Les Grands Chelems en deux sets gagnants : vont-ils oser faire ça ?
Match Points est une émission de débat de Tennis Majors, dirigée par Josh Cohen. Dans cet épisode, Marion Bartoli, Noah Rubin, et Ben Rothenberg débattent de la possibilité de jouer les matchs de Grands Chelems en deux sets gagnants.
A situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. Alors que la pandémie de coronavirus a chamboulé le calendrier, le tennis doit se réinventer. Jusqu’à voir plus loin que l’année 2020. Dès lors, faut-il continuer à jouer les rencontres de Grands Chelems au meilleur des trois sets ? Une idée qui vise à endiguer le côté soporifique des rencontres qui se dénouent en cinq sets, au bout d’éternelles heures de jeu.
Dans le dernier épisode de Match Points, Marion Bartoli, ancienne lauréate de Wimbledon, Noah Rubin, l’actuel 225e mondial (et créateur de Behind de Racquet), et le journaliste américain Ben Rothenberg, débattent de la possibilité de jouer les Grands Chelems en deux sets gagnants.
Ben Rothenberg a un avis tranché :
“C’est une très bonne idée pour 2020, on pourra voir pour la suite après. Actuellement, c’est le pire moment pour essayer de faire jouer les matchs en cinq sets. Pour plusieurs raisons. Les joueurs ne sont pas au top physiquement et mentalement après la quarantaine, la pandémie, et toutes ces choses étranges qui se passent. Ils sont sous-préparés.”
Rubin : “Physiquement, c’est trop demander”
Rothenberg voit aussi dans la volonté de jouer en trois sets gagnants une source de stress :
“Participer à un tournoi va être stressant. Etre dans une bulle, testé en permanence… L’ambiance générale sera stressante. Et le calendrier est tellement chargé ! Les joueurs vont devoir jouer des Masters la semaine avant un Grand Chelem. Si le calendrier suit son cours, il y aura le Masters de Cincinnati, juste avant l’US Open. D’habitude, il y a une semaine de pause. Et après, en Europe, il y aura Rome et Madrid sur deux semaines, avant Roland-Garros. Physiquement, c’est trop demander. Si vous voulez que ces tournois soient viables pour les hommes, ne les faites pas jouer en cinq sets.”
L’ancienne numéro 7 mondiale, Marion Bartoli, annonce de son côté que “à Roland-Garros, ça ne sera pas le cas.“
“Ils ont un argument que je trouve valable, explique-t-elle. Vous ne voulez pas qu’une tête de série sorte en étant battu 7-6, 7-6 face à un gros serveur. Votre tête de série est éliminée, et d’un coup, celui qui vend des tickets n’est plus là. Je suis partagée. Je sais que pour les joueurs, le corps va en prendre un coup. Mais si vous êtes l’US Open, que vous n’avez pas Nadal, pas Federer, que votre seule tête d’affiche est Djokovic et qu’elle se fait sortir dans les premiers tours, cela va être un problème. Il ne faut pas que cela change. Si quelqu’un gagne un Grand Chelem, il doit le faire comme ça a toujours été fait, et comme ça le sera toujours.”
Bartoli : “L’histoire du tennis, c’est cinq sets”
Une remarque qui ne plaît pas à Noah Rubin. L’Américain, 225e mondial, est du même avis que Rothenberg : le risque de blessure est trop important.
“J’ai regardé les joueurs dans les tournois d’exhibitions, souffle-t-il. Ils sont déjà blessés. Leurs corps ne sont pas prêts.” Le joueur pense “qu’à ce niveau”, jouer cinq sets serait “trop dur à encaisser.” “Je ne veux pas que des joueurs se blessent et soient absents pour la saison 2021 !”, conclue-t-il.
Ben Rothenberg voit même dans l’occasion de jouer des matchs en deux sets gagnants l’opportunité d’avoir “du sang neuf“, et un “nouveau champion“. “Il n’y a pas eu de nouveau vainqueur en Grand Chelem depuis 2014, c’est fou !“, poursuit-il.
Marion Bartoli n’est “pas du tout d’accord” avec le journaliste :
“Jouer un Grand Chelem, l’an prochain, en trois sets ? C’est complètement fou ! Les meilleurs matchs de l’histoire sont en cinq sets. Nadal-Djokovic en finale de l’Open d’Australie, Federer-Djokovic l’an dernier à Wimbledon, Federer-Nadal à Wimbledon 2008. Ce sont les meilleurs matchs jamais vus. L’histoire du tennis, c’est cinq sets.”