L’œil du coach #34 : “Nadal et Djokovic ne simulent rien : ce sont des champions”
Dans l’oeil du coach #34, Patrick Mouratoglou écarte l’idée que Rafael Nadal et Novak Djokovic utilisent leurs blessures pour faire baisser la pression autour d’eux.
C’est le feuilleton de cet Open d’Australie : Rafael Nadal et Novak Djokovic sont blessés, respectivement au dos et à l’abdomen. Les questions qui entourent les deux premières têtes de série sont nombreuses : à quel point sont-ils blessés ? Cela va-t-il les empêcher de continuer ou de gagner ? Et dans quelle mesure ces faits inattendus leur servent-ils à amortir la pression ?
Dans sa première chronique L’œil du coach de l’Open d’Australie, Patrick Mouratoglou confirme que les deux hommes sont diminués. Leur jeu en porte l’empreinte. Mais il écarte d’un revers de la main l’idée que ces blessures soient aggravées ou simulées pour absorber la pression. En grand champions, ils n’en ont pas besoin.
“Si, comme il le pense, Novak souffre d’une déchirure, la suite de son tournoi m’inspire plus de doute que celle de Rafa, qui semble contrôler, affirme Patrick Mouratoglou dans l’oeil du coach.
Rafa a un souci au dos. Novak aux abdominaux. Ils savent l’un et l’autre que c’est une blessure, pas juste une douleur, et leur crainte est que ça empire.
On voit clairement Rafa chercher à écourter les échanges et à être agressif. On sent qu’il ne veut pas faire trop d’efforts et être sous pression. Son obsession est de contrôler l’échange, condition pour qu’il contrôle son corps.
On voit qu’il n’est pas à 100% et qu’il est dans une tentative de contrôle. Il sent que s’il est obligé de défendre et de solliciter la zone qui le gêne, sa blessure sera susceptible de s’aggraver.
Mentalement, jouer au tennis en pensant en permanence à maîtriser son corps et ses émotions pour ne pas attiser la douleur est un effort incroyable.
C’est pareil pour Novak, voire pire, car il est touché aux abdominaux et ce sont des muscles sollicités sur tous les coups.
La plupart des joueurs aiment faire savoir quand ils ont une douleur ça ou là, car ça fait baisser l’attente donc la pression. Mais là, on parle de champions et les champions ne fuient jamais la pression.
Les champions acceptent la pression, l’accueillent et apprennent à jouer avec.
Il ne faut pas confondre ce qui se passe à Melbourne, avec ces moments, qui peuvent arriver sur le circuit, où Novak est un peu sous pression et où il va tester le mental de son adversaire. Il est mené, il semble loin, voire résigné, et d’un coup, il est à nouveau au top.
C’est ce que j’appelle se mettre mode on/off, mais ça n’a rien à voir avec le fait de simuler une blessure ou de l’exagérer pour faire baisser l’attente. Novak et Rafa acceptent la pression. Ce sont des champions.”