Raducanu : “Mon vol de retour était réservé pour la fin des qualifications”
Emma Raducanu n’envisageait pas de faire un si beau parcours à l’US Open, où elle est devenue la première joueuse issue des qualifications à rejoindre les demi-finales. Mais la Britannique garde les pieds sur terre et s’attache à la méthode qui lui a réussi jusqu’à maintenant à New York.
US Open 2021, demi-finale | Raducanu – Sakkari (17) | Jeudi, 2h30 approx.
C’est la tendance dans cet US Open 2021 : des joueuses pas encore majeures selon la loi américaine qui déjouent les pronostics et font comme si c’était normal. Emma Raducanu, comme Leylah Fernandez, est qualifiée pour sa première demi-finale de Grand Chelem. Son jeu a beau être létal, c’est son calme qui impressionne encore davantage.
Raducanu a trouvé le moyen de se défaire de Belinda Bencic mercredi, et d’écrire l’histoire, avec une concentration bluffante et des nerfs d’acier. Comme si rien ne pouvait la priver de la victoire.
“Je suis tellement heureuse d’avoir pu m’en sortir”, s’est réjouie la Britannique en conférence de presse après sa qualification pour le dernier carré. “Belinda est une telle adversaire, elle est championne olympique, ce qui l’un des plus grands événements sportifs. C’est une super joueuse, et je savais que ce serait un match extrêmement difficile. Il m’a fallu m’ajuster au début pour m’habituer à sa vitesse de balle, à son agressivité. Une fois que je me suis ajustée, je me suis installée. Je n’ai pas précipité les choses. J’ai trouvé le moyen de gagner, mais c’est très difficile d’affronter une joueuse d’un si haut niveau.”
Une fois que je me suis ajustée, je me suis installée. Je n’ai pas précipité les choses.
Emma Raducanu
Rien ne paraît si compliqué pour Raducanu depuis le début du tournoi, c’est la preuve qu’elle bluffe très bien. La future numéro 1 britannique à compter de lundi – ce dont elle n’avait aucune idée avant qu’un journaliste ne lui dise mercredi, aux alentours de la 50e place – donne une leçon quand il est question de garder la tête au jeu à New York. Exactement comme Fernandez, elle refuse de prêter à attention ou de se laisser bercer par la “hype”. Elle reste dans sa routine et a pour mantra cette phrase qui est le cauchemar de tous journalistes sportifs à travers le monde : elle prend match après match.
Raducanu : “Peut-être la dernière fois sur le Arthur-Ashe, donc autant y aller à fond”
“Je vis au jour le jour. Quand vous jouez des tournois, vous vous mettez en pilote automatique pour gérer vos routines, avec la récupération sur le jour de repos entre les matchs. Je ne m’attendais pas du tout à être ici. Je crois que mon vol de retour était réservé pour la fin des qualifications, c’est un bon problème à avoir. (sourire) J’en profite, tout simplement. Sur le court aujourd’hui, je me disais : ‘ça pourrait être la dernière fois que tu joues sur le Arthur-Ashe, donc autant y aller à fond et profiter au maximum.'”
“Disons que j’ai l’envie de gagner chaque match, donc je ne veux pas me projeter trop loin, parce que j’aime vivre au jour le jour. Si je m’occupe de ce que je peux contrôler, ça me donnera les meilleures chances de réussir. Jusqu’à maintenant, je pense que ça a bien fonctionné pour moi. Ça m’a amené jusqu’ici et je ne vais rien changer.”
Raducanu n’a que 18 ans, mais parle comme celle qui a déjà compris qui elle était : suivre son propre chemin, sans jalouser ses rivales. Elle connait Fernandez depuis les U12, par exemple, et est heureuse de voir la Canadienne briller. Elle a même partagé avec son aînée des cupcakes pour célébrer les 19 ans de Fernandez. “Je pense que se comparer et comparer ses résultats avec quiconque, ce n’est pas sain. Chacun suit son chemin. Ça montre simplement que si tu crois en toi, tout est possible.”
Aucune idée de ses records
Mais tout le monde se demande comment elle fait pour rester si calme même si elle n’a pour ainsi dire aucune expérience à ce niveau. Raducanu n’est plus qu’à deux victoires de son premier titre en Grand Chelem et elle donne le sentiment que c’est déjà une évidence pour elle. Sa réponse claque comme une évidence : elle a été élevée ainsi.
“La sérénité et la force mentale viennent de mon éducation. Je pense que mes parents m’ont tous deux inculqué dès le plus jeune âge d’avoir une attitude positive sur le terrain, parce que quand j’étais plus jeune, il était hors de question pour moi d’y aller si je ne me comportais pas bien. J’ai vraiment retenu cette leçon et ça m’a suivie jusqu’à maintenant.”
“Quand vous servez pour le match dans un stade si grand, pour vous qualifier pour votre première demi-finale, vous avez vraiment besoin d’un peu de calme pour ne pas trembler, surtout quand j’étais à 0-30, pour simplement repartir de zéro et me focaliser sur ce que je peux contrôler. Je savais exactement les schémas sur lesquels j’allais jouer et j’étais très concentrée, dans l’instant, sans me projeter sur la suite.”
Raducanu n’a aucune idée des records qu’elle a établis à l’US Open, pas plus qu’elle n’a lair de s’en soucier. “Je ne suis pas ici pour chasser les records pour l’instant. Je me concentre sur ce que je peux faire et sur le match à venir. En dehors du court, je suis assez détendue. Je ne stresse pas vraiment sur quoi que ce soit. Je me fais confiance et tout se joue dans la tête au bout du compte.”
Raducanu semble ne jamais se tromper à New York cette année. Elle a même commencé à glisser sur dur, ce dont elle était incapable auparavant, peu importe à quel point elle le voulait. “Physiquement, je dirais que je ne suis pas encore développée à 100%, mais ma vitesse et ma capacité à aller chercher certaines balles m’ont vraiment surprise. J’ai commencé à glisser, ce que je ne savais pas que je pouvais faire, et je le fais sans le savoir maintenant.” Naturellement. Comme tout ce que fait Raducanu.