21 juin 1994 : Le jour où Graf, triple tenante du titre, a chuté d’entrée à Wimbledon

Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 21 juin 1994, Steffi Graf s’incline pour la seule fois de sa carrière au 1er tour de Wimbledon, dont elle était pourtant tenante du titre. L’exploit est signé Lori McNeil.

Steffi Graf, On this day 21/6 Steffi Graf, On this day 21/6

Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis

Le 21 juin 1994, la numéro 1 mondiale Steffi Graf est éliminée au premier tour de Wimbledon pour la première et unique fois de sa carrière, par Lori McNeil (7-5, 7-6). C’est la première fois dans l’histoire du tournoi que la tenante du titre est sortie d’entrée. L’Allemande avait triomphé au All England Club à cinq reprises auparavant et avait remporté les trois précédentes éditions. Elle n’y avait plus perdu depuis la demi-finale 1990 (battue par Zina Garrison) et cette défaite a mis fin à une série de 21 victoires consécutives. Graf n’avait pas quitté le tournoi de Wimbledon avant le stade des demi-finales depuis 1985, et n’avait pas perdu au premier tour d’un tournoi du Grand Chelem depuis l’US Open 1984.

Les actrices

  • Steffi Graf, la reine du gazon londonien

Steffi Graf, née en 1969, occupe la place de numéro 1 mondiale depuis l’été 1993 sans interruption. Depuis que sa principale rivale, Monica Seles, s’est trouvée éloignée des courts après avoir été poignardée au mois d’avril. L’Allemande avait déjà siégé au sommet du classement WTA de 1987 à 1991. Elle a réalisé un incroyable « Grand Chelem doré » en 1988, ajoutant une médaille d’or olympique aux quatre titres du Grand Chelem. Un exploit aujourd’hui encore unique dans l’histoire du tennis. Lorsqu’elle arrive à Wimbledon en 1994, Graf n’a perdu que trois matchs au cours des 12 derniers mois. Elle a ainsi détenu simultanément les quatre trophées du Grand Chelem ainsi que le Masters après son sacre à l’Open d’Australie.

Invaincue dans un tournoi majeur depuis la finale de l’Open d’Australie 1993, perdue contre Monica Seles, elle vient néanmoins de subir un revers cinglant à Roland-Garros, où une Mary Pierce de gala l’a surclassée en demi-finale (6-2, 6-2). Son tennis repose sur un énorme coup droit avec lequel elle fait pratiquement tout ce qu’elle veut, un jeu de jambes phénoménal et un revers slicé pour neutraliser ses adversaires.

Steffi Graf
  • Lori McNeil, l’attaquante à l’aise sur gazon

Lori McNeil est née en 1963 et est passée pro en 1983. En 1988, elle est devenue la deuxième Afro-Américaine de l’histoire du tennis à faire partie du top 10, se hissant jusqu’à la neuvième place mondiale au mois d’avril. En simple, ses meilleurs résultats étaient jusqu’alors une demi-finale à l’US Open 1987 (perdue face à Steffi Graf) et une demi-finale au Masters 1992 (perdue contre Martina Navratilova). McNeil pratique un jeu de service-volée, qui explique ses 18 titres en double, et le fait que quatre de ses dix tournois gagnés en simple aient été sur gazon.

Le lieu : Wimbledon

Wimbledon est le tournoi de tennis le plus ancien et le plus prestigieux au monde. Organisé par le All England Lawn Tennis and Cricket Club depuis 1877, il s’est installé sur son site actuel en 1922, année de la construction du célèbre Centre Court. Considéré par beaucoup comme le court le plus impressionnant au monde, avec sa célèbre citation de Rudyard Kipling gravée au-dessus de l’entrée (« Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite et recevoir ces deux menteurs d’un même front »), le Centre Court a vu s’affronter tous les plus grands joueurs de l’histoire.

Après le passage, dans les années 1970, de l’US Open à la terre battue puis au ciment, et après l’abandon du gazon au profit du dur par l’Open d’Australie en 1988, Wimbledon demeure le dernier tournoi du Grand Chelem sur herbe. Une surface qui convient généralement mieux aux serveurs-volleyeurs. Non seulement Wimbledon conserve sa surface historique, mais le tournoi maintient également certaines traditions, comme l’obligation pour les joueurs de s’habiller en blanc.

L’histoire

En 1994, Steffi Graf domine à nouveau le tennis de la tête et des épaules, après l’agression de Monica Seles en avril 1993. Certes, elle vient de subir une défaite cuisante en demi-finale de Roland-Garros, mais personne n’imagine que cela suffise à ébranler sa confiance. Après tout, ce n’était que sa troisième défaite en douze mois, et son adversaire Mary Pierce a joué un match proche de la perfection. Au All England Club, elle est triple tenante du titre et a au moins atteint les demi-finales à chacune de ses participations depuis 1987. Personne ne pense que Lori McNeil, 22e mondiale, qu’elle a battu huit fois en neuf confrontations, représente une quelconque menace pour elle.

Ce premier tour a pour cadre une journée particulièrement pluvieuse, et le match sera interrompu en tout presque trois heures. McNeil déroule son habituel jeu de service-volée, mettant sous pression permanente une Graf bien défensive. L’Américaine sait qu’elle peut gêner Graf en l’agressant sur son revers, qu’elle slice la plupart du temps, avant de suivre au filet. McNeil empoche la première manche, 7-5.

Au deuxième set, Graf prend les devants et obtient même une balle de set à 5-3. Mais McNeil l’écarte grâce à un ace. Poussée au tie-break, Graf scelle presque son propre destin avec un smash dans le filet et une double-faute. McNeil gagne le tie-break 7-5 et crée l’une des plus grosses surprises de l’histoire de Wimbledon.

« Vous ne pouvez pas bloquer sur les conditions, il faut se concentrer encore plus sur la balle, déclare McNeil, citée par le New York Times. J’ai fait les bons choix, pris les bonnes décisions, et c’est tout ce dont je me suis préoccupée pendant le match. »

Quant à Steffi Graf, voilà comment elle réagit à sa défaite :

« C’est très décevant, et ça ne m’a certainement pas aidée qu’il se mette à pleuvoir. Mais les conditions étaient les mêmes pour nous deux. Elle a simplement mieux joué que moi, c’est évident. »

La postérité du moment

Lori McNeil ne se contentera pas de son exploit du premier tour : elle se hissera jusqu’en demi-finale, où elle sera battue de justesse par Conchita Martinez (3-6, 6-2, 10-8). L’Américaine ne passera plus jamais le troisième tour d’un tournoi du Grand Chelem, et ne gagnera plus le moindre tournoi en simple. Après un lent déclin, elle cessera de jouer en simple à la fin 1999, prolongeant sa carrière en double jusqu’en 2002.

Steffi Graf n’en a pas fini avec les déceptions en 1994. Elle sera battue par Arantxa Sanchez en finale de l’US Open (1-6, 7-6, 6-4), disputant pour la première fois depuis 1990 trois majeurs d’affilée sans un titre. Elle se remettra des déceptions de 1994 et, en 1995 et 1996, remportera les six tournois du Grand Chelem auxquels elle prendra part. En s’imposant à l’US Open 1995, elle devient la seule joueuse de l’histoire à avoir gagné chaque tournoi du Grand Chelem à au moins quatre reprises. Graf battra ensuite le record de Martina Navratilova, en occupant la place de numéro 1 mondiale 377 semaines au total. Lorsqu’elle prendra sa retraite en 1999, peu de temps après son dernier titre majeur conquis à Roland-Garros, elle aura gagné en tout 22 titres du Grand Chelem.

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