23 juin 2003 : Le jour où Hewitt, tenant du titre, est tombé d’entrée à Wimbledon face à un Karlovic alors inconnu
Lleyton Hewitt s’est incliné dès le premier tour du tournoi de Wimbledon, le 23 juin 2033, contre le géant croate Ivo Karlovic. L’Australien était pourtant tenant du titre à Londres et tête de série N°1.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Hewitt supris à wimbledon
Le 23 juin 2003, Lleyton Hewitt est le premier tenant du titre de l’ère Open à être éliminé dès le premier tour de Wimbledon. L’Australien, tête de série N°1 du tournoi alors qu’il est N°2 mondial, s’incline face au géant croate Ivo Karlovic (1-6, 7-6, 6-3, 6-4), qui est alors un parfait inconnu classé à la 203e place mondiale. Parmi tous les vainqueurs potentiels d’un tableau ainsi ouvert, c’est un certain Roger Federer, 21 ans, qui parviendra à tirer son épingle du jeu pour remporter le premier de ses 20 titres du Grand Chelem.
Les acteurs : lleyton hewitt et ivo karlovic
- Lleyton Hewitt, un prodige en légère baisse de régime
Lleyton Hewitt, fils d’un joueur professionnel de football australien, est né en 1981. Très habile au retour de service, il possède l’un des meilleurs jeux de jambes au monde, et il est surtout un incroyable combattant : son caractéristique “come on !” est célèbre dans le monde du tennis.
En janvier 1997, à l’âge de 15 ans et 11 mois, et sans classement ATP, Hewitt est invité aux qualifications de l’Open d’Australie, où il remporte trois matches pour devenir le plus jeune qualifié de l’histoire du tournoi (battu au premier tour du tableau principal par Sergi Bruguera, 6-3, 6-4, 6-3). Un an plus tard, en 1998, le jeune Australien surprend le monde du tennis en remportant son premier titre ATP avant même son 17e anniversaire, dans sa ville natale d’Adelaïde. En cours de route, il y bat le grand Andre Agassi (7-6, 7-6), puis Jason Stoltenberg en finale (3-6, 6-3, 7-6).
En 2000, Hewitt devient le premier joueur de moins de 20 ans à remporter quatre titres en une saison depuis Pete Sampras : le plus important de ces quatre titres est le tournoi du Queen’s, où il bat en finale le même Sampras, sextuple champion de Wimbledon (6-4, 6-4).
C’est également en 2000 qu’il obtient son premier grand résultat en Grand Chelem en atteignant les demi-finales de l’US Open, où Sampras prend sa revanche du Queen’s (7-6, 6-4, 7-6). “Rusty”, comme l’appelle son entraîneur Darren Cahill, fait désormais partie du Top 10.
En 2001, il change encore de dimension en triomphant à l’US Open, en battant Sampras en finale (7-6, 6-1, 6-1). Quelques semaines plus tard, après son succès au Masters, Hewitt devient le plus jeune N°1 mondial de l’histoire. Il occupe cette place 80 semaines durant, notamment pendant l’intégralité de la saison 2002, au cours de laquelle il gagne Wimbledon (battant en finale David Nalbandian, 6-2, 6-3, 6-2) et le Masters (aux dépens de Juan Carlos Ferrero, 7-5, 7-5, 2-6, 2-6, 6-4).
En 2003, il a du mal à maintenir son emprise sur le circuit et, malgré son titre au Masters 1000 d’Indian Wells, il connaît plusieurs désillusions, comme par exemple sa défaite contre Sébastien Grosjean au Queen’s (6-3, 6-4), qui lui fait perdre la place de numéro 1 mondial au profit du vétéran Andre Agassi.
- Ivo Karlovic, le géant qui n’avait encore jamais joué en Grand Chelem
Ivo Karlovic, le plus grand joueur du circuit du haut de ses 2,11m, est âgé de 24 ans en juin 2003 et n’a encore jamais disputé le tableau final d’un tournoi du Grand Chelem. Quelques mois auparavant, au printemps, le Croate participait encore à des tournois Future, perdant contre des joueurs classés au-delà de la 300e place. Cependant, juste avant Wimbledon, il a remporté son premier match de l’année sur le circuit principal en battant Justin Gimelstob au Queen’s (7-6, 4-6, 7-6).
Le lieu : Wimbledon
Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Croquet Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court, considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite Et recevoir ces deux menteurs d’un même front »).
Après la conversion, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe, une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc, où le fait de programmer le tenant du titre en match d’ouverture sur le court central.
L’histoire : Un jour sans pour un Hewitt dépassé tactiquement
En juin 2003, à l’entame de Wimbledon, il est difficile de considérer Lleyton Hewitt comme le favori du tournoi. Le tenant du titre a connu plusieurs déceptions au cours de la première moitié de la saison et, alors qu’il vient de perdre sa place de numéro un mondial, il n’est pas au sommet de sa confiance. Cependant, lorsqu’il pénètre sur le Centre Court pour disputer le match d’ouverture contre un inconnu issu des qualifications, le 203e mondial Ivo Karlovic, personne ne pense un seul instant que la tête de série N°1 pourrait quitter le tournoi dès le premier tour.
Au premier set, le Croate de 2,11m, qui participe à 24 ans pour la première fois au tableau final d’un tournoi du Grand Chelem, est submergé par la pression d’affronter la première tête de série sur un court aussi chargé d’histoire. Hewitt avale le premier set, 6-1. Cependant, l’Australien manque cinq balles de break au début du deuxième set, et la confiance change de camp.
“Au premier set, j’étais absolument effrayé. Après avoir vu que je pouvais le battre, j’ai commencé à mieux jouer”, explique Karlovic après le match, dans des propos rapportés par le site officiel de l’ATP.
“Lorsque j’ai manqué ces occasions au début du deuxième set, son jeu s’est mis en place. Il n’a plus fait autant de cadeaux”, confirme Hewitt.
Karlovic remporte le deuxième set, 7-6, affûtant progressivement son service, tandis que le tenant du titre n’est que l’ombre de lui-même. Hewitt, qui a construit sa carrière sur sa qualité de retour, est visiblement perturbé par les angles que trouve le géant croate. Bizarrement, l’Australien s’acharne à vouloir lober Karlovic, malgré sa grande taille, sans grand succès. Après deux heures et 24 minutes de jeu, et après avoir servi 18 aces, le 203e mondial élimine la tête de série N°1 (1-6, 7-6, 6-3, 6-4).
Mais Karlovic doit maintenant faire face à un autre défi : la conférence de presse d’après-match. Le Croate souffre en effet d’un bégaiement pouvant être exacerbé par le stress. “J’ai une difficulté d’élocution, mais j’essaie de travailler pour m’améliorer”, dit-il.
Hewitt est le premier tenant du titre de Wimbledon à être évincé au premier tour dans l’ère Open, et seulement le deuxième dans toute l’histoire du tournoi (le premier étant Manolo Santana, battu par Charlie Pasarell en 1967).
“J’avais pourtant l’impression de plutôt bien taper la balle. Je n’ai pas saisi ma chance, mais je ne pouvais pas faire grand-chose sur les balles de break que j’ai eues, déclare-t-il, dans des propos rapportés par The Guardian. Chaque défaite est différente, mais c’est sûr que j’aurais du mal à digérer celle-ci.”
La postérité du moment
Ivo Karlovic atteindra le troisième tour du tournoi, où il sera battu par Max Mirnyi (7-6, 3-6, 6-3, 7-6). En septembre 2003, le Croate fera son entrée dans le Top 100, qu’il ne quittera presque plus au cours des 15 années suivantes.
En 2021, il détiendra le record du plus grand nombre d’aces servis par un joueur au cours de sa carrière (13 653). En 2007, le géant croate réalisera un exploit rare en remportant trois tournois sur trois surfaces différentes : le premier sur terre battue américaine à Houston (en battant Mariano Zabaleta en finale, 6-4, 6-1), le deuxième sur gazon, à Nottingham (en battant Arnaud Clément, 3-6, 6-4, 6-4), et le troisième sur dur, à Stockholm (en battant Thomas Johansson, 6-3, 3-6, 6-1). En 2008, il atteindra le 14e rang mondial, et obtiendra finalement son meilleur résultat en Grand Chelem à Wimbledon avec un quart de finale en 2009 (battu par Roger Federer).
Hewitt restera l’un des meilleurs joueurs du monde pendant encore deux bonnes années, finaliste à l’US Open 2004 (battu par Roger Federer, 6-0, 7-6, 6-0) et à l’Open d’Australie 2005 (battu par Marat Safin, 1-6, 6-3, 6-4, 6-4). Il quittera définitivement le Top 10 au début de l’année 2006. Souvent blessé et notamment sérieusement à la hanche, il ne parviendra plus à se hisser dans le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem par la suite. Il prendra sa retraite en 2016.