Le parcours de Djokovic, les affiches à suivre, les Français… : tout ce qu’il faut savoir sur le tirage messieurs de l’US Open
L’US Open 2021 sera un tournoi pour l’histoire ou ne sera pas. Son tirage au sort a eu lieu ce jeudi. Voici le tableau hommes passé au peigne fin.
Novak Djokovic contre le reste du monde. L’US Open 2021, qui sera aussi le premier tournoi du Grand Chelem disputé dans des conditions “normales” depuis l’Open d’Australie 2020, se résume un peu à cette situation binaire.
Le Serbe, vainqueur des trois premiers tournois majeurs de la saison, va tenter de devenir le troisième joueur de l’histoire à décrocher le Grand Chelem après Donald Budge en 1938 et Rod Laver en 1962 et 1969. C’est peu dire qu’il aura la lumière des projecteurs braqués sur lui tout au long d’un parcours qui, victorieux, lui permettrait également de dépasser Roger Federer et Rafael Nadal au palmarès des joueurs les plus titrés.
A tout seigneur, tout honneur : le N°1 mondial a été placé tout en haut du tableau, dans une partie où l’on retrouvera Alexander Zverev, invaincu au mois d’août, qu’il pourrait retrouver en demi-finale. En bas du tableau, on retrouvera évidemment le N° 2 mondial Daniil Medvedev, autre homme fort du mois d’août, et Stefanos Tsitsipas, le finaliste de Roland-Garros.
Au milieu du patron et de ce trio de challengers très ambitieux, pléthore d’aspirants qui seront là pour tout sauf pour faire de la figuration. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le tirage au sort de cet US Open 2021 qui s’annonce historique, à plus d’un titre.
Les affiches notables du premier tour :
Murray-Tsitsipas, sortez le pop-corn
• Andy Murray – Stefanos Tsitsipas (N° 3)
Si l’on ne devait en choisir qu’une, ce serait probablement celle-là. Murray-Tsitsipas, c’est pour nous l’affiche la plus passionnante de ce premier tour.
Sur la durée, Murray n’arrive plus à retrouver le niveau qu’il avait avant sa blessure à la hanche. Mais, par séquences, il lui arrive de retrouver la flamme. S’il y parvient contre Tsitsipas, ça pourrait être très compliqué pour ce dernier. Dans le cas contraire, ce sera une autoroute pour le Grec, et peut-être un pas de plus vers la retraite pour le Britannique.
Quoi qu’il en soit, ce sera intrigant. D’autant que les deux hommes ne se sont jamais joués.
• Roberto Bautista Agut (N° 18) – Nick Kyrgios
Vous pouvez bien mettre Nick Kyrgios face à n’importe qui, ce sera toujours une forme d’événement. Mais contre Roberto Bautista Agut, qui est à peu près son exact contraire sur le circuit – pas de frasques, pas de coups d’éclat, mais une régularité métronomique -, ça devient franchement excitant !
Le souci est qu’on a des doutes sur l’état physique de l’Australien, forfait à Winston-Salem en raison d’une blessure à genou. Mais avec lui, on peut toujours s’attendre à tout. Quoi qu’il en soit, on a surtout envie de le voir jouer, enfin, qui plus est face à une valeur aussi sûre. Histoire de voir où les deux joueurs en sont.
• Richard Gasquet – Daniil Medvedev (N°2)
Les tirages au sort en Grand Chelem, c’est pas trop ça pour Richard Gasquet cette année. Après avoir affronté Rafael Nadal au deuxième tour à Roland-Garros puis Roger Federer au même stade à Wimbledon, le Biterrois va cette fois se frotter d’entrée à du très lourd : Daniil Medvedev, le numéro 2 mondial, finaliste en 2019, et toujours l’un des joueurs les plus “hot” du monde sur dur extérieur.
Pas un cadeau, mais on va prendre le problème à l’envers et considérer que ça n’est pas un cadeau non plus pour Medvedev, face à un Gasquet qui rejoue plutôt pas mal. Disons-nous que le vainqueur, quoi qu’il arrive, parlera français.
• Alexander Zverev (N°4) – Sam Querrey
Après son titre olympique à Tokyo suivi de son sacre à Cincinnati, Zverev, invaincu sur dur cet été, s’est imposé comme l’un des favoris “bis” de l’US Open. Mais il n’aurait possiblement pas pu hériter d’un premier tour plus piégeux.
Certes, à l’inverse de Zverev, Querrey n’a pas gagné un match sur dur de l’été. Mais il a toujours sa force de frappe pour lui. Jouer un Américain chez lui, gros serveur, sur des courts annoncés rapides, ça n’est pas un cadeau…
A Zverev de montrer qu’il n’est plus homme à tomber dans ce genre de piège.
• Carlos Alcaraz – Cameron Norrie (N°26)
L’un des ” “Next Next Gen ” les plus prometteurs contre l’une des révélations de la saison. Le ténébreux cogneur droitier contre le délicat gaucher au teint clair, aux forces pas toujours évidentes à voir sur le terrain, mais bel et bien réelles !
Oui, ce premier tour nous intrigue, pour tout un tas de raison. On sent le match long, musclé, éminemment tactique. Et puis, c’est possiblement pour jouer un Français (Arthur Rinderknech) au tour suivant.
Les premiers tours des Français
- Corentin Moutet – Stefano Travaglia
- Jérémy Chardy – Matteo Berretini (N°6)
- Lucas Pouille – Albert Ramos-Vinolas
- Gaël Monfils (N°17) – Federico Coria
- Ugo Humbert (N°23) – Peter Gojowczyk
- Benoît Paire – Dusan Lajovic
- Arthur Rinderknech – Miomir Kekmanovic
- Pierre-Hugues Herbert – Adrian Mannarino
- Jo-Wilfried Tsonga – Casper Ruud (N° 8)
- Gilles Simon – Alejandro Davidovich Fokina (N° 29)
- Richard Gasquet – Daniil Medvedev (N°2)
Le plus corsé, on en a parlé, est celui de Richard Gasquet. Mais dans la série “je n’ai pas de chances avec mes tirages en Grand Chelem”, Jérémy Chardy, qui a hérité de Matteo Berrettini (après Djokovic en Australie et Tsitsipas à Roland-Garros), se pose là. Pas de réussite non plus pour Jo-Wilfried Tsonga : pour son retour, le Manceau, qui n’a pas joué depuis Wimbledon, affrontera Casper Ruud, l’un des hommes les plus en forme du moment.
Très attendu après son “revival” nord-américain, Gaël Monfils, lui, a une entrée en matière a priori plus délicate contre Federico Coria, tout comme Ugo Humbert face à Peter Gojowczyk (pour éventuellement retrouver Benoît Paire au deuxième tour). C’est “jouable” pour tout le monde par ailleurs.
A noter un choc franco-français : celui entre Pierre-Hugues Herbert et Adrian Mannarino. Encore faut-il que ce dernier, blessé au genou à Wimbledon et toujours pas revenu depuis, soit sur le court…
Les affiches qu’on aimerait voir en première semaine : Paire-Humbert, on signe où ?
• Novak Djokovic (N°1) – Kei Nishikori au 3e tour
On n’écrira pas que ce serait le premier gros test pour le Serbe, tant Nishikori, face auquel il reste sur 16 victoires d’affilée, dont une expéditive récemment aux Jeux de Tokyo (6-2, 6-0), fait partie de ses souffre-douleurs préférés. Mais malgré tout, après deux premiers tours a priori confortables (quoique Struff peut être pénible), ce 3e tour face au Japonais marquerait, d’une manière ou d’une autre, le début des choses sérieuses pour le n°1 mondial. Et on a hâte de le voir face aux premières difficultés.
• Alexander Zverev (N°4) – Lucas Pouille au 2e tour
Déjà, cela voudrait dire que le Français a passé un tour, ce qui ne lui est plus arrivé en Grand Chjelem depuis l’US Open 2019. Et puis, ça ferait du bien de le voir s’étalonner face à un cador, pour voir un peu où il en est vraiment. Et qui sait, si les sensations reviennent au bon moment, face à un Zverev un peu tendu, avec les souvenirs de son exploit ici-même face à Nadal en 2016… On peut rêver, non ?
• Gaël Monfils (N°17) – Jannik Sinner (N°13) au 3e tour
Avec son récent regain de forme et de joie de jouer, on se prend à croire à nouveau en une épopée du N°1 français à New York. Et cela passerait par un duel de générations contre Jannik Sinner au 3e tour. Un match qui sent bon la castagne, la night-session et le pop-corn ! On est sûr que Monfils adorerait. Et nous aussi…
•Reilly Opelka – Lorenzo Musetti au 2e tour
Difficile de faire une opposition de styles plus marquée… Entre la “brute” américaine, beaucoup plus raffiné qu’il ne le laisse supposer avec son physique sciemment négligé, et l’orfèvre italien, qui a un peu marqué le pas après son magnifique Roland-Garros, il y a à peu près tout ce que le tennis a de beau et de grand à nous offrir. En l’état actuel des choses, Opelka partirait favori, mais on veut voir…
• Casper Ruud (N°8) – Alejandro Davidovich Fokina (N°29) au 3e tour
Souvenez-vous Roland-Garros… Ces deux éminents représentants de la Next Gen s’étaient livrés à un match complètement fou, peut-être le plus beau de l’édition du Grand Chelem parisien. L’Espagnol avait créé la surprise, avant de s’éclipser un peu depuis, à l’inverse du Norvégien qui a encore pris de l’épaisseur. Si vous cherchez une illustration parfaite d’un duel entre le feu et la glace, ne cherchez plus : regardez ce match, s’il a lieu.
• Daniil Medvedev (N°2) – Marin Cilic au 3e tour
Les deux hommes partagent un certain nombre de points communs, à commencer par leur taille (1,98 m) et leur capacité à bien bouger pour des quasi double-mètres. Ils ont aussi tous les deux brillé à l’US Open, où le Croate s’est imposé à la surprise générale en 2014, et où le Russe n’était pas loin de le faire en 2019, poussant Rafael Nadal au cinquième set dans une finale dantesque. Les voir tous deux s’affronter à un stade aussi précoce du tournoi, ce serait un peu incongru. Mais forcément intrigant.
Le tableau théorique de Novak Djokovic
- 1er tour : Holger Rune
- 2e tour : Jan-Lennard Struff
- 3e tour : David Goffin
- 8e de finale : Alex de Minaur
- 1/4 de finale : Matteo Berrettini
- 1/2 finale : Alexander Zverev
- Finale : Daniil Medvedev
Novak Djokovic a hérité d’un tableau en pente douce, où les difficultés semblent aller crescendo, ce qui, nous direz-vous, est une forme de lapalissade en Grand Chelem. On aurait bien cité Struff ou Goffin comme dangers possibles aux 2e et 3e tours mais le n°1 mondial a battu l’Allemand six fois sur six sans ménagement, tandis que le Belge semble un peu hors de forme. Difficile de penser aussi qu’un Alex de Minaur, qu’il n’a jamais joué, puisse réellement être un danger pour lui en huitièmes, si l’Australien arrive jusque là.
Non, pour le Serbe, les choses sérieuses commencent a priori à partir des quarts. Là, il pourrait retrouver Matteo Berrettini pour une revanche de la finale de Wimbledon. Puis Alexander Zverev, qui vient de mettre fin à ses rêves olympiques. Et enfin une finale face à Daniil Medvedev, théoriquement le (deuxième) plus gros client sur dur, même s’il n’avait pas existé en finale de l’Open d’Australie.
Mais le plus gros adversaire pour Djokovic, on le sait bien, ce sera avant tout lui-même : dans quel état de forme sera-t-il vraiment, alors qu’il est sorti des Jeux Olympiques complètement exténué (voire blessé) et n’a plus disputé le moindre tournoi depuis ? Mystère…
Les quarts de finale théoriques : la Next Gen à l’assaut du grand huit ?
• Novak Djokovic (N°1) – Matteo Berrettini (N°6)
La revanche de la finale de Wimbledon (et du quart de finale de Roland-Garros), deux matches où Berrettini avait su prendre un set à Djokovic – le premier à Londres, le troisième à Paris – avant de s’incliner sur la durée face à l’inoxydable N°1 mondial.
Touché physiquement à Wimbledon, l’Italien, qui avait atteint les demi-finales à New York en 2019 (face à Nadal) a dû ensuite s’absenter une partie de l’été et rien n’indique qu’il sera au rendez-vous. Pas plus que Djokovic cela dit, qui est finalement un peu dans le même cas.
Mais le Serbe a davantage l’habitude de gérer ces longs tunnels sans match. Il serait, forcément, le grand favori de ce quart de finale du haut de tableau.
• Alexander Zverev (N°4) – Denis Shapovalov (N°7)
Les deux joueurs sont sur une trajectoire pour le moins opposée : si Zverev n’a plus perdu un match depuis sa défaite en huitièmes de finale à Wimbledon (contre Felix Auger-Aliassime), Denis Shapovalov, lui, n’en a plus gagné un depuis sa demi-finale à Londres !
Comme les deux (jeunes) hommes ne sont pas toujours les plus faciles à suivre, cela ne préfigure pas forcément d’un duel à sens unique en faveur de l’Allemand. Surtout que Shapovalov avait très bien joué, déjà, l’an dernier à l’US Open, en atteignant les quarts de finale.
Mais Zverev, globalement, offre un peu plus de garanties. S’il arrive jusque là, c’est qu’il aura plutôt bien géré les fortes attentes qui pèsent sur lui sur ce tournoi dont il est, rappelons-le, le finaliste sortant.
• Stefanos Tsitsipas (N°3) – Andrey Rublev (n°5)
Un duel entre deux des plus forts représentants Next Gen, c’est bien souvent l’assurance d’un gros spectacle ! On l’a vu à Cincinnati, où le “mini Big Four”, également constitué de Daniil Medvedev et Alexander Zverev, s’était retrouvé pour des demi-finales à sensations.
Les Rublev-Tsitsipas dérogent rarement à la règle, avec souvent des matches serrés dans le passé, notamment à l’US Open où ils s’étaient affrontés dès le 1er tour en 2019 (victoire de Rublev en quatre sets serrés).
D’une façon générale, le Russe a les meilleurs souvenirs à New York, où il avait atteint les quarts en 2017 à 19 ans, alors que le Grec n’a jamais atteint la deuxième semaine. Mais ce dernier, néanmoins, paraît aujourd’hui un peu plus saignant dans les grands rendez-vous. A voir…
•Daniil Medvedev (N°2) – Casper Ruud (N°8)
Sur le papier, ce serait le duel le plus “déséquilibré” des quarts de finale entre le grand spécialiste du dur extérieur, Daniil Medvedev, et celui qui commence tout juste à se sentir à l’aisr sur cette surface, Casper Ruud, catalogué (peut-être un peu vite) comme un pur spécialiste de terre battue.
On sait que la vérité du terrain se fiche en général pas mal de ce genres de certitudes établies. Malgré tout, à ce stade, on peut penser que ce serait une grosse contre-performance pour Medvedev de s’incliner à ce stade contre son comparse de la Next Gen. Verdict dans moins de deux semaines…