Emma Raducanu, le rêve américain “sans aucune pression”
Tombeuse de Leylah Fernandez (6-4 6-3) en finale de l’US Open, Emma Raducanu, 18 ans et 150e mondiale, a vécu un rêve absolu à New York.
“C’est un rêve absolu.”
A 18 ans, Emma Raducanu a vécu un US Open onirique. 150e mondiale à l’entame du tournoi, elle est devenue la première personne de l’histoire – hommes et femmes confondues – à atteindre la finale d’un Majeur, d’abord, puis le gagner en étant passée par les qualifications. Même dans ses songes les plus fous remontant à l’époque des nattes et du cartable, elle n’avait sans doute jamais écrit un scénario aussi dingue.
“Très jeune, je me suis imaginée monter dans le box, embrasser tout le monde, célébrer”, a-t-elle confié en conférence de presse. “C’est une chose à laquelle j’ai toujours pensée, on travaille pour ça. J’ai commencé à m’imaginer ça quand j’étais encore une petite fille. J’ai toujours rêvé de gagner un titre du Grand Chelem.” Pour en faire une réalité, il a fallu ce petit “truc” supplémentaire, propre aux championnes et champions.
“C’est quelque chose qu’on dit (quand on est enfant) : ‘Je veux gagner un tournoi du Grand Chelem'”, a-t-elle poursuivi. “Mais j’ai vraiment eu la croyance de pouvoir le faire. Et j’y suis arrivée. Je n’arrive pas à y croire !” Première femme britannique sacrée en Majeur depuis Virginia Wade à Wimbledon en 1977, Emma Raducanu a repris le flambeau sous les yeux de sa prestigieuse aînée, présente en tribune.
“Je ne ressens absolument aucune pression”
Emma Raducanu
“C’est une légende absolue”, a déclaré Raducanu. “Elle a eu tellement de grands résultats (trois titres du Grand Chelem en simple, quatre en double dames). J’étais super honorée qu’elle ait regardé mon match.” Pas de quoi, néanmoins, lui faire peser un poids supplémentaire sur les épaules. “Je ne ressens absolument aucune pression. Je n’ai que 18 ans, je prends tout ce qui me vient avec insouciance. C’est comme ça que j’ai abordé chaque match.”
“Mon plus grand triomphe, c’est la façon dont j’ai réussi à ne penser à rien d’autre qu’à mon plan de jeu”, a-t-elle expliqué au sujet de sa finale contre Leylah Fernandez. “Je ne me suis concentrée uniquement sur ce qui se passait sur le court, sur le jeu, comme d’habitude. C’est ce dont je suis le plus fière. Je pense que c’est probablement la chose la plus importante qui m’a aidée à gagner ce titre.”
Même l’interruption forcée – à un moment de très haute tension : 6-4, 5-3 et 30-40 sur son service – pour une pause médicale suite à une chute ne l’a pas perturbée. “En fait, je ne voulais pas m’arrêter, j’avais peur que ça casse mon rythme”, a-t-elle détaillé. “Mais je n’étais pas autorisée à continuer parce que mon genou saignais. L’arbitre m’a dit que j’avais besoin d’être soignée tout de suite. Ces trois minutes d’interruption n’ont pas été faciles. J’ai juste essayé de réfléchir à mes schémas de jeu et ce que j’allais faire. Je pense que j’ai vraiment réussi à sortir les coups qu’il fallait (pour conclure le match dans la foulée) quand j’en ai eu besoin.”
“Tout au long du tournoi, j’ai été capable d’en mettre encore plus quand j’en avais vraiment besoin”
Emma Raducanu
Chose qu’elle a su faire tout au long de son épopée en faisant vivre un cauchemar à ses adversaires : 20 manches disputées, 20 manches remportées. La plus accrochée sur le plan du score ? Un 7-5 contre Bolkvadze au deuxième tour des qualifications. “Même si je n’ai pas lâché un set, j’ai dû faire face à beaucoup d’adversité”, a-t-elle toutefois tempéré. “Plusieurs fois, ça a été compliqué. Avec de longs jeux aux nombreuses égalités. J’ai réussi à sortir gagnante de ces moments importants. C’est ce que je pense avoir très bien fait tout au long du tournoi : être capable d’en mettre encore peu plus quand j’en avais vraiment besoin.”
Une confiance en ses capacités qu’elle a pu construire sur les bases posées à Wimbledon. Là où, invitée et 338e de la hiérarchie planétaire, elle avait atteint les huitièmes de finale pour son premier évènement d’une telle importance. “C’était une expérience incroyable, un super résultat, mais j’avais encore faim”, a-t-elle répondu devant la presse. “Puis, pendant la tournée américaine, j’ai vraiment gagné en confiance, mon jeu et mes frappes ont progressé. Être capable de réussir les coups que j’ai pu produire sur les points cruciaux, c’est le résultat de tout ce que j’ai appris lors des cinq dernières semaines.”
Désormais, à l’instar, par exemple, d’une Jelena Ostapenko après son sacre surprise à Roland-Garros en 2017, Emma Raducanu va être attendue, surveillée à chacune de ses apparitions. Mais pour l’instant, elle ne s’en soucie guère. Elle savoure. “Je ne pense pas du tout à tout ça”, a-t-elle déclaré. “Je ne sais même pas ce que je vais faire demain (dimanche). Je suis juste en train d’essayer de vraiment profiter du moment, et en tirer tout ce que je peux. Je pense que c’est le moment de ne faire aucun plan. Là, tout de suite, je ne me soucie de rien, j’aime juste la vie (sourire).”
Une vie dont elle a fait un rêve, en faisant de ses rêves une réalité.