L’US Open se dédouane : “Nous ne pouvions pas demander une exemption pour Djokovic”
Mis en cause par le joueur américain Tennys Sandgren de n’avoir rien fait pour tenter d’obtenir une exemption à Novak Djokovic, les organisateurs de l’US Open ont fait savoir à Tennis Majors qu’ils ne pouvaient, justement, rien faire.
Les organisateurs de US Open ont tenu à vite mettre les choses au point : non, ils ne pouvaient rien faire pour permettre à Novak Djokovic, privé d’entrer sur le territoire américain comme tous les résidents étrangers non vaccinés contre le Covid 19, d’obtenir une exemption et de pouvoir ainsi jouer leur Grand Chelem, prévu du 29 août au 11 septembre prochain.
Cette mise au point intervient au lendemain des propos de Tennys Sandgren, qui a vivement critiqué l’USTA (la Fédération américaine) et accusé l’US Open de n’avoir rien fait pour “tenter d’obtenir une exemption pour Novak”, comme l’a déclaré le joueur américain dans une interview accordée à l’Equipe.
Mais dans un e-mail envoyé à Tennis Majors ce vendredi, l’USTA nous a expliqué que la règle sur les exemptions avaient changé par rapport à la politique mise en place en 2020 et 2021, où Djokovic avait pu participer à l’US Open.
“Nous sommes restés en contact régulier avec plusieurs Départements du gouvernement fédéral, notamment celui de la Sécurité intérieure, des Douanes et Contrôles aux frontières ainsi que le Département d’Etat. A chaque fois, on nous a expliqué que le gouvernement n’examinait plus les demandes d’exemption émises par un tiers au nom de l’Intérêt National, écrit ainsi l’USTA dans cet email. Seules les demandes d’exemption émises à titre individuel peuvent être examinées.” Chose que le Serbe a sûrement faite, en vain. Tennis Majors l’a contacté, afin d’en avoir confirmation.
Sandgren critique les règles et l’hypocrisie ambiante
Sandgren, qui n’est pas vacciné non plus contre le Covid-19, a qualifié de “stupide” cette règle empêchant les étrangers non vaccinés d’entrer aux Etats-Unis, alors même que la plupart des restrictions sanitaires ont été levées sur l’ensemble du territoire.
“A l’USTA, ils n’ont même pas tenté d’obtenir une exemption pour Novak, s’est ainsi agacé dans l’Equipe l’ancien double quart de finaliste à l’Open d’Australie. Ces deux dernières années, ils ont tout fait pour que le tournoi ait lieu. L’US Open 2020 a été l’un des tournois les plus étranges de l’histoire. Pas de fans, tous les joueurs rassemblés dans un hôtel sans possibilité de sortir – si on mettait un pied à l’extérieur de la zone autorisée, on était exclu du tableau. C’était extrêmement strict. Les organisateurs étaient en contact permanent avec l’État de New York et les autorités sanitaires pour que le tournoi ait lieu. Et ils ont réussi. Ils se sont battus pour y parvenir. Mais là, pour Novak, leur discours c’est : ‘’On doit appliquer ce que nous dit le gouvernement, on ne peut rien faire.‘’ Ce n’est pas cohérent.”
Je sais qu’un joueur n’est pas plus important qu’un tournoi, mais ça valait le coup d’essayer, non ? Ça fait deux ans que l’US Open se bat pour avoir des exemptions.
Tennys Sandgren, dans l’Equipe
“Je sais qu’un joueur n’est pas plus important qu’un tournoi, mais ça valait le coup d’essayer, non ? Ça fait deux ans que l’US Open, et tous les tournois d’une manière générale, se battent pour avoir des exemptions, poursuit le désormais 427e mondial. Partout, on s’est battus pour des exemptions, pour mettre en place des mesures permettant aux tournois d’avoir lieu. Mais là, soudainement, on ne se bat plus parce qu’on s’en fout. Selon moi, on ne devrait pas s’en foutre.“
L’assouplissement des règles sanitaires aux Etats-Unis, début août, avaient redonné de l’espoir à Novak Djokovic et à tous ses fans qu’il puisse finalement participer à l’US Open et tenter de remporter un 22e titre du Grand Chelem, pour égaler ainsi le record de Rafael Nadal. En vain, donc.
Sandgren : « Peut-être que certains sont heureux que Novak ne soit pas dans le tableau”
Décidément très remonté, Sandgren poursuit en expliquant qu’il n’a pas été surpris que ces assouplissements sanitaires n’aient finalement rien changé au sort de Djokovic : “Je me suis dit que, peut-être, l’US Open et l’USTA utiliseraient cette information pour se battre ou faire appel. Que l’US Open n’ait pas son mot à dire ou ne puisse pas communiquer avec les autorités sanitaires pour participer aux prises de décision, c’est ridicule : c’est un événement absolument énorme pour l’État et la ville de New York. Ils ont de l’influence. Je ne sais pas si ça aurait suffi, on ne le saura jamais : ils n’ont même pas essayé !“
Selon le joueur américain, ce qui s’est passé en début d’année à Melbourne, où Novak Djokovic avait été expulsé du territoire, avait peut-être effrayé les organisateurs américains, soucieux de ne pas se retrouver dans une campagne de (mauvaise) presse similaire. Et il laisse entendre que le silence complaisant de la plupart des joueurs a pu également jouer un rôle.
“Beaucoup doivent penser que leur parole n’a aucune importance, mais c’est faux. Des gens nous écoutent. Peut-être que si de nombreux joueurs s’étaient exprimés pour que l’US Open se batte pour Novak, ça aurait fait une différence. Il n’y a qu’en prenant la parole que les choses peuvent évoluer. Et puis, peut-être que certains sont heureux que Novak ne soit pas dans le tableau. Disons que ceux qui ne disent rien, on imagine bien ce qu’ils en pensent. Les joueurs ne sont pas bêtes, ils savent ce qu’il se passe. À ce stade, soit ils pensent que leur voix ne compte pas, soit ils pensent avoir une meilleure chance de gagner le tournoi sans Novak. »