Votre jeu dépend de votre mindset, même si vous êtes No 1 mondial – L’Œil du Coach #31
Battu sèchement par Rafael Nadal en finale de Roland-Garros, Novak Djokovic n’a montré aucune émotion durant son match. Pour Patrick Mouratoglou, le numéro un mondial n’avait pas l’attitude pour l’emporter face au roi de la terre battue.
La chute fut rude. Après une incroyable série de 37 victoires d’affilée (hors disqualification) pour Novak Djokovic, le Serbe a été surclassé par Rafael Nadal en finale de Roland-Garros dimanche (6-0, 6-2, 7-5). Le numéro un mondial n’a jamais semblé en capacité d’inquiéter le maître de la Porte d’Auteuil. Selon Patrick Mouratoglou, la grande force de Nadal par rapport à Djoko, c’est que l’Espagnol répond toujours présent dans ces grands rendez-vous.
“Nadal a joué son match. C’est une de ses qualités, on n’est jamais déçu. Il reste concentré, qu’il gagne ou qu’il perde. Il répond toujours présent. Dès le début du match, il est solide, il est concentré sur le jeu. Quand il doit élever son niveau de jeu, il le fait. C’est exactement ce que Djokovic n’a pas fait pendant cette finale.”
“Difficile de croire que c’était un ‘Djoko-Rafa'”
Ce match dénote vraiment de tous ceux disputés entre les deux champions. L’entraîneur de Serena Williams n’a d’ailleurs pas souvenir d’une confrontation aussi déséquilibrée entre les deux hommes dans toute leur rivalité.
“Dès le début, on pouvait sentir que quelque chose n’allait pas car Djokovic ne cherchait que des points faciles, des amortis par-ci par-là, quatre dans le premier jeu. Il n’était pas prêt pour les longs échanges, ni pour aller chercher les points et jouer des coups gagnants pour se donner une chance de gagner le match. Ce n’était pas le match qu’on attendait : 6-0, 6-2… Difficile de croire que c’était un match entre Rafa et Djoko. Dans tous leurs matchs, même ceux qui étaient à sens unique, il y avait eu un gros combat. Il n’y en a pas eu dans cette finale.”
La peur de l’échec
Pour Patrick Mouratoglou, la différence d’attitude était saisissante et pouvait se sentir dès l’entrée sur le court des deux hommes. Quant à savoir pourquoi Djokovic n’a pas su élever son niveau de jeu, plusieurs explications sont possibles.
“On l’a vu jouer des finales de Grand Chelem et en gagner beaucoup. La dernière dont je me souvienne entre les deux hommes, à l’Open d’Australie (en 2019), en voyant Djokovic entrer sur le court, je me suis dit : ‘Waouh… Djoko va détruire Nadal.’ Je me suis fait cette réflexion à cause de son attitude. Il se tenait droit, on pouvait ressentir sa confiance en lui. Il entrait sur le court pour détruire. Quand il a ce mental, c’est lui le meilleur. Ce n’était pas le cas dans cette finale. Aujourd’hui, il avait peur de se louper. Et il ratait beaucoup. Il n’est pas arrivé avec le bon état d’esprit. C’est ce qui rend le tennis si intéressant.”
“Il ne suffit pas d’entrer sur le court et de jouer. Il y a d’autres aspects à prendre en compte. Le mental est très important. On ne sait jamais ce qui se passe dans la tête du joueur, dans quel état d’esprit il entre sur le court, s’il est intimidé par l’adversaire, par l’enjeu d’une finale à Roland-Garros. Il y a aussi des facteurs personnels. Le mental influence beaucoup le score, le niveau de jeu du joueur, sa confiance en lui et en son tennis. C’est la vie, ça arrive même aux meilleurs. Pour vous, dans les clubs, quand vous perdez, relax, ça peut arriver à tout le monde même à Novak Djokovic.”