Un sprint ou un marathon ? L’UTS, c’est un peu les deux
Le format unique de l’Ultimate Tennis Showdowns (UTS), dont la dernière étape aura lieu ce week-end à Francfort avant la Grande Finale de Londres, emmène les joueurs à produire des efforts auxquels ils ne sont pas habitués.
On dit souvent que le tennis est un marathon, pas un sprint. Le format de score, notamment celui des cinq sets en Grand Chelem, autorise des temps morts durant un match, où tous les points et tous les jeux ne se valent pas. Au bout du compte, le vainqueur est celui qui remporte le dernier point du match.
A l’UTS, les choses sont différentes. Le système de score – quatre quatre-temps de huit minutes chacun, où chaque point vaut autant que le suivant – oblige les joueurs à être au top dès le premier point, et à y rester pendant huit minutes, quatre fois d’affilée. Pas de relâchement possible. L’UTS s’apparente ainsi à une sorte de course hybride, mi-sprint, mi-marathon, qui pose aux joueurs des problèmes très différents de ceux qu’ils connaissent habituellement sur le circuit. Et ils le ressentent, parfois durement.
“C’est très physique, extrêmement physique”, explique ainsi Stefanos Tsitsipas, alias “El Greco”. “Maintenant que je connais le format, je vais travailler en fonction mon cardio et ma condition avant de monter sur le court. Quelqu’un qui n’a pas le physique ou l’endurance pour répéter ce type d’efforts va probablement souffrir énormément avec ce format.”
Patrick Mouratoglou : “beaucoup plus d’echanges par rapport au tennis classique”
Quand Patrick Mouratoglou a co-fondé l’UTS en 2020 avec Alex Popyrin, le père du joueur australien Alexei, il l’a fait avec l’intention d’innover dans la manière de jouer au tennis, d’augmenter le rythme et le temps de jeu effectif, et ce dans le but que les fans en aient d’une certaine manière un peu plus pour leur argent.
“Un match UTS est beaucoup plus exigeant physiquement qu’un match de tennis ‘classique'”, explique ainsi le patron de l’académie éponyme. “C’est plus court, certes, mais cela ne pourrait de toutes façons pas être beaucoup plus long car le format est épuisant. Pourquoi ? C’est simple à comprendre : il y a beaucoup plus d’échanges par rapport au tennis classique, car il n’y a qu’une seule balle de service et beaucoup moins de temps pour récupérer entre les points (15 secondes, Ndlr). Cela va très vite. C’est comme une séance de cardio très intense pendant 47 minutes. Regardez les joueurs quand ils sortent du court après leur match : la souffrance est visible sur leur visage…”
Un veritable test sur le plan cardio
Alors que les joueurs sont contraints de servir des “premières secondes”, ce qu’ils font généralement à environ 75% de la vitesse de leur première habituelle, le service devient, en effet, beaucoup moins déterminant. Ce qui provoque l’augmentation du nombre d’échanges. De fait, le curseur est mis davantage sur la constance et la capacité de récupération pour le point suivant.
Lorsque Tsitsipas est revenu sur le circuit UTS en 2024, après une première participation en 2020, il a eu du mal à s’habituer à un rythme qu’il a trouvé plus rapide encore qu’au début. “Il y a même eu quelques fois où je me détestais d’être mort après cinq-six minutes de jeu”, a-t-il ainsi déclaré. “J’ai trouvé cela vraiment épuisant de devoir “cravacher” ainsi sur chaque point. Mais, en même temps, j’ai trouvé que c’était un excellent exercice sur le plan cardio. Car en fait, on est tout le temps en activité.”
Les matches UTS ne sont pas vraiment un marathon en termes de durée totale mais, pour certains joueurs, cela peut vraiment en donner l’impression. En témoigne cette phrase de Stefanos Tsitsipas, encore lui, lâchée aux commentateurs pendant une pause entre deux quarts-temps lors du dernier UTS de New York : “Ce n’est pas du tennis, c’est un marathon ! Regardez, je peux à peine parler. C’est du pur physique.”
Des rallyes entre quatre et huit coups de raquette en moyenne
Sur le circuit ATP, la plupart des points sont joués entre un et quatre coups de raquette, notamment sur surfaces rapides. “Bien souvent il s’agit d’un service ou d’un service gagnant”, souligne le patron de l’académie éponyme. “Quand on y pense, c’est extrêmement court. En se “débarrassant” de la première balle de service, cela entraîne un effort complètement différent. Les joueurs de tennis professionnels sont des athlètes incroyables, mais l’UTS leur demande de produire un effort auquel ils ne sont pas habitués. Les rallyes comptent entre quatre et huit coups de raquette en moyenne, avec un temps de récupération nettement réduit. C’est extrêmement exigeant.”
Bien sûr, un match UTS de 47 minutes (pauses comprises entre les quarts-temps) n’a pas le même impact sur le corps qu’un match en cinq sets en Grand Chelem. Récupérer d’un match de quatre heures, voire plus, à très haut niveau, c’est une autre affaire. Mais l’UTS propose un autre exercice : avec un temps de récupération minimal entre les points, et l’impossibilité de lâcher le moindre point – tous étant aussi important les uns que les autres -, le match se joue à une intensité qui fait rapidement monter en flèche le rythme cardiaque.
Laurent Raymond, qui entraînait le Français Corentin Moutet lorsque celui-ci avait remporté l’UTS 4 en 2021, avait été frappé par les poussées d’intensité très exigeantes du format. “Il y a moins de récupération entre les points et la pause n’intervient qu’au bout de huit minutes, ce qui est bien souvent plus long que la durée de deux jeux classiques”, faisait-il remarquer. “Il faut être prêt à mettre plus d’intensité et produire des efforts violents. Physiquement et psychologiquement, c’est très intense.”
Gaël Monfils, alias “La Monf”, vainqueur de l’UTS New York en août dernier, abondait dans le même sens en expliquant avoir besoin de toutes ses capacités physiques pour participer à un évènement UTS. “C’est dingue comme c’est intense. Parfois, après un long rallye, vous vous retrouvez à bout de souffle et vous devez enchaîner directement avec le point suivant. Ce n’est pas évident, il n’y a aucun temps mort. Mais c’est ça qui est bon, on aime tous la formule comme ça. Simplement, il faut se préparer. Cela demande une manière différente de s’entraîner.”
Ugo Humbert, “The Commander”, ne disait pas autre chose lorsqu’il a découvert la compétition en dernière minute, à New York, en remplacement de Nick Kyrgios, forfait. “C’est très fatigant, l’aspect physique est prépondérant à l’UTS”, avait-il expliqué. “Mais c’est une excellente manière de bosser le cardio.” Avec trois matches en trois jours prévus ce week-end lors de l’UTS de Francfort, , le Français se verra proposer une belle séance de préparation physique.