le 100e mondial
Rafael Nadal chute dès le deuxième tour de l’édition 2012 de Wimbledon, le 28 juin, contre Lukas Rosol, alors 100e mondial. Le début d’une série d’échecs à Londres pour l’Espagnol.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Une énorme surprise à Wimbledon
Le 28 juin 2012, au deuxième tour de Wimbledon, Rafael Nadal subit une défaite cuisante face à Lukas Rosol, alors 100e mondial et inconnu du grand public (6-7, 6-4, 6-4, 2-6, 6-4). Le Tchèque réussit un match presque parfait pour éliminer l’Espagnol, qui avait atteint la finale lors de ses cinq dernières apparitions au All England Club, remportant le titre à deux reprises, et avait disputé la finale des quatre derniers tournois du Grand Chelem. Pour Nadal, c’est le début d’une série noire à Wimbledon, où il ne franchira à nouveau les huitièmes de finale qu’en 2018.
Les acteurs : Rafael Nadal et Lukas Rosol
- Rafael Nadal, le spécialiste de la terre devenu bien plus que ça
En juin 2012, Rafael Nadal n’a que 26 ans, mais ses exploits lui ont déjà garanti un chapitre dans les livres d’histoire du tennis. Ses statistiques sur terre battue sont incroyables. Presque invincible sur sa surface de prédilection, il a remporté Roland-Garros dès sa première participation (aux dépens de Mariano Puerta, 6-7, 6-3, 6-1, 7-5). Et depuis, il a triomphé à cinq autres reprises à Paris (2006, 2007, 2008, 2010, 2011), affichant 45 victoires pour seulement une défaite. En dehors de Robin Söderling, qui l’a éliminé en huitièmes de finale en 2009 (6-2, 6-7, 6-4, 7-6), personne n’a réussi à prendre plus d’un set à Nadal à Roland-Garros. Il détient également un record de 81 victoires consécutives sur terre, surface sur laquelle il remporte un total de 32 tournois.
Par ailleurs, suite à son deuxième succès en Grand Chelem, il a fait évoluer son jeu, le rendant plus agressif afin d’être plus à l’aise sur surfaces rapides. Vaincu par Roger Federer en finale de Wimbledon en 2006 et en 2007, il s’impose finalement au All England Club en 2008, venant à bout de son rival suisse à l’issue de l’un des plus beaux matches de tous les temps (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7). Nadal devient numéro 1 mondial pour la première fois, mettant fin au règne de Federer, long de 237 semaines. En 2009, il gagne un premier tournoi du Grand Chelem sur dur, à l’Open d’Australie, où il se sort d’une demi-finale de cinq heures contre Fernando Verdasco (6-7, 6-4, 7-6, 6-7, 6-4) avant de batailler pendant cinq sets pour battre Federer en finale (7-5, 3-6, 7-6, 3-6, 6-2).
Les blessures le minent pendant les douze mois suivants, mais Nadal revient plus fort que jamais en 2010, prenant sa revanche sur Söderling en finale de Roland-Garros (6-4, 6-2, 6-4) avant de remporter Wimbledon pour la deuxième fois, écartant en finale Tomas Berdych (6-3, 7-5, 6-4). En septembre 2010, il réalise le Grand Chelem en carrière en battant Novak Djokovic en finale de l’US Open (6-4, 5-7, 6-4, 6-2), et à ce moment-là, il semble parti pour dominer le tennis. Mais en 2011, le Serbe hausse son niveau de jeu et devient le nouveau leader du circuit. Battu par Djokovic en finale à Indian Wells, Miami, Madrid, Rome, Wimbledon et l’US Open, l’Espagnol sauve sa saison en remportant un sixième titre à Roland-Garros, en battant une fois encore Federer en finale (7-5, 7-6, 5-7, 6-1). En finale de l’Open d’Australie 2012, Nadal est à nouveau dominé par Djokovic (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5), et il semble alors vraiment que le Serbe ait pris l’ascendant sur lui. Toutefois, Nadal reprend le dessus pour remporter un septième titre à Roland-Garros, et il est évidemment l’un des favoris de Wimbledon.
- Lukas Rosol, arrivé tardivement dans le Top 100
Né en 1985, Lukas Rosol fait son entrée dans le Top 100 seulement en 2011. Cette année-là, il obtient le meilleur résultat de sa carrière, en sortant des qualifications de Roland-Garros avant d’atteindre le troisième tour, avec une belle victoire au passage sur le N°8 mondial, Jurgen Melzer (6-7, 6-4, 4-6, 7-6, 6-4). Il monte ensuite jusqu’à la 65e place mondiale, mais en juin 2012, il est 100e au classement ATP.
Le lieu : Wimbledon
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Croquet Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.
Après la conversion, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc, où le fait de programmer le tenant du titre en match d’ouverture sur le court central.
L’histoire : L’exploit majuscule de Rosol
En 2012, lorsque débute Wimbledon, malgré son style de jeu que beaucoup jugeaient de prime abord inadapté au gazon, Rafael Nadal fait partie des favoris. Depuis 2005 et une défaite au deuxième tour face à Gilles Muller, le roi de la terre battue est également l’un des meilleurs joueurs sur gazon : finaliste au All England Club en 2006 et 2007 (battu par Roger Federer), vainqueur en 2008 et 2010, avant de perdre une nouvelle finale, cette fois face à Novak Djokovic, en 2011. Le Taureau de Manacor a disputé la finale des quatre derniers tournois du Grand Chelem et, après une excellente saison sur terre battue, il est un sérieux prétendant à la place de N°1 mondial.
Au premier tour, Nadal écarte facilement un autre gaucher, le Brésilien Thomaz Bellucci (7-6, 6-2, 6-3), et lorsqu’il pénètre sur le Centre Court pour affronter le 100e mondial, Lukas Rosol, au deuxième tour, personne ne pense un instant que le Tchèque peut représenter une quelconque menace pour le finaliste du tournoi 2011. Pourtant, Rosol prend sa chance, déployant un jeu à haut risque pour priver Nadal des longs échanges dont l’Espagnol a besoin pour trouver son rythme. Le Tchèque se procure même une balle de set à 6-5. Mais lorsque Nadal l’écarte d’un ace et remporte le set (7-6), la plupart des spectateurs pensent certainement que Rosol va s’effondrer après avoir un temps surjoué.
Mais Rosol ne s’effondre pas. Bien au contraire, il prend le service de Nadal dès le début du deuxième set et continue à contrôler les échanges en prenant constamment l’initiative. Il sait que s’il veut battre Nadal, il doit raccourcir les échanges et jouer de manière aussi agressive que possible. Soudain, il semble qu’une grande surprise peut effectivement se produire, une tendance qui se confirme alors que Rosol empoche les deuxième et troisième sets (6-4, 6-4).
Nadal continue de se battre et, dans la quatrième manche, il semble avoir retrouvé son rythme. L’Espagnol reprend le contrôle du match, remportant le set (6-2) pour pousser Rosol dans un dangereux set décisif. Cependant, l’élan de Nadal est coupé par la décision des organisateurs de fermer le toit, ce qui interrompt le match pendant 40 minutes. Lorsque le jeu reprend, Rosol est en feu. Il breake Nadal d’entrée et, remportant 95 % des points sur son premier service, il conserve son service jusqu’à la fin. Le Tchèque remporte le dernier jeu blanc avec trois aces et un coup droit gagnant.
“J’étais comme ailleurs, déclare Rosol à propos du cinquième set, selon le New York Times. Je veux dire que c’est peut-être une fois dans la vie que vous pouvez jouer comme ça contre Rafael Nadal sur le Centre Court, et que vous pouvez gagner contre lui.”
Nadal, bien qu’il soit évidemment assommé par la performance de son adversaire, et pas très satisfait de la décision de fermer le toit, essaie de cacher sa déception en conférence de presse.
“Ce n’est pas une tragédie. Ce n’est qu’un match de tennis, dit-il. Quand un adversaire joue comme il l’a fait au cinquième set, vous êtes en son pouvoir.”
La postérité du moment : Nadal subira d’autres désillusions à Londres
Lukas Rosol sera éliminé par Philip Kohlschreiber au tour suivant (6-2, 6-3, 7-6). Cette performance restera le point d’orgue de sa carrière en simple. Le Tchèque remportera tout de même deux titres (à Bucarest en 2013, et à Winston-Salem en 2014), ce qui lui permettra de se hisser jusqu’au 26e rang mondial en 2014.
Rafael Nadal ne jouera pas d’autre match officiel en 2012. Souffrant d’une blessure au genou, il déclarera forfait pour les Jeux olympiques, l’US Open et même l’Open d’Australie 2013. Il ne reviendra sur le circuit qu’en février 2013, sur terre battue, à Vina del Mar. Sa défaite contre Rosol est la première d’une série de déceptions à Wimbledon : battu au premier tour par Steve Darcis en 2013, puis en huitièmes de finale par Nick Kyrgios en 2014, il subira une nouvelle désillusion au deuxième tour de l’édition 2015 contre Dustin Brown. Battu en huitièmes de finale par Gilles Muller en 2017, il retrouvera finalement les demi-finales en 2018 (battu par Novak Djokovic, 6-4, 3-6, 7-6, 3-6, 10-8), en 2019 (battu par Roger Federer, 7-6, 1-6, 6-3, 6-4) et en 2022 (forfait avant de défier Nick Kyrgios).