Tsitsipas : “Je ne suis en rien le joueur que j’étais”
Stefanos Tsitsipas est dans l’impasse et il cogite. Sa défaite d’entrée à l’US Open n’a forcément pas arrangé sa situation.
Rien ne va plus pour Stefanos Tsitsipas. Mais il reste le sentiment que le Grec avait besoin de prendre ce mur pour réagir. Cette défaite face à Thanasi Kokkinakis au premier tour de l’US Open pourrait bien être ce mur, alors que l’actuel 11e joueur mondial est dans la nostalgie de sa grandeur passée.
“Je ne suis en rien le joueur que j’étais”, a-t-il confié à la presse après sa défaite. Plus jeune, j’avais une telle intensité sur le court et l’impression que ma vie dépendait de chaque match. Tout s’est atténué et mon niveau de régularité a aussi décliné. Je me souviens que ma concentration était au sommet à l’époque mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. J’ai besoin de retrouver cette faim que j’avais parce que ça donnait beaucoup de joie à mon tennis. Je ne sais pas pourquoi ça a baissé comme ça depuis deux mois, ou même j’ai envie de dire un an ou deux. Je suppose que j’ai juste réussi à mieux le cacher et à mieux faire avec.”
Evidemment, Tsitsipas arrivait à New York dans les pires conditions possibles après cet énorme coup de gueule contre son père au Montréal suivi d’un remaniement qui a vu ce dernier quitté le rôle de coach. Les soucis du duo père – fils des Tsitsipas ne datent pas d’hier, mais ils avaient été plus moins bien masqués et gérés grâce aux bons résultats du fils. Cette saison, impossible de faire l’autruche : la machine est cassée pour de bon.
Dans une des salles de conférence annexe et entouré seulement d’une poignée de reporters, Stefanos Tsitsipas a enfin admis ce que tout le monde a vu depuis des mois et ce que les résultats disent : son niveau de jeu est en chute libre. Monte-Carlo, Barcelone et même ce quart de finale à Roland-Garros ont plus ressemblé à de brillantes exceptions qu’à un renouveau. Sa balle ne gicle plus en coup droit, son service ne mord plus, ses plans de jeu sont vus et revus, son intensité a décliné. Pourquoi ? Comment ? Tsitsipas cherche des réponses. On a envie de dire : enfin.
“Franchement, je ne sais pas. Je ne suis pas un expert, je ne suis pas un psychologue ou un psychiatre, mais j’ai eu ces discussions déjà avec certaines personnes et je pense vraiment que je fais une sorte de long burn-out. Je ressens ça depuis le début de l’année. L’impression aussi que c’est le style de burn-out qui, que vous preniez une pause ou pas, reste là parce que c’est trop tard. C’est quelque chose qui ne me lâche pas, que je joue ou pas.”
A 26 ans, l’ex n°3 mondial et double finaliste en Grand Chelem (Roland-Garros 2021, Open d’Australie 2023), est en train de sérieusement décrocher du wagon de tête des années à venir conduit par Carlos Alcaraz et Jannik Sinner. Il a même raté celui pris par Daniil Medvedev afin de conquérir ce Majeur. Il a toujours, sur le papier, tout pour lui mais le chantier pour passer la dernière marche semble beaucoup plus grand qu’avant.
“Ce qui me pose le plus de soucis en ce moment, c’est de rentrer dans cette dynamique de victoires et de régularité dans les derniers tours des grands tournois comme les Masters 1000. Je me souviens combien je me sentais fort quand j’étais capable de reproduire ça chaque semaine. En ce moment, je suis beaucoup trop loin de ce niveau pour y parvenir. Je dois déjà retrouver le chemin de la victoire. Sur ce match (face à Kokkinakis), j’ai trouvé de bonnes stratégies, de bonnes approches au filet et j’étais agressif, je prenais mes chances, mais je n’ai plus cette solidité qui permet de ne pas avoir à autant se démener parce qu’on fait tout un peu mieux.”
Stefanos Tsitsipas n’en est qu’au début d’une saine et salvatrice remise en question. Espérons que cette fois il ne lâche pas en route.