The French Insider #5 : Pourquoi des joueuses hors du Top 100 performent à Roland-Garros – Alizé Lim
Classées au-delà de la centième place au ranking WTA et habituées à disputer des tournois Challengers, Martina Trevisan et Nadia Podoroska sont pourtant sur le point de disputer les quarts de finale de Roland-Garros. Pour The French Insider, Alizé Lim, ancienne joueuse sur les circuits Challenger et WTA, donne les clés de leur réussite.
A l’instar d’Hugo Gaston et Daniel Altmaier chez les hommes, Martina Trevisan (159e mondiale) et Nadia Podoroska (131e) sont les deux grosses surprises du tableau féminin de ce Roland-Garros 2020. Habituées à se battre chaque semaine sur le circuit Challenger, l’Italienne et l’Argentine se sont transcendées pour accéder aux quarts de finale du grand Chelem parisien.
Dans The French Insider, Alizé Lim, qui a écumé les circuits Challenger et WTA, livre son regard sur ces performances exceptionnelles mais également compréhensible sur certains points.
“C’est incroyable, c’est un tournant dans leur carrière. Dans les tournois Challengers, où elles sont habituées à jouer, on ne gagne pas beaucoup d’argent. Pour couvrir ses frais, il faut gagner le tournoi. Et là les résultats qu’elles ont à Roland-Garros peuvent couvrir leurs frais pour une année entière. C’est énorme pour elles, ça a un gros impact. Ça va aussi jouer sur leur classement respectif. Habituellement, il faut jouer beaucoup de matchs très difficiles pour gagner autant de points. Dans les faits, passer un tour en Grand Chelem équivaut à gagner un tournoi Challenger.”
Jouer plus libérée
Mais d’après l’ex-joueuse française, ces performances incroyables peuvent avoir une explication si l’on se penche davantage sur leurs adversaires.
“D’un côté, c’est remarquable, mais d’un autre, il faut savoir que le niveau a beaucoup augmenté sur les Challengers. Parfois, sur ces tournois, des filles comme Trevisan ou Podoroska ont un classement qui reflète leur niveau moyen sur l’année. Mais elles sont capables d’augmenter leur niveau de jeu. Et quand elles se sentent bien, motivées, heureuses de participer à des gros tournois, souvent dans de meilleures conditions que les tournois Challengers, elles peuvent jouer de manière plus libérée que les autres joueuses et trouver un équilibre très vite. Quand on a une joueuse du top 20 qui n’est pas dans sa meilleure forme, et une joueuse moins bien classée capable d’élever son niveau de jeu, ça peut s’équilibrer très vite.”
“Il m’est parfois arrivé d’avoir plus de difficultés à gagner un match en Challenger parce que les joueuses savent combien elles ont dépensé pour être là. Elles ne veulent pas lâcher le moindre point, elles jouent leur vie. Dans le top 100 WTA, des joueuses sont là depuis 10 ans, elles ont joué les gros tournois une dizaine de fois et elles savent qu’elles en ont un autre la semaine suivante. Parfois, on sent qu’elles ne se battent pas autant que les joueuses moins bien classées.”
En quarts de finale, Martina Trevisan et Nadia Podoroska devront une nouvelle fois créer l’exploit respectivement face à Iga Swiatek, tombeuse de Simona Halep, et Elina Svitolina, tête de série numéro 3.