Débat : L’US Open 2020 mérite-t-il l’étiquette de Grand Chelem ?
Match Points est une émission de débats de Tennis Majors, présentée par Josh Cohen. Dans cet épisode, Marion Bartoli, Noah Rubin et Ben Rothenberg s’interrogent sur la pertinence de maintenir l’US Open malgré le contexte sanitaire actuel.
Rafael Nadal, Ashleigh Barty, Stan Wawrinka, Elina Svitolina… Chaque jour ou presque, une tête d’affiche annonce sa non-participation à la prochaine édition de l’US Open, qui est censée débuter dans moins de trois semaines (31 août – 13 septembre). En cause : la situation sanitaire, encore très précaire à l’échelle mondiale et notamment aux Etats-Unis, où le nombre de personnes atteintes du coronavirus continue de croître. En dépit de ce contexte défavorable, le Majeur new-yorkais doit-il vraiment être maintenu ? C’est la question que Josh Cohen, l’animateur de Match Points, a posée à Marion Bartoli, ancienne lauréate de Wimbledon (2013), à Noah Rubin, 225e joueur mondial (et créateur de Behind The Racquet) et au journaliste américain Ben Rothenberg.
La libre-circulation et la santé des joueurs en questio
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le maintien de l’US Open à tout prix ne semble pas être la solution idoine à leurs yeux. Ben Rothenberg met en avant un problème de taille : la difficulté, pour les joueurs, d’aller et venir entre l’Amérique et l’Europe en raison des mesures de quarantaine qui pourraient être imposées :
“Je pense que les restrictions vis-à-vis de l’Europe constituent un énorme écueil. Si des joueurs européens doivent subir deux semaines de quarantaine à leur retour sur leur sol, ils ne vont pas vouloir jouer l’US Open. Et il est impossible de maintenir l’US Open sans les joueurs européens.”
Marion Bartoli est, elle, favorable à une annulation du tournoi :
“Le doute est encore bien présent dans l’esprit de bon nombre de joueurs. Surtout au regard de leur sécurité. Ne vaudrait-il pas mieux trouver une forme de compensation plutôt que de leur faire courir trop de risques ?”
Des matchs en deux sets gagnants ?
Au cas où le Majeur américain serait maintenu, la question de l’état physique des joueurs viendrait à être posée. Comment, en effet, enchaîner les efforts imposés par un Grand Chelem après une aussi longue coupure ?
Pour éviter qu’il n’y ait trop de blessures, Noah Rubin suggère que les matchs du tableau masculin ne se disputent pas au meilleur des cinq manches, mais en deux sets gagnants, au moins pendant la première semaine :
“Si l’on joue en trois sets gagnants, il y aura des blessés et des abandons. Les joueurs ne sont pas prêts pour ce qui va arriver.”
Pour Marion Bartoli au contraire, cela ne changera pas grand-chose. Les participants à l’US Open auront quoi qu’il arrive du mal à évoluer à 100% de leurs capacités :
“Vous pouvez vous entraîner autant que vous voulez, mais rien ne remplace la pression du match. Quand vous êtes sous pression, vos muscles doivent redoubler d’efforts pour effectuer les mêmes mouvements. Et comme beaucoup de joueurs n’ont pas été dans une telle situation depuis près de six mois, leur corps ne pourra pas y faire face.”
After many thoughts I have decided not to play this year’s US Open. The situation is very complicated worldwide, the COVID-19 cases are increasing, it looks like we still don’t have control of it.
— Rafa Nadal (@RafaelNadal) August 4, 2020
Un Grand Chelem, vraiment ?
Dans sa dernière partie, le débat a porté sur la légitimité des lauréats de cet US Open 2020 par rapport à ceux des éditions précédentes. Pour Marion Bartoli, ce sera un tournoi « classique ». Pas un Grand Chelem à proprement parler :
“Je pense que le joueur et la joueuse qui remporteront l’US Open dans ces circonstances auront conscience qu’ils n’ont pas vraiment gagné l’US Open. Il est impossible de prétendre avoir gagné un Grand Chelem quand 20 des 32 meilleurs joueurs du monde ne sont pas là, par exemple.”
Pour Noah Rubin, une « astérisque » pourrait être apposée à côté des noms de celui et de celle qui soulèveront le trophée. Comme pour rappeler que cet US Open 2020, s’il est bel et bien maintenu, n’aura pas la même valeur qu’à l’accoutumée.