27 juin 1960 : Le jour où Lottie Dod, vainqueure de Wimbledon à 15 ans, s’est éteinte (laissant un record toujours inégalé)
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 27 juin 1960, la légende Lottie Dod s’éteignait dans son lit, alors qu’elle écoutait la rediffusion de son sacre record de Wimbledon 1887.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Le décès de la plus jeune lauréate de Wimbledon
Ce jour-là, le 27 juin 1960, Charlotte “Lottie” Dod, la plus jeune joueuse à avoir gagné Wimbledon, meurt à l’âge de 88 ans, alors qu’elle écoutait dans son lit la retransmission radio du tournoi. Surnommée “la Petite Merveille”, elle avait gagné Wimbledon en 1887, à l’âge de 15 ans et 9 mois, avant de remporter quatre autres titres au All England Club. Lottie Dod s’était ensuite éloignée du tennis à l’âge de 21 ans seulement, préférant s’adonner à d’autres sports, dans lesquels elle excella également, comme le hockey, le golf et le tir à l’arc.
Le personnage : Lottie Dod, la “Petite Merveille”
Lottie Dod est née en 1871, à peu près au moment de l’invention du tennis. Elle commence à jouer au tennis à l’âge de 9 ans, avec son frère et sa sœur, lorsque des courts de tennis sont construits près de la propriété familiale. Elle participe à son premier tournoi en 1883 et, très vite, elle est surnommée la “Petite Merveille”. Quatre ans plus tard, elle a le niveau pour intégrer le tableau de la quatrième édition du tournoi féminin de Wimbledon.
À l’époque, Wimbledon n’a pas grand-chose à voir avec le tournoi que nous connaissons aujourd’hui. En 1887, il n’y a que cinq joueuses dans le tableau féminin, et le tournoi se joue selon la règle du Challenge Round, ce qui signifie que la tenante du titre est automatiquement qualifiée pour la finale. Les femmes doivent jouer avec plusieurs épaisseurs de vêtements et des robes longues, un inconvénient évité par Lottie Dod : âgée de seulement 15 ans, elle est autorisée à jouer dans son uniforme scolaire, qui lui permet de bouger plus librement (des bas et des chaussures noirs, une casquette de cricket en flanelle blanche, et une robe jusqu’au mollet). Cependant, sa grande mobilité n’est pas son seul atout : son coup droit est très puissant pour l’époque, et elle est la première femme à monter au filet, à volleyer et à smasher. Même son étonnant service à la cuillère pose bien des problèmes à ses adversaires.
D’après le Sheffield Independent, Dod “a simplement ‘traversé’ les deux tours qu’elle a dû jouer”. En finale, elle démolit la championne en titre, Blanche Bingley, 6-2, 6-0, après un deuxième set bouclé en seulement dix minutes. La nouvelle championne de Wimbledon ne considère cependant pas son triomphe comme un exploit exceptionnel. “En règle générale, les femmes sont trop paresseuses au tennis”, déclare-t-elle. “Elles devraient apprendre à courir et à courir vraiment, et pas seulement à faire quelques pas. Elles découvriraient, si elles essayaient, que de nombreuses balles, apparemment hors de portée, pourraient être renvoyées facilement.”
L’année suivante, en 1888, Dod défend son titre avec succès, en battant le même Bingley en finale (6-3, 6-3). Cette année-là, elle dispute une version oubliée de la “Bataille des Sexes”, 85 cinq ans avant Billie Jean King et Bobby Riggs. Comme elle n’a pas de concurrentes dignes de ce nom, elle défie trois des meilleurs joueurs masculins de son époque, qui acceptent son défi en lui accordant deux points d’avance à chaque jeu. Avec ces règles, Dod perd contre le vainqueur en date de Wimbledon, Ernest Renshaw, mais elle domine l’Écossais Harry Grove, et le frère jumeau d’Ernest, William Renshaw, sextuple vainqueur de Wimbledon.
Après avoir manqué les deux éditions suivantes du tournoi, elle remporte trois titres consécutifs (1891-1893), chaque fois contre Blanche Bingley. Âgée de 21 ans, Lottie Dod se retire alors du tennis, ce qui permet à sa rivale d’établir le record du plus grand nombre de titres remportés à Wimbledon, avec un total de six trophées. Cependant, il faudra attendre l’arrivée de Suzanne Lenglen pour qu’une joueuse parvienne à remporter Wimbledon plus de trois fois d’affilée.
Être la plus jeune gagnante de Wimbledon ne suffit pas à Lottie Dod. Une fois sa carrière tennistique terminée, elle se lance dans d’autres sports, comme le hockey (elle joue dans l’équipe nationale féminine d’Angleterre) et le tir à l’arc (elle remporte une médaille d’argent aux Jeux olympiques de 1908). Dod joue également au golf à un très bon niveau, et elle remporte même le British Ladies Amateur 1904, ce qui fait d’elle la première et la seule femme à avoir remporté les Championnats britanniques de tennis et de golf.
Après avoir servi comme infirmière pendant la Première Guerre mondiale, ce qui lui a valu une médaille de la Croix-Rouge, Lottie Dod mène une vie tranquille, venant assister à Wimbledon chaque année jusqu’à l’âge de 80 ans passés. Le 27 juin 1960, elle s’éteint dans son lit, alors qu’elle écoutait une retransmission radio du tournoi dont elle a marqué l’histoire à tout jamais.
La postérité du moment : le record de Lottie Dod tient toujours
Le record de précocité de Lottie Dod ne sera jamais battu, ni à Wimbledon, ni dans tout autre tournoi du Grand Chelem. La deuxième plus jeune gagnante en Grand Chelem de l’histoire du tennis sera Martina Hingis, qui remportera l’Open d’Australie 1997 à l’âge de 16 ans et trois mois, à une époque où la concurrence était toutefois plus acharnée.