“Roland-Garros doit se faire violence et instaurer un tie-break dans le 5e set”
Match Points est une émission de débats de Tennis Majors, animée par Josh Cohen. Dans cet épisode, Noah Rubin, Ben Rothenberg et Simon Cambers s’interrogent sur l’avenir du format en cinq sets à Roland-Garros.
Le débat est sur la table depuis plusieurs années et trois des quatre tournois majeurs ont déjà sauté le pas. Seul Roland-Garros, épouvantail sur la question, décide pour l’instant de conserver son traditionnel format de matchs en cinq sets, sans tie-break dans la dernière manche. Lors de la dernière émission de Match Points, les invités de Josh Cohen ont été interrogés sur l’avenir d’un tel format. Noah Rubin, Simon Cambers et Ben Rothenberg s’accordent sur le constat qu’il faut supprimer le cinquième set, mais leurs avis divergent sur comment le remplacer.
Noah Rubin, 233e joueur mondial, milite pour une réduction drastique du temps de jeu des matchs pour répondre à la demande de la nouvelle génération :
“Si l’on parle à une grande échelle, je réduirais beaucoup. Je dirais au meilleur des trois sets et même un tie-break de dix points, pas d’avantage. Il faut essayer. Nous ne donnons pas une réelle possibilité de pratiquer le tennis de haut niveau en jouant ce genre de formats. Et je veux voir comment c’est, ce que les fans en pensent. Ils se passionneront quand même, le niveau de tennis est toujours là. Je veux voir si c’est aussi passionnant, si vous pouvez obtenir une meilleure qualité dans un court laps de temps. Et je pense que nous devons leur donner une chance. Les télévisions le veulent et la jeune génération le veut. On ne peut pas continuer à s’adapter aux gens de 60 ou 70 ans.”
Selon Simon Cambers, les quatre Grands Chelems devraient harmoniser leurs formats pour que le public s’y retrouve et accroche davantage :
“Je pense que Roland-Garros doit se faire violence et abandonner le cinquième set. Il serait utile que les quatre Grands Chelems aient le même système de tie-break. Juste pour que les fans s’habituent. Mais je pense que vous pourriez avoir un tie-break parce que ce que je pense c’est que vous entendez l’argument “C’est la victoire du plus en forme, le plus fort doit gagner”. Ce n’est pas vrai, il ne s’agit pas de cela. Il s’agit de faire venir les meilleurs joueurs et de gagner des matchs. Il s’agit de sortir les tripes quand il le faut. Ce n’est pas seulement une question de physique qui vous permet de passer. Je ne pense pas qu’on perdrait quoi que ce soit en ayant un tie-break. Et j’irais encore plus court, au meilleur des trois sets en première semaine.”
“S’il n’y avait pas de matchs en cinq sets en Grand Chelem, les joueurs joueraient en double”
Quant à Ben Rothenberg, le journaliste américain est convaincu que des matchs historiques pourraient avoir lieu en trois sets, sans tie-break, et que le monde du double bénéficierait grandement de ces nouvelles dispositions :
“Je pense que je suis assez clair sur ce point. Je veux le meilleur des trois sets sans tie-break dans le troisième. C’est le mix parfait. Vous aurez parfois des matchs vraiment fous qui iront à 20 partout ou plus. Mais ça n’arrivera peut-être même pas une fois par tournoi. Et ce serait épique. Ce genre de matchs de dingue sont très bons pour le sport. Quand Isner-Mahut s’est passé en 2010, le monde du sport entier regardait et ils étaient captivés. Et il y avait une Coupe du monde de foot en même temps. Et cela a quand même réussi à percer, tout le monde parlait tennis pendant deux jours. Vous pouvez garder le dramatique, mais je suis aussi d’accord avec Noah. Quand j’ai vu le meilleur des trois sets avec un tie-break de dix points à la Laver Cup, j’ai été surpris de voir à quel point cela ne me dérange pas. je ne pensais pas que ça me plairait. Ca sauverait aussi complètement la situation des doubles. S’il n’y avait pas de matchs en cinq sets en Grand Chelem, les joueurs joueraient en double. Les grands joueurs joueraient plus souvent en double et cela revitaliserait vraiment cette partie du sport.”
Alors que la Porte d’Auteuil vient tout juste de mettre en place un éclairage nocturne et de bâtir un toit pour le court Philippe-Chatrier, l’organisation de Roland-Garros va-t-elle aller dans le sens d’une réduction du temps de match ? La balle est dans le camp de Guy Forget.