Débat : Verra-t-on à New-York des joueurs incapables de jouer en cinq sets ?
Match Points est une émission de débat de Tennis Majors, animée par Josh Cohen. Dans cet épisode, Marion Bartoli, Noah Rubin et Ben Rothenberg évoquent la possibilité de changer certaines règles pour prévenir le risque de blessures après le confinement.
“On devrait jouer au meilleur des sept sets et voir qui est le dernier à rester debout !” Un peu moqueur, l’actuel 225e mondial Noah Rubin grossit volontairement le trait pour parler d’une situation “ridicule”. Et de l’irrémédiable question qui entoure l’US Open : faut-il maintenir l’événement coûte que coûte ? Le Grand Chelem débute le 31 août. Et un premier cas positif, qui n’est pas un joueur, a été détecté dans la bulle de New York.
Dans le dernier épisode de Match Points animé par Josh Cohen, Marion Bartoli, ancienne lauréate de Wimbledon, Noah Rubin (créateur de Behind de Racquet), et le journaliste américain Ben Rothenberg élargissent le débat. Jusqu’à évoquer la possibilité de changer certaines règles pour le Grand Chelem et pour le reste de la saison, afin d’éviter les blessures. “Pas seulement les règles, mais aussi le fonctionnement, par précaution”, explique Cohen.
Jouer en cinq sets ?
Noah Rubin a un avis clair sur la question.
“Si ça doit rester au meilleur des cinq sets, il va y avoir des blessures et des joueurs qui déclarent forfait, explique-t-il. Les joueurs ne sont pas prêts. Jouer deux matchs d’affilée au meilleur des cinq manches, et pour les meilleurs, ne pas avoir leurs six physios avec eux, ce pourrait être dangereux. Je ne sais pas si ce sera possible. Je ne sais pas s’il est possible de changer cette règle avec les diffuseurs, mais ça devrait être au meilleur des trois sets pendant trois ou quatre tours. Et s’il faut revenir en cinq sets pour les demies et la finale, ok !”
De nombreux joueurs ont déjà annoncé leur forfait pour le Grand Chelem américain. Chez les filles, ce sont même six joueuses du top 8 qui ne se rendront pas à Flushing Meadows. Simona Halep a été la dernière a annoncer son retrait.
Souvent en désaccord avec Rubin, Bartoli se range derrière le joueur.
“Ce qu’il faut expliquer aux spectateurs, c’est que tu peux t’entraîner tant que tu veux, il est impossible de reproduire le stress d’un match, souligne Bartoli. Ton muscle peut se sentir prêt. Mais quand tu es sous pression, ton muscle doit travailler deux fois plus pour réaliser le même mouvement. D’autant plus parce que tu ne t’es pas retrouvé dans cette situation depuis près de six mois. Ton corps ne peut pas le supporter.”
Bartoli : “Ajouter 30 secondes à chaque changement de côté”
Bartoli prend en exemple le tournoi de Palerme, remporté début août par la Française Fiona Ferro. Certaines joueuses s’étaient retirées en raison d’une blessure musculaire. “Le corps n’a pas été soumis à ce stress depuis si longtemps qu’il n’est pas prêt, lance Bartoli. En particulier sur dur, où la pression est plus forte sur les articulations (le tournoi de Palerme se jouait sur terre battue). On doit réduire le format. Au moins pour les hommes (qui jouent en cinq sets). Je ne pense que ce soit nécessaire pour les femmes. On peut accorder davantage de pauses durant les matchs. Vous pouvez ajouter 30 secondes à chaque changement de côté. Le corps est de nouveau soumis à du stress et il faut s’adapter en conséquence.”
Le tennis de demain pourrait se dessiner aujourd’hui.