“Les juges de ligne ne doivent pas être remplacés par le Hawk-Eye Live, ils font partie du spectacle”
Dans l’épisode 26 de Match Points, Josh Cohen a interrogé nos invités sur l’arbitrage électronique qui est de plus en plus utilisé en tournoi.
Au cours des derniers mois, et notamment en raison de la Covid-19, certains tournois de tennis ont décidé d’opter pour l’arbitrage électronique pour remplacer les juges de lignes et ainsi réduire le nombre de personnes présentes sur le court. Si des joueurs comme Novak Djokovic ont apprécié la précision des annonces, l’arbitrage électronique a suscité certaines critiques : une augmentation des coûts pour les tournois et la perte d’emplois pour les juges de ligne sur le circuit.
Rothenberg : “Les gens veulent voir les joueurs devenir fous de temps en temps”
Le journaliste Ben Rothenberg a affirmé que si l’arbitrage électronique se démocratise sur le circuit, cela ne plaira pas beaucoup aux fans, qui aiment lorsque les joueurs et les arbitres ont parfois des frictions concernant une annonce d’un juge de ligne. Il a d’ailleurs cité le plus célèbre des exemples, le « You cannot be serious » prononcé par John McEnroe à Wimbledon en 1981, lors d’une dispute avec un arbitre sur l’annonce d’une balle faute.
“John McEnroe, des années plus tard, a titré son livre « You cannot be serious ». Ce sont des moments emblématiques pour le sport. Je sais que ça enlève de la pression aux joueurs, ils se sentent plus détendus, mais je ne pense pas que ce soit une bonne chose pour les téléspectateurs. Je pense que les gens veulent voir les joueurs sous pression, et les voir souffrir et devenir fous de temps en temps. Je pense que c’est une chose positive.”
Bartoli : “Parfois, vous avez l’impression d’avoir été volé et il est très difficile de rebondir après cela”
En tant qu’ancienne joueuse professionnelle, Marion Bartoli sait à quel point il est difficile de se reconcentrer sur le jeu après une altercation avec l’arbitre concernant une balle annoncée bonne ou faute. Surtout sur terre battue où l’appréciation de la marque peut être différente entre le joueur et l’arbitre ou le juge de ligne. Et cela peut vite devenir frustrant.
“Du point de vue du joueur, vous aimez lorsque le Hawk-Eye Live est présent tout le temps, et spécialement sur terre battue où il y a eu tellement de débats. J’ai moi-même été sur le court et quand l’arbitre descend, et qu’il essaie de montrer la fin de la marque et que vous n’êtes pas d’accord avec lui, vous avez l’impression d’avoir été volé ou que le point devrait être à vous, et c’est très difficile de rebondir après ça. Nous l’avons vu avec Viktor Troicki, à Rome, lorsqu’il a pris la caméra du caméraman pour aller filmer lui-même la marque.”
Cambers : “Les tournois en général ne peuvent pas se le permettre”
Selon notre journaliste Simon Cambers, passer à un arbitre 100% électronique ne serait pas judicieux simplement parce que tous les tournois ne peuvent pas se le permettre, malgré des avantages évidents pour les joueurs.
“Du point de vue des joueurs, je peux tout à fait comprendre pourquoi ils aiment ça, parce que vous n’avez jamais à vous arrêter pendant un point. S’il y a une balle que vous pensez faute, vous continuez quand même à jouer parce que vous savez qu’elle est bonne. Mais je pense aussi qu’avoir le Hawk-Eye Live constamment enlève un peu de tension au jeu, et c’est ce que les gens aiment, les disputes, même le système actuel de challenge, avec trois challenges par set est une bonne chose. Les tournois en général ne peuvent se permettre d’avoir un arbitrage 100% électronique.”