26 juin 2000 : Le jour où Vince Spadea a mis fin à une série de 21 défaites consécutives
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 26 juin 2000, Vince Spadea met un terme à sa série record de 21 défaites consécutives, en battant Greg Rusedski au premier tour de Wimbledon
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Après 21 défaites, Spadea gagne enfin
Ce jour-là, le 26 juin 2000, Vince Spadea met un terme à sa série record de 21 défaites consécutives, en battant Greg Rusedski au premier tour de Wimbledon (6-3 6-7 6-3 6-7 9-7). L’Américain n’avait pas gagné le moindre match sur le circuit depuis sa victoire sur Ievgueni Kafelnikov en quarts de finale du tournoi de Lyon, en octobre 1999.
Les personnages : Spadea et Rusedski
- Vince Spadea, le “serial loser”
Vince Spadea, né en 1974, est passé pro en 1993. Après être entré dans le top 100 en 1994, il s’installe confortablement dans le top 50, atteignant les huitièmes de finale de l’US Open 1995 (battu par Petr Korda, 6-2 7-5 6-4), et disputant la finale à Sankt Pölten en 1998 (défait par Marcelo Rios, 6-2 6-0). Sa meilleure saison à ce jour est 1999, lorsqu’il se qualifie pour les quarts de finale de l’Open d’Australie (éliminé par Tommy Haas, 7-5 7-6 6-3) et atteint une deuxième finale sur le circuit, à Indianapolis (dominé par Nicolas Lapentti, 4-6 6-4 6-4). A la fin de l’année, alors qu’il atteint au mois d’octobre la 19e place mondiale, son meilleur classement, il perd en demi-finale de Lyon contre Lleyton Hewitt, démarrant alors ce qui deviendra la plus longue série de défaites de l’histoire du tennis. En juin 2000, au début de Wimbledon, il est déjà retombé à la 61e place mondiale.
- Greg Rusedski, le bombardier
Greg Rusedski, né en 1973, est gaucher, et son jeu de service-volée dépend beaucoup de son énorme service. Après être entré dans le top 100 en janvier 1995, son premier résultat notable en Grand Chelem est un huitième de finale à Wimbledon la même année, où il est battu par le futur vainqueur, Pete Sampras (6-4 6-3 7-5). Il compte neuf titres à son palmarès, le plus important étant celui de Paris-Bercy en 1998, où il a bat Pete Sampras en finale, pour la seule fois en dix confrontations (6-4 7-6 6-3). La même année, il réalise ce qui est alors le service le plus rapide de l’histoire, à 239 km/h. Sa meilleure saison est sans contexte 1997, où, il glane un titre sur gazon à Nottingham, aux dépens de Karol Kucera (6-4 7-5). Dans la foulée, il réalise ses deux meilleures performances en Grand Chelem, en atteignant les quarts de finale de Wimbledon (battu par Cédric Pioline, 6-4 4-6 6-4 6-3) et surtout à l’US Open où il arrive en finale, battu alors par Patrick Rafter (6-3 6-2 4-6 7-5). En juin 2000, il est 22e mondial.
Le lieu : Wimbledon
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Cricket Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire. Après que la conversation, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.
L’histoire : Spadea met fin à la série noire après un match épique
En octobre 1999, Vince Spadea achève la meilleure saison de sa carrière, et pointe au 19e rang mondial. Il n’a aucune raison de s’inquiéter après sa défaite en demi-finale de Lyon, face à Lleyton Hewitt (6-3 6-3). La semaine suivante, il est peu probable que sa confiance soit ébranlée lorsqu’il s’incline au premier tour de Stuttgart face à Zabaleta (6-4 3-6 6-1). Et même lorsqu’il termine la saison sur une quatrième défaite d’affilée, cette fois au premier tour de Moscou contre Jeff Tarango (6-4 7-6), il pense peut-être qu’il est juste épuisé après une superbe mais longue saison.
Sept mois plus tard, en juin 2000, son point de vue a certainement bien changé : après 17 défaites supplémentaires, il détient à présent le record de la plus longue série défaites de l’histoire du tennis. Il a voyagé aux quatre coins du monde – Australie, Etats-Unis, Europe – pendant toute la première moitié de l’année, ne remportant que huit sets. A trois reprises, il s’est incliné face à des joueurs classés en-dehors du top 100. Inutile de préciser qu’il n’est pas particulièrement confiant à l’idée d’affronter un grand serveur comme Greg Rusedski au premier tour de Wimbledon. Selon ses propres mots, sa première pensée en découvrant le tableau est même “Cassons-nous de cette ville !”.
Le Britannique réalise un départ catastrophique, commettant six double fautes sur son premier jeu de service, et Spadea empoche la première manche, 6-3. Malgré un break de retard au deuxième set, le gaucher recolle à 5-5 avant que la pluie ne renvoie tout le monde au vestiaire. A la reprise, Rusedski boucle le deuxième set, 7-6. Les deux sets suivants se terminent sur le même score : 6-3 pour Spadea, 7-6 pour Rusedski, en délicatesse avec son service, qui doit écarter deux balles de match au quatrième set.
Au cinquième set, Vince Spadea parvient finalement à s’imposer 9-7, à sa quatrième balle de match, après presque quatre heures de jeu. C’est bien la seule façon pour lui de mettre un terme à sa série noire : au terme d’un match à suspense en cinq manches. Après cette victoire inattendue, il est manifestement soulagé :
“Mes parents sont rentrés à la maison il y a deux jours. Je pense qu’ils ont vu le tableau et qu’ils se sont dit ‘Ouah, Vince…’. Mais je savais que je pouvais être à la hauteur dans une grande occasion, battre de grands joueurs, et c’était un bon jour. J’ai beaucoup de caractère et j’étais préparé à ce que tout puisse arriver. Maintenant je vais devoir m’organiser pour m’entraîner et annuler mes vols, mais c’était une superbe expérience de gagner ainsi sur un grand terrain.”
La postérité du moment : Spadea replongera, avant d’atteindre le meilleur classement de sa carrière en 2005
Vince Spadea s’inclinera au deuxième tour de Wimbledon contre Albert Portas (6-4 6-3 6-3). La deuxième moitié de son année 2000 ne sera pas bien meilleure que la première : il ne gagnera que deux matches sur le circuit principal, et chutera en octobre à la 237e place mondiale. Il devra se relancer sur le circuit Challenger pour ne remonter dans le top 100 qu’en février 2002. En 2004, Vince Spadea remportera le premier titre de sa carrière sur le circuit principal, en battant Nicolas Kiefer en finale à Scottsdale (7-5 6-7 6-3). Presque douze mois plus tard, en février 2005, il atteindra le meilleur classement de sa carrière, 18e mondial.
Greg Rusedski ne dépassera plus jamais les huitièmes de finales d’un tournoi du Grand Chelem. Demeurant un solide joueur du top 50, il remportera le dernier de ses quinze titres en 2005, à Newport, sur gazon, en battant… Vince Spadea en finale (7-6 2-6 6-4).