La folie Alcaraz continue : vainqueur d’un nouveau marathon contre Tiafoe, l’Espagnol rejoint Ruud en finale de l’US Open
Tombeur de Frances Tiafoe après un nouveau match dantesque (6-7⁶, 6-3, 6-1, 6-7⁵, 6-3), Carlos Alcaraz, 19 ans, s’est qualifié pour la finale de l’US Open. Sa première en Grand Chelem.
Ce n’est plus un stade de tennis. C’est un asile psychiatrique. Sur le terrain, dans les tribunes, les matchs, les points, les statistiques, les enjeux… La folie est partout dans cet US Open 2022. Après un troisième combat consécutif en cinq rounds ayant plongé le court Arthur-Ashe dans la démence, Carlos Alcaraz s’est imposé face à Frances Tiafoe. Victoire 6-7⁶, 6-3, 6-1, 6-7⁵, 6-3 en 4h19, pour atteindre sa première finale de Grand Chelem.
“Pour aller en finale de Grand Chelem, il faut donner tout ce qu’on a en nous”, a déclaré le vainqueur lors de l’interview sur le court. “Il faut se battre jusqu’au dernier point, peu importe si c’est pendant cinq heures, six heures, il faut tout donner. Frances (Tiafoe) a tout donné aussi… C’est incroyable.”
Plus jeune finaliste de Grand Chelem depuis Nadal en 2005
A 19 ans, le natif d’El Palmar est devenu le plus jeune joueur à se qualifier pour une finale de Majeur depuis le titre de Rafael Nadal à Roland-Garros en 2005. A Flushing Meadows, pour trouver trace d’une bouille de teenager moins âgée présente lors du dernier dimanche, il a fallu remonter jusqu’au sacre de Pete Sampras en 1990.
Plus dingue encore, l’issue du tableau masculin entre Carlos Alcaraz et Casper Ruud a été dessinée avec un double enjeu pour le vainqueur : ouvrir son palmarès en Grand Chelem et devenir numéro 1 mondial. En cas de succès, le protégé de Juan Carlos Ferrero serait alors le plus jeune roi de l’histoire du classement ATP, devant un Lleyton Hewitt couronné à 20 ans et 268 jours. Ruud serait, lui, le premier Norvégien.
Je peux apercevoir la place de numéro 1 mondial, mais en même temps elle est encore très loin.
Carlos Alcaraz
“Je peux apercevoir la place de numéro 1 mondial, mais en même temps elle est encore très loin”, a répondu l’actuel 4e de la hiérarchie planétaire au micro de Patrick McEnroe. “Il me reste un match, contre un joueur qui est à un niveau incroyable. Il mérite d’être en finale de Grand Chelem, et il a déjà joué celle Roland-Garros. Je vais devoir gérer les émotions d’une première finale de Majeur, mais je suis tellement heureux. Je vais profiter du moment, et on verra ce qu’il se passera.”
Avant de penser au futur, Alcaraz, en duo avec Tiafoe, a offert un spectacle insensé à un public new-yorkais transformé en volcan entrant brutalement en éruption après chaque point sismique. Et ils furent légion pour animer un scénario à rebondissements. Au cours d’un acte initial sans break, l’Espagnol a sauvé une balle de set sur son service, à 6-5, avant de s’incliner 8-6 au jeu décisif. En commençant et terminant celui-ci par une double faute.
Magistralement, Tiafoe a sauvé une balle de match dans le quatrième set
Imposant sa puissance dévastatrice à un 26e mondial ne parvenant généralement plus à le contrer où à dicter l’échange, le protégé de Juan Carlos Ferrero a ensuite posé sa main sur l’affrontement. Au point de mener 6-7⁶, 6-3, 6-1, 2-0 sans avoir perdu une seul fois son service. Mais le long fleuve tranquille a été perturbé de sérieux remous. Débreaké devant une foule en transe , Alcaraz a refait la différence pour mener 6-7⁶, 6-3, 6-1, 3-1, avant de perdre une seconde fois son engagement.
A 6-7⁶, 6-3, 6-1, 5-4 sur la mise en jeu adverse, le surnommé “Carlitos” s’est procuré une balle de match. En vain. Malgré tous ses efforts, il a vu cette première opportunité être effacée de façon magistrale par “Big Foe.” Quelques instants plus tard, il perdait un nouveau jeu décisif. Le deuxième dans cette partie, et le quatrième de suite après les deux contre Jannik Sinner en quart de finale. Tiafoe, lui, devenait le premier homme à remporter huit tie-breaks (sans en perdre un seul !) au cours d’un même US Open.
Alcaraz finalement trop fort pour un Tiafoe en panne de premières balles
Lors du dénouement, Alcaraz a su continuer à exploiter la panne de service de son opposant. Alors que celui-ci n’a passé que 33% de premières balles – 47% sur l’ensemble du match, en claquant tout de même 15 aces -, le prodige a réussi trois breaks supplémentaires en n’en concédant qu’un au tombeur de Rafael Nadal, Andrey Rublev ou encore Diego Schwartzman. Avec ce succès, il a porté son bilan en carrière dans les empoignades en cinq sets à huit victoires pour une seule défaite.
Après un nouveau défi relevé, en voici un de plus pour l’Espagnol : récupérer avant dimanche. Il a désormais disputé trois matchs consécutifs en cinq manches. Dont le deuxième plus long de l’histoire du tournoi et le plus tardif, terminé à 2h50 du matin contre Jannik Sinner, en plus de celui bouclé aux alentours de 2h20 face à Marin Čilić. Au total, il a passé 13h28 sur le court lors de ses trois dernières joutes. Ruud ? 8h56.
Alcaraz, comme Edberg ?
Avant le bolide Alcaraz au carburant semblant inépuisable, seuls deux hommes, dans l’ère Open, s’étaient qualifiés pour une finale de Grand Chelem dans la foulée de trois rencontres d’affilée en cinq manches. C’était déjà à New York. Avec Andre Agassi en 2005, et Stefan Edberg en 1992. L’Américain s’était incliné en finale, le Suédois avait soulevé le trophée.
Dimanche, Carlos Alcaraz jouera donc pour égaler Edberg dans ce domaine, remporter son premier titre du Grand Chelem, et devenir le plus jeune numéro 1 mondial de l’histoire. S’il y parvenait, même la camisole de force la plus grande et la plus résistante au monde ne pourrait contenir la folie qu’il viendrait d’accomplir.
L’autre demi-finale à l’US Open (Grand Chelem, USTA Billie Jean King National Tennis Center, dur, 40.560.000 USD) :
- Casper Ruud – Karen Khachanov (N.27) : 7-6 [5], 6-2, 5-7, 6-2