US Open : Sinner – Medvedev, comme un air de finale avant l’heure
Jannik Sinner et Daniil Medvedev ont rendez-vous pour une place dans le dernier carré de l’US Open. Le vainqueur héritera du titre de grand favori pour soulever le trophée.
Une rivalité moins flashy, mais une rivalité quand même. Sinner – Medvedev, on est d’accord que ça ne provoque pas les mêmes frissons que Sinner – Alcaraz. Pas de duel entre le feu et la glace, ici. Qui a oublié leur mano a mano stratosphérique à New York en quarts en 2022 ? Mais tout de même, la finale de l’Open d’Australie cette année entre Sinner et Medvedev valait le coup d’oeil, et le drama de leur quart de finale à Wimbledon aussi. Que nous réserve leur quart de finale à New York ? Bien difficile à dire.
La bonne nouvelle est déjà que les deux joueurs arrivent à 100% de leurs moyens sur ce match, la hanche droite de Sinner semblant rentrée dans le rang. Il est en effet compliqué de tirer de grands enseignements de la défaite de Jannik Sinner à Wimbledon tant il a traîné sa crève pendant cinq sets. Mais, on l’a vu à Melbourne et on le constate dans le résultat de leurs duels (7-5 pour Medvedev), le n°1 mondial n’est pas très fan de la soupe de son rival. “Ce sera un match difficile avec beaucoup de longs échanges. Espérons voir du bon tennis“, a sobrement commenté le n°1 mondial.
Medvedev force sinner à cogiter et improviser
Sinner n’est que tempo et vitesse, ce qu’on a encore pu admirer lors de son triomphe à Cincinnati. Or Medvedev est le constant grain de sable dans sa machine. La tête de série n°5 non seulement défend son terrain comme personne malgré sa grande taille mais a en plus un jeu imprévisible et cette capacité qui rend l’autre fou à casser tous les rythmes. Medvedev force le jeu de Sinner à cogiter et à improviser et, ça, ce n’est pas naturel pour lui. Maintenant, Sinner a quand même refait beaucoup de son retard dans cette rivalité et peut compter sur une puissance de feu et une prise de balle précoce capable de trouer le mur adverse. Il a aussi une grande qualité de retour, et cette dernière sera sans doute encore cruciale dans le match à venir.
Ce que Sinner a surtout gagné au fil du temps, c’est une impressionnante solidité mentale et une plus grande solidité tactique. A Melbourne, il était mené deux sets à rien avant de conquérir son premier titre du Grand Chelem. A Wimbledon, pâle comme un linge et pas très solide sur ses grandes jambes, il a quand même fait durer ce match jusqu’au cinquième set. On a comme l’impression que, si ses idées sont claires, Sinner a résolu son équation Medvedev. L’Italien sait bien aussi qu’en l’absence de Carlos Alcaraz et Novak Djokovic, il a une voie potentiellement royale vers un deuxième titre du Grand Chelem. La motivation doit être aussi énorme que la pression de l’enjeu face à Medvedev. Encore plus alors qu’il traîne malgré tout les conséquences de ce double contrôle positif.
Mais Sinner n’est pas à l’abri de se faire retourner le cerveau par un Medvedev qui a déjà fait le coup une fois à New York. Il compte un titre à l’US Open (2021) et une finale (2023), ce qui lui donne plus d’expérience et de confiance dans ce tournoi que Sinner. Il a quand même joué au total cinq finales en Grand Chelem, ça compte. Suffisamment pour faire dérailler le train Sinner ? C’est la question.
Medvedev n’avait pas gagné un match en simple depuis Wimbledon et il n’a pas été beaucoup testé jusque-là à New York. “Je vais essayer de penser plus à Wimbledon qu’à l’Australie !”, a rigolé Medvedev. “On a le plus souvent eu des matches difficiles, on connaît parfaitement nos jeux respectifs et donc ça se joue toujours sur la façon dont on joue les points importants. Est-ce que je dois le surprendre à ces moments-là, ou pas… Je m’attends à un grand match et si je veux le gagner je devrais être à mon meilleur niveau.”
Il a l’air serein et au clair sur son jeu, ce qui le rend forcément encore plus dangereux. Il n’a pas toutes les clés de ce quart de finale dans la raquette, mais contrairement à la majorité des autres joueurs du circuit face à Sinner, il en possède quand même quelques unes. Et puis, c’est sa chance de montrer une nouvelle fois qu’il a de quoi perturber l’avènement de la nouvelle vague. Un tournoi du Grand Chelem sans Djokovic ni Alcaraz, c’est une énorme chance pour Medvedev aussi. S’il subit une panne de service ou de patience en revanche, il n’aura aucune chance. Comme dans leurs précédentes rencontres, Medvedev tentera d’entraîner un expert de la PlayStation dans un jeu d’échecs. Ce n’est pas le feu et la glace, mais ce n’est vraiment pas mal non plus.