Le “Cosmic Tennis” a 10 ans : la nuit où Djokovic est devenu un géant contre Nadal à l’US Open
La carrière de Novak Djokovic a basculé en 2011, avec en point d’orgue une finale d’anthologie remportée contre Rafael Nadal à l’US Open. Simon Cambers vous ramène dix ans en carrière, à l’apogée du “Cosmic tennis” du Serbe.
Cela semble impensable aujourd’hui. Mais en 2011, Novak Djokovic n’avait jamais battu Rafael Nadal dans une finale. Il avait perdu leurs cinq confrontations à ce stade de la compétition, y compris celle à l’US Open 2010.
Son titre en Coupe Davis avec la Serbie en 2010 a changé son état d’esprit et sa victoire contre Nadal à Wimbledon en 2011 a tout changé, le propulsant à la première place mondiale et asseyant davantage sa domination sur l’Espagnol, avec sa sixième victoire en six finales contre Nadal cette année-là.
A l’époque, Nadal estimait qu’il serait difficile pour Djokovic de se maintenir à ce niveau. Mais il avait tort. Deux mois plus tard, il était battu en quatre sets par le Serbe, dans un match qui a marqué les esprits et les rétines.
Après quatre heures et dix minutes d’un tennis splendide, Djokovic s’imposait en finale de l’US Open 2011 (6-2, 6-4, 6-7, 6-1), résistant à tout ce que Nadal lui proposait, les deux hommes s’engageant dans des rallyes de 20 ou 30 frappes et laissant bouche bée les spectateurs – et les journalistes comme moi – massés dans le Arthur-Ashe.
Nadal a tout tenté, mais ce Djokovic repoussait les limites de l’imagination
C’était l’un de ses matchs où vous en arrivez presque à vous marrer, tant certains coups dépassent l’entendement, en y ajoutant en plus la grandeur du moment.
Nadal, qui avait battu Djokovic en finale en 2010, grâce en partie à un service plus puissant flashé à près de 210km/h, a bien débuté et a breaké d’entrée pour mener 2-0.
Mais c’était une fausse piste. A chaque fois qu’il pensait mettre Djokovic dans une position de faiblesse, le Serbe étirait ses membres dans des positions jusque-là inimaginable et réussissait quelque chose de spectaculaire. Exactement comme il venait de le faire en demi-finale, en sauvant deux balles de match pour vaincre Roger Federer, pour la deuxième année consécutive.
Djokovic a empoché six jeux de suite pour gagner le premier set. Mais Nadal, touché, a immédiatement breaké pour mener 2-0 dans le deuxième. Après un troisième jeu épique, le Serbe a débreaké et mené 4-2, avant que Nadal ne débreak à son tour pour revenir à 4-4. Mais Djokovic a remis un coup de collier pour prendre deux manches d’avance.
Dos au mur, Nadal a mis tout ce qu’il avait dans la bataille. Cela a semblé d’abord vain, quand Djokovic a breaké pour mener 3-2 et après avoir été rejoint, l’a refait pour mener 6-5 et se retrouver à servir pour le match.
Djokovic et le Grand Chelem calendaire : “Je ne veux pas dire que ce n’est pas possible”
A partir de cet instant, le public a basculé dans la folie, comme s’il ne parvenait à croire le niveau de tennis qui lui était proposé. Les cris sont encore montés en intensité quand Nadal a débreaké, puis a gagné le tie-break. Les témoins privilégiés de cette rencontre en voulaient encore.
Djokovic a paru touché, son dos nécessitant un traitement. Mais le Djokovic de 2011 était très différent de celui des années précédents. C’était une force indestructible, indéboulonnable, et cette fois-là, rien ne pouvait aller à son encontre.
Il a remporté le quatrième set en déroulant pour accrocher son premier titre à l’US Open à son palmarès. Nadal ne pouvait que constater ce qui venait de lui arriver, même si comme à son habitude, il essayait de retenir le positif.
“Il fait moins d’erreurs qu’avant, reconnaissait-il après la finale. A mon sens, c’est la seule différence. Il a suffisamment de confiance à tout moment pour croire qu’il peut toujours frappe une balle de plus, une balle. C’est pour ça qu’il est si dominant. Je rentre en Espagne plus heureux qu’après la finale de Wimbledon, parce qu’après ça, je pense que je suis sur le bon chemin pour essayer de le battre. Après Wimbledon, je n’avais pas cette impression.”
Djokovic estimait qu’il avait disputé “vraiment un super match du début à la fin”. Et déjà à l’époque, l’idée qu’un jour il puisse gagner les quatre tournois du Grand Chelem sur une année civile naviguait dans sa tête.
“Je ne veux pas dire que ce n’est possible. Ça l’est. Tout est possible. Mais quand même, c’est une mission tellement difficile que de gagner les quatre titres en un an. Combien de joueurs l’ont fait dans toute l’histoire ?”
La réponse, chez les hommes, c’est deux : Don Budge en 1938, et Rod Laver en 1962 puis en 1969. Dix ans après ce tournant dans sa carrière, Djokovic n’est plus qu’à une victoire d’un exploit encore plus grand.