Major Talk #8 – David Goffin
David Goffin a participé à la première édition de l’UTS. Le Belge, qui réside depuis cinq ans à Monaco, a accordé une interview long-format à Alizé Lim. Il y évoque ses débuts, le déclic de 2012, à Roland-Garros, et son rêve de remporter un gros trophée d’ici la fin de sa carrière.
“La Fédération belge a hésité à me garder.” David Goffin a à peine 15 ans, et accuse un déficit de taille important face à ses rivaux d’alors. Sa vitesse et son coup d’œil sont annihilés par la puissance de ses adversaires. Des compatriotes qu’il finit par rattraper et dépasser avec ces qualités. Des atouts qui en font un des joueurs les plus agiles du circuit aujourd’hui, malgré son 1,80m (plus petit membre du Top 10 ATP).
First ever 4-0 win of the league ✅
First UTS win for @David__Goffin ✅
The Wall played stunning tennis today against @AlexeiPopyrin99 🤩👇#UTShowdown pic.twitter.com/yg8zW35sbE
— UTS | Ultimate Tennis Showdown (@UTShowdown) June 20, 2020
Le vrai déclic survient en 2012. Le gamin de Rocourt se retrouve sur le court Suzanne-Lenglen, en huitièmes de finale de Roland-Garros, son premier Grand Chelem. En face, son idole, Roger Federer, qu’il défie après avoir battu Radek Stepanek, Arnaud Clément et Lukasz Kubot.
“J’étais dans une euphorie, mon tournoi était réussi, a t-il déclaré à Alizé Lim, lors de son interview Major Talk depuis Monaco, où il réside depuis cinq ans. J’étais relâché par le résultat, pas par le fait de jouer Roger. Je n’avais jamais été autant stressé en entrant sur le court. Est-ce que j’ai le niveau ? Est-ce que je vais me prendre une raclée ? Je n’en avais aucune idée.”
Le Belge, alors âgé de 21 ans, fait mieux que résister : il remporte la première manche et se retrouve à deux points de mener deux sets à zéro. Le Suisse se reprend et s’en sort en quatre manches (5-7, 7-5, 6-2, 6-4) après 2h55 de jeu.
David Goffin entre dans le top 100 et se rapproche même du top 50. Il empoche in extremis son ticket pour les Jeux Olympiques de Londres et peut désormais disputer tous les tournois qu’il souhaite.
2017, “une année à rebondissements”
Cinq années passent, au cours desquelles le Belge remporte notamment ses deux premiers tournois, en 2014 à Kitzbühel et Metz. En quarts de finale à Melbourne en 2017, Goffin atteint son meilleur résultat en Grand Chelem à l’Open d’Australie, puis rallie deux finales à Sofia et Rotterdam. Il arrive dans une forme optimale à Roland-Garros, et se présente au troisième tour face à Horacio Zeballos. Il mène 5-4 dans le premier set quand il se tord la cheville en tombant dans la bâche de fond de court. “Un coup d’arrêt” de ses aveux.
Deux titres à Shenzhen et Tokyo en septembre le relancent. Au Masters de Londres, il devient le sixième joueur à battre Rafael Nadal et Roger Federer dans le même tournoi. Il joue le meilleur tennis de sa vie, et ne cède qu’en finale, face à Grigor Dimitrov. Avant de céder là aussi, lors de la finale de la Coupe Davis, face à la France.
“Je ne voyais plus du tout”
Février 2018, nouveau coup d’arrêt. A Rotterdam face au même Bulgare, il abandonne après avoir pris involontairement une balle dans l’oeil.
“J’ai vraiment eu peur ! Pendant 24 heures, c’est tout noir d’un oeil. Je ne voyais plus du tout, j’étais en panique. Heureusement, la rétine n’était pas endommagée. Mais ça m’a pris du temps de revenir par rapport à la vue, la rapidité. A Miami, lors de mon retour, le soleil tapait super fort, j’avais l’impression de jouer au ralenti, de voir la balle venir super vite, comme si elle était plus rapide que d’habitude. Je n’étais pas prêt.”
Goffin oscille entre le Top 10 et le Top 20, qu’il n’a quitté que de novembre 2018 à juillet 2019, “le déclic de [sa] saison” : une défaite contre Nadal porte d’Auteuil, une finale à Halle et un quart à Wimbledon lui ont permis de se rapprocher puis de réintégrer le top 10.
“Mon entraîneur Thomas Johansson a essayé de me booster un maximum, il voyait que chaque match me faisait mal, qu’à chaque défaite, ce n’était pas la manière dont j’avais envie de perdre. J’étais perdu sur le court. Il a essayé d’installer de nouvelles choses : un tennis offensif, plus agressif. On a beaucoup travaillé le service, le slice…”
A 29 ans, Goffin rêve “de remporter un très gros trophée : un Grand Chelem ou un Masters 1000”. “Je n’ai encore jamais atteint les demi-finales de Grand Chelem. On va procéder étape par étape.” Goffin a pris part à la première édition de l’UTS, où il s’est incliné en demi-finale contre Stefanos Tsitsipas. Malgré quelques réserves, le meilleur joueur belge de l’histoire est inscrit pour jouer l’US Open. Et tenter d’aller plus loin que les huitièmes de finale, son meilleur résultat à Flushing Meadows.