“Les fans doivent se dire : ‘Wow ! Je bondis de mon canapé toutes les 20 secondes'” : Entretien XXL avec Mouratoglou
Patrick Mouratoglou s’est confié en longueur avant le coup d’envoi de la quatrième édition de l’Ultimate Tennis Showdown ce lundi. Les nouvelles règles implantées dans le format, le futur du tennis, la nécessité de rajeunir le public : le co-créateur de l’UTS n’élude aucun sujet.
Patrick Mouratoglou, que nous réserve de nouveau cette saison 2 de l’UTS ?
De très belles choses. Vous serez surpris, positivement. Nous voulons rendre le spectacle de plus en plus excitant, donc nous avons décidé de supprimer le deuxième service, parce que nous ne voulons pas avoir trop d’aces et de services gagnants. C’est un peu ennuyeux. Nous voulons des rallyes et du spectacle.
Nous avons aussi pris le parti d’avoir un filet plus court, pas plus petit, mais plus court, pour encourager les coups qui le contournent. On en a vu quelques-uns dans le tennis, mais c’est extrêmement rare. En positionnant le filet exactement sur les lignes de côté, on donne aux joueurs cette opportunité.
Et des changements sur le processus de coaching ?
Par le passé, ça consistait simplement pour l’entraîneur à appuyer sur le buzzer et à avoir 30 secondes pour parler à son joueur pendant un temps mort. Nous voulons du coaching tout le temps, parce qu’il y a du temps entre les points et nous avons découvert que le temps au cours duquel la balle n’est pas en jeu dans le tennis classique représente 80 à 90% du temps, ce qui est incroyable. Nous nous sommes dit que si les temps creux pouvaient être excitants, ça peut être super. Ça peut être instructif, immersif, et c’est super.
Entre les points, les coachs seront sur le court et ils seront autorisés à coacher entre chaque point. Dans le tennis classique, rien ne se passe durant ce temps. Les gens restent dans leur routine. A l’UTS, ce sont des moments de coaching, l’entraîneur sera au bord du court, assis sur le banc, et il sera autorisé à parler à son joueur entre les points, à donner des consignes. Nous voulons une expérience immersive et grâce à ça nous comprendrons exactement quelles sont les stratégies des coachs avec leur joueur.
Vous semblez prendre du plaisir à vous démarquer du règlement du tennis…
J’aime casser les codes. Nous sommes une sorte de laboratoire. Nous créons un tennis plus excitant pour les jeunes générations et nous essayons de nouvelles choses, qui ont du sens selon nous. Je me suis toujours affranchi dès règles, mais il ne faut pas le dire comme ça. Je ne veux pas être agaçant, je le fais parce que je pense que le tennis doit séduire un public plus jeune, il faut faire différemment que le tennis classique. Nous observons les jeunes, ce qu’ils consomment, et nous créons un produit qui est du tennis, mais qui ressemble plus à ce qu’ils aiment.
Comment pensez-vous que les joueurs aborderont le fait de n’avoir plus qu’un service ?
C’est une excellente question. Je pense qu’il y a deux types de joueurs : ceux qui comptent beaucoup sur leur service et ceux qui considèrent que ce n’est pas l’un de leurs atouts. Ces derniers seront extrêmement heureux. Tu n’as qu’un service, mais ils s’en fichent. Ils mettent la balle dans le court et après ils commencent à courir, n’est-ce pas ? Et il y a les joueurs qui se reposent beaucoup sur leur service, et bien évidemment pour eux c’est plus compliqué, mais je pense que c’est impeccable pour eux, parce que ça va les faire travailler sur leurs frappes de fond de court. Ça va les pousser à progresser dans ce qu’ils maîtrisent moins et ce sera une bonne opportunité pour s’améliorer.
En tant qu’entraîneur, on fait toujours des exercices de ce style lors des séances d’entraînement. Nous créons des situations où nous leur disons qu’ils n’ont qu’un seul service, ou qu’ils doivent faire service-volée, ou qu’ils doivent réussir un coup gagnant pour avoir des points supplémentaires. C’est une manière de les pousser à faire des choses qu’ils ne font pas le reste du temps, quand ils jouent un match normal. Ça les aide à travailler des aspects de leur jeu, c’est exactement l’idée derrière les cartes. Elle est venue de ces situations que nous créons à l’entraînement.
En termes d’audience, il y aura des fans de tennis historiques et des nouveaux qui vont se mêler. Quel message voulez-vous faire passer aux fans traditionnels qui sont plus critiques à l’égard de l’UTS ?
Vous ne pouvez pas plaire à tout le monde. L’idée est en effet d’amener un nouveau public, de faire en sorte que le tennis soit un plus gros gâteau à partager pour chacun. Comme on le sait, le tennis est extrêmement populaire auprès des gens de plus de 40 ans. Les gens comme moi adorent le tennis, mais en-dessous de 40 ans, il n’y a pas autant de suiveurs. L’idée est simplement de leur proposer un produit qui est différent, pour s’assurer qu’ils l’apprécient et qu’ils s’y intéressant, puis qu’ils commencent à aimer le tennis dans sa globalité, parce que le tennis est une grande famille.
Pour répondre à votre question au sujet des fans traditionnels de tennis : beaucoup d’entre eux sont conservateurs, donc peut-être qu’ils n’aimeront pas. Mais l’idée est une chose, l’expérience en est une autre. J’espère qu’ils regarderont, je suis certain que si c’est le cas ils apprécieront, parce que ça reste du tennis et il y a beaucoup de choses qu’ils n’ont jamais vues. Peut-être qu’ils aimeront les deux formats, pour différentes raisons.
Tous ceux qui ne regardent pas le tennis, pourquoi nous n’allons pas les chercher ?
Patrick Mouratoglou
Vous parlez d’une grande famille, mais y a-t-il la crainte chez certains que l’UTS puisse tuer le tennis ?
On est à des années-lumière de tuer le tennis, c’est certain, mais certains peuvent voir l’UTS comme une menace. Je pense que c’est tout le contraire. Un fan de tennis comme moi, et tous ceux qui ont plus de quarante ans, et les nouveaux fans de tennis, nous aimerons le tennis pour toujours. Quand vous en tombez amoureux, c’est pour la vie. Mais d’un autre côté, tous ceux qui ne regardent pas le tennis, pourquoi nous n’allons pas les chercher ? Allons-les séduire ! Je pense qu’on est dans le même bateau. Tout le tennis, l’ATP, la WTA, les Grands Chelems, les juniors ou l’UTS : le gâteau doit grossir.
On doit amener de nouveaux fans, en pensant au long terme. Et deuxièmement, plus il y aura de fans, mieux ce sera pour tout le monde. L’UTS n’est pas contre ça, c’est un plus. Il faut réunir la jeune génération et les anciens, il y a un produit pour chacun. Plus le gâteau est gros mieux c’est, nous sommes tous d’accord avec ça.
Vous n’avez encore jamais coaché à l’UTS. Mais quelle serait votre carte préférée si vous le faisiez ?
Il y a deux types de cartes pour moi. Il y a des cartes qui donnent une chance supplémentaire, et il y en a d’autres qui offrent un énorme avantage, mais mettent énormément de pression en même temps. Vous devez vous assurer qu’ils puissent gérer cette pression. Par exemple, si je réussis un coup gagnant, j’engrange trois points, au lieu d’un. C’est un vrai plus, mais dans le même temps, à quel point ça ajoute de la pression de jouer le coup gagnant, quand tu es forcé de le tenter ?
Ce n’est pas comme quand tu as la balle pour jouer le coup gagnant, c’est un état d’esprit complètement différent. Tu dois connaître suffisamment bien ton joueur pour voir quelle est la meilleure carte pour lui, celle qu’ils peuvent bien négocier, parce que c’est inutile sinon. Ça peut même mener à une faute directe, donc c’est encore pire. Je dirais que c’est très dépendant du joueur. Qui est mon joueur ? Qu’aime-t-il faire, et comment il gère ce type de pression ?
Le cassage de raquette de Corentin Moutet mis à part, quelle était la réaction la plus surprenante venant d’un joueur à l’UTS ?
Premièrement, j’étais impressionné par le fait qu’ils avaient à ce point étudié le format. Tous les codes, toutes les règles, le règlement. Ils voulaient les comprendre à la perfection et jouer au mieux avec chaque règle. Ils ont compris que c’était un format très tactique et que les règles pouvaient vous amener un vrai avantage, donc ils arrivaient avec des idées incroyables comme : ‘Oh, si je fais ça à ce moment-là, ça va me donner un ascendant’, des choses que nous n’avions même pas anticipé. C’était vraiment incroyable, j’étais aussi étonné par le fait que certains d’entre eux ont vraiment adoré et m’ont dit : ‘Je peux venir avec toi auprès de l’ATP pour plaider la cause de l’UTS?’, alors que je n’avais rien demandé. Je me suis dit que c’était super.
Ça montre simplement à quel point ils sont attachés au format. Je suis très heureux que les joueurs l’aient adopté, ils ont le sentiment que c’est aussi à eux. Ils comprennent l’intérêt d’avoir un format adapté aux jeunes générations et aux profanes du tennis, poue les attirer, et ils sont excités. Ils veulent y revenir, certains appellent tout le temps : ‘Est-ce que je peux jouer ? Je ne l’ai jamais fait, mais je veux jouer.’ C’est très agréable et c’est une super expérience pour nous tous.
Une question très importante : Combien de raquettes pensez-vous que Corentin Moutet cassera cette semaine ?
Si j’étais son entraîneur, j’espérerais zéro. Mais en tant que Patrick Mouratoglou, 20 est un bon nombre.
Vous avez touché une nouvelle génération. Vous êtes un pionnier dans ce domaine avec l’Ultimate Tennis Showdown. En quoi c’est important pour vous d’amener une nouvelle génération à regarder le tennis, en particulier à travers les canaux de l’UTS ?
Pour plein de raisons. La première, c’est parce qu’ils sont jeunes, donc ce seront des fans pour les quarante, cinquante, soixante prochaines années. C’est le futur, les plus jeunes générations. Je pense que c’est très important pour tout sport de renouveler sa base de fans. Un sport qui ne le fait pas est un sport qui va mourir. Je ne pas si les gens le réalisent. Je sais que ce n’est pas très agréable à entendre. Je connais beaucoup de gens qui se mettent en colère quand je le dis, mais c’est un fait.
Nous savons que le tennis classique ne sera pas celui du futur.
Patrick Mouratoglou
Est-ce que ça vous inquiète ?
Bien sûr, je suis inquiet pour le tennis. J’adore le tennis, j’y ai dédié toute ma vie, depuis que j’ai quatre ans. Vous ne trouverez pas quelqu’un qui aime plus le tennis que moi. Oui, je suis inquiet que l’âge moyen du fan de tennis soit de 61 ans. Quand je vois que personne, ou presque personne, de moins de 40 ans ne regarde du tennis, y compris quand je parle à des joueurs. Je leur en ai parlé à tous, je n’en ai pas entendu un me dire qu’ils regardaient des matchs. Ils me disent tous : ‘Nous ne regardons jamais un match.’ Pourquoi ? ‘Parce que c’est trop long. Nous regardons les temps forts, des bouts de match.’ Alors ceux qui ne sont pas intéressés par le tennis au départ ? Aucune chance de les attirer. C’est un vrai défi et nous devons le relever parce que l’avenir de notre sport est en jeu.
D’une certaine manière, nous montrons un chemin, et si ça fonctionne, je suis certain que l’ATP et la WTA se diront que ça peut marcher. Peut-être qu’ils ne le feront pas dans un futur proche, parce qu’ils ne veulent pas décevoir les fans traditionnels, mais nous montrons un chemin pour l’avenir. Nous ne le voyons pas pour le moment, parce que nous savons que le tennis classique ne sera pas celui du futur. C’est le présent, c’était fantastique par le passé. Pour le futur, clairement pas. Donc quel est le chemin à suivre ? Quelqu’un doit l’ouvrir. Je ne dis pas que je le fais, je dis que j’ai créé quelque chose et nous allons faire des tests. Nous créons un laboratoire grandeur nature pour définir le format parfait pour nourrir les jeunes générations de ce qu’elles aiment et consomment. C’est ce que nous voulons.
En parlant de la jeune génération, vous avez accumulé plus de 2 000 posts sur Instagram. Nous savons à quel point vous êtes occupé avec l’UTS et l’Academy. Comment gérez-vous tout cela ?
D’abord j’ai une grande équipe, une super équipe. Ils font la plupart des posts, mais c’est évidemment lié à ce que je vis. Je suis juste entouré de gens qui filment ce que je fais tous les jours, même si je suis sur le terrain qu’il y ait une caméra ou pas. Mais quand il y a une caméra et quand nous pouvons capter des moments de coaching, les gens apprécient, parce qu’ils ont le sentiment que ça les aide d’un point de vue tennis, parce qu’ils en tirent des enseignements. C’est ce que nous faisons, et nous avons décidé d’en faire de plus en plus, parce c’est une excellente manière de se rapprocher des fans de tennis, des gens qui aiment le tennis et qui jouent au tennis.
Si les réseaux sociaux existent, et s’ils existent, c’est pour une raison. Si les gens aiment tant ça, c’est parce que ça répond à un besoin et nous pensons que c’est un super outil à utiliser. C’est vraiment une priorité pour nous.
Les jeunes vont vous qualifier d’influenceur…
C’est le terme qu’ils utilisent. J’aime bien ça.
Les jeunes pensionnaires de la Mouratoglou Academy s’exercent-ils au format UTS ?
Oui. Tout d’abord, nous avons créé une application parce que beaucoup de gens m’ont contacté après les premières éditions de l’UTS, pour me dire qu’ils propriétaires d’un club, ou coach dans un club, et que les jeunes jouaient au format UTS. Et je me suis dit : ‘Wow, c’est super. Donc pourquoi ne créons-nous pas un outil pour eux ?’ Et quand vous y pensez, quand vous êtes dans un club et que vous réservez un court pour jouer, vous avez 45 minutes ou une heure. C’est exactement la durée d’un match UTS, vous n’avez pas le temps de jouer un match entier, c’est injouable dans ce temps imparti.
Grâce à l’application, ils ont un compte-à-rebours, ils peuvent entrer le score. Ils ont les cartes, donc c’est un peu comme le grand écran que nous avons pendant un vrai match UTS, mais en plus petit. Nous avons aussi créé des sons, pour qu’ils entendent le temps et des choses comme ça. C’est la première chose que nous avons faite, et je pense que c’est une bonne idée d’avoir décidé à la Mouratoglou Academy d’organiser des matchs UTS toutes les semaines dans le cadre d’une compétition, parce que nous savons que les gamins adorent ça. Ils veulent y participer. C’est au programme des deux prochaines semaines, du mois à venir.
Vous parlez de l’évolution de l’UTS, c’est encore tout neuf. Comment l’envisagez-vous d’ici deux ans ? Où voulez-vous aller ?
Je pense qu’on se rapproche du format idéal, mais encore une fois, je ne suis personne pour le dire. Il n’y a que les fans qui ont la réponse à cette question. Nous faisons beaucoup de sondages. Nous observons ce qu’ils aiment, ce qu’ils n’aiment pas. J’ai aussi demandé des retours des chaînes de télévision, parce qu’ils ont beaucoup d’expérience sur la façon dont consomment les fans. Je parle aussi à des gens de l’industrie du tennis et je leur dis : ‘Ecoutez, c’est quelque chose que nous devons construire ensemble.’ C’est notre avenir. C’est ce que nous espérons, parce que si nous n’arrivons pas à attirer de nouveaux fans, nous serons tous en difficulté, et nous le savons tous.
Nous devons le construire ensemble, mais ça doit être tourné vers les fans. Les fans doivent se dire : ‘Wow ! Je ressens des émotions, je suis excité. Je bondis de mon canapé toutes les 20 secondes.’ C’est ce que nous voulons et donc je le vois de cette façon. Je veux plus d’engagement des fans. C’est vraiment quelque chose sur lequel nous devons progresser. Nous travaillons sur beaucoup de domaines en même temps, parce que nous commençons à avoir une idée très claire du produit final. Vous verrez aussi que la musique, et que les outils multimédia, tout doit ajouter à la tension. Je le vois comme un film. On ne sait pas ce qui va se passer à la fin.
Il y aura un très beau plateau de huit joueurs, avec deux Top 10. Mais quel est l’état de la relation entre Daniil Medvedev et la terre battue ? Sont-ils de nouveau amis ?
C’est super. Ça n’a pas encore commencé et nous avons déjà un super débat, et il va nous apporter la réponse en jouant. Je pense qu’il n’aime pas la terre, mais il sait qu’il doit apprendre, il a probablement identifié avec son équipe et son coach pourquoi il est à la peine sur la surface, ce sur quoi il a besoin de travailler. Il travaille là-dessus tous les jours, et pour lui, des matchs lui seront très utiles, même si ce n’est pas du tennis classique. Le fait que le service est moins primordial à l’UTS, ça va lui permettre de jouer plus de rallyes, donc je vois ça comme quelque chose positif pour lui, parce que je sens que c’est sur les échanges plus longs qu’il doit gagner en feeling.
Comment bouger ? Comment gérer les rallyes ? Comment les écourter ? Pour tous ces joueurs qui ne sont pas des spécialistes de terre battue ou ne sentent pas à l’aise dessus, le principal est de savoir comment ils peuvent y faire ce qu’ils font bien, comment adapter leurs forces à la terre battue. Si vous essayez de changer votre jeu, ça ne fonctionne pas, mais je pense qu’il ne va pas changer du tout son jeu. Je pense qu’il va simplement essayer de faire ce qu’il fait à la perfection sur dur et l’amener sur terre battue, et peut-être le faire encore mieux. Améliorer ses points forts, parce qu’il devra le faire, mais c’est excitant d’avoir le numéro 2 mondial mal à l’aise sur terre battue, dans un nouveau format. Il va aussi affronter les meilleurs spécialistes de terre battue, parce que nous en avons quelques-uns, ce sera passionnant à regarder.
Et nous sommes aussi très proches de Roland-Garros, avoir le N°2 ici mettra la lumière sur le tournoi…
Le plateau est incroyable. Nous avons eu la chance à l’UTS de pouvoir choisir les joueurs. Ce n’est pas qu’il n’y en a pas d’autres qui sont intéressés. Evidemment qu’il y en a d’autres, mais nous devions faire des choix. C’est très excitant d’avoir le numéro 2 mondial, en particulier Daniil, parce que j’aime le fait qu’il soit numéro 2 et son niveau, mais sa personnalité est aussi super. Ce qu’il avait fait après les matchs à l’US Open, c’est incroyable pour moi. Il est très authentique, et nous en manquons dans le tennis. C’est l’un des plus authentiques, donc je l’adore.
Et beaucoup de joueurs ont un super niveau de tennis, et une super personnalité. Fabio (Fognini), Corentin (Moutet), Alexander (Bublik) : vous ne savez jamais à quoi vous attendre avec eux. Tout peut se passer. C’est cool ! Pourquoi pensez-vous que dès que Fabio joue, dès que Benoît Paire joue, dès que Nick Kyrgios joue, les terrains sont toujours pleins ? Parce qu’il y a une atmosphère. Il peut se passer quelque chose à tout moment. Un coup de folie, une attitude qui sort du commun, et c’est sympa. Ça ne peut pas être que sérieux. Ça doit l’être un peu, mais il doit être aussi excitant pour d’autres raisons que simplement deux gars qui tapent dans une balle de tennis. Même si on adore regarder ça.
Que pensent les joueurs du coaching ? Parce que ça divise aussi l’opinion. Certains adorent, d’autres non. Mais le coaching à l’UTS est très important pour vous…
Le coaching joue un vrai rôle dans le sport. Si vous regardez tous les sports, le coaching est toujours mis en avant, pour différentes raisons. Premièrement, parce que vous pouvez en apprendre davantage sur l’aspect tactique. C’est tellement intéressant. Quand vous aimez le sport, vous voulez comprendre ce qu’il y a derrière les stratégies. Aussi vous apprenez à mieux connaître les joueurs, parce que vous les voyez interagir dans un moment d’émotion. Ça montre qui ils sont vraiment. C’est un moment où vous pouvez perdre un peu le contrôle. Il y a parfois un fort aspect émotionnel. Les gens disent : ‘Wow, tu entends un discours qui est fort’, et ça vous excite. Parfois il y a des tensions, donc c’est télévisuel. C’est ce qui arrive quand il y a du coaching permanent. C’est pourquoi c’est si important, et c’est pourquoi la plupart des sports en font un moment important
Le tennis, pour plein de raisons, et aussi parce que c’est très conservateur, est contre cela, en dehors de la WTA, qui a fait un grand pas en avant, et nous avons eu de grands moments de coaching, pas toujours certes. L’une des erreurs, je pense, c’est que la plupart des temps de coaching se produisent dans des langues différentes, donc personne ne comprend ce qu’il se dit. Si c’était toujours en anglais, je pense que nous aurions des moments de coaching bien plus passionnants.
Donc vous dites que des joueurs sont contre cela ? Je ne pense pas. Je pense que beaucoup de joueurs sont contre cette idée parce qu’ils se disent : ‘Je ne sais pas à quel point cela va m’aider en comparaison des autres’, et ils sont toujours effrayés à l’idée de perdre un avantage compétitif. Mais ils ont tous un coach, ils le payent, ils adorent interagir avec leur entraîneur, donc pourquoi ne voudraient-ils pas être coaché pendant un match ? Bien sûr qu’ils aiment ça, la plupart en tout cas, et je reprendrai Rafa, qui disant que les coachs sont payés tout l’année pour qu’ils puissent aider les joueurs à devenir meilleurs. Au moment où ils en ont le plus besoin, ils ne sont pas autorisés à parler. Ça n’a pas de sens !
Les joueurs se battent contre l’adversaire, mais aussi contre eux-mêmes. Ils mènent de combats durant chaque match.
Patrick Mouratoglou
Beaucoup d’échanges coach-joueur consistent pour l’entraîneur à dire : “Relax, souffle.” Qu’un entraîneur peut-il dire de spécifique qui pourrait réellement aider un joueur pendant un match ?
Il y a toujours deux niveaux pendant un match. Il n’y a pas beaucoup de temps. En général, vous avez 30 secondes, 20 même, parce qu’ils ne commencent pas à coacher à la seconde où le point se termine. Vous devez aller directement au coeur de votre message. Ça peut être un aspect tactique qu’ils ne voient pas et qui pourrait faire une grande différence. Ça peut être un point technique, mais ça peut aussi être sur le plan émotionnel, parce que nous savons à quel point le côté mental du tennis est important. Les joueurs se battent contre l’adversaire, mais aussi contre eux-mêmes. Ils mènent deux combats durant chaque match. Les coachs peuvent aider les joueurs à gérer leur propres émotions sur certains moments.
Pendant un moment de coaching sur le court, j’ai parfois dit exactement l’inverse de ce que je pensais tactiquement, parce que savais que ce serait utile mentalement. Par exemple, j’aurais dû lui demander d’être plus agressive, parce que c’était évident. Mais quand j’allais m’asseoir devant ma joueuse et que je voyais ses yeux emplis de stress, j’avais la sensation que si je lui disais d’être plus agressive dans ce moment de tension, ça allait être encore pire. Donc je disais : ‘Relax, prends ton temps, joue plus lentement’, même si je pensais qu’elle devait faire l’inverse. Et parce que je disais ça, ma joueuse de relâchait et devenait bien plus agressive, ce qui est fou. Tout est mental.
Quelles nouveautés de l’UTS attendaient vous avec le plus d’impatience ?
Je m’attends à du super coaching. J’étais très déçu avec l’ancien format de coaching que nous avions à l’UTS, parce que les entraîneurs devaient appuyer sur le buzzer et ils étaient jetés au milieu de l’arène. C’est comme ça qu’ils le ressentaient. Ils étaient effrayés et ils n’étaient pas bons, parce qu’ils n’en ont pas l’habitude. Pas sur le circuit ATP en tout cas, ils ne le font jamais. Je pense qu’en pouvant coacher entre chaque point, ils vont s’y habituer, et il y va y avoir de grands moments.
Et deuxièmement, parce que j’aime voir des coups incroyables, je pense que c’est ce que les gens aiment le plus dans le tennis, en plus des raquettes cassées, le filet plus court sera une super nouveauté. Ça donnera l’opportunité aux joueurs de contourner le filet quand ils sont poussés sur le côté, donc il peut y avoir des coups de folie.